République tchèque : les raisons d’un incroyable retour sur le devant de la scène

Par Aurélien Macedo
4 min.
Les Tchèques célèbrent le but de Tomáš Holeš @Maxppp

Rentrée dans le rang alors qu'elle était l'une des meilleures formations européennes à la fin des années 1990 et au début des années 2000, la République Tchèque (également appelée Tchéquie désormais) est peu à peu rentrée dans le rang après la fin de la génération composée de Pavel Nedvěd, Vladimír Šmicer, Karel Poborský ou encore Jan Koller. Pourtant, cet Euro 2020 sonne la révolte avec en point d'orgue cette victoire 2-0 contre les Pays-Bas.

«Il me font douter ces Tchèques». Voici ce qu'a dû se dire Frank de Boer au bon souvenir d'Avi Assouly, le désormais ex-sélectionneur des Pays-Bas, lorsque son équipe était incapable de trouver les bons décalages lors des 45 premières minutes. Plombés ensuite par un carton rouge de Matthijs de Ligt, les Oranjes ont craqué avec des buts de Tomáš Holeš (68e) et Patrik Schick (80e). Si ce fait de jeu est bien entendu dans toutes les têtes, cela ne doit pas pour autant faire oublier tout le travail réalisé par la Tchéquie. En effet, les hommes de Jaroslav Šilhavý récoltent les fruits de plusieurs années de travail acharné et une nouvelle génération est en train d'émerger. Triple tenant en titre du championnat tchèque, le Slavia Prague n'y est pas étranger.

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L'inspiration du Slavia Prague

C'est simple, sur les 26 joueurs qui constituent la liste de la Tchéquie, ils sont 5 à évoluer au Slavia Prague et 12 à y avoir évolué. Alors certes, ils n'y ont pas tous joué en même temps, mais l'empreinte d'un club avec une identité aussi forte se fait clairement ressentir. Le sélectionneur Jaroslav Šilhavý en est même l'ancien coach et a su s'appuyer sur le travail de son successeur au Slavia Prague Jindřich Trpišovský. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si les deux formations evoluent dans un 4-2-3-1 bien huilé sans véritable numéro 10. Que ce soit Nicolae Stanciu au Slavia Prague ou Vladimir Darida avec la Tchéquie, le meneur de jeu est davantage positionné en tant que milieu relayeur avancé. Un poste qui rappelle par exemple celui de Donny van de Beek à l'Ajax Amsterdam en 2019. Le jeu tchèque est en revanche bien différent que celui des Godenzonen.

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Comme au Slavia Prague, les latéraux Pavel Kaderabek (ou Jan Boril) et Vladimir Coufal réalisent l'essuie-glace et sont indispensables dans l'animation offensive. Les ailiers (Lukas Masopust et Jakub Jankto ainsi que Petr Ševčík le premier remplaçant) reviennent souvent dans l'axe afin de laisser le couloir au latéral ou alors ils restent sur le côté pour combiner et amener des centres dans la surface. Une liberté offensive permise par le double pivot composé par Tomáš Souček et Tomáš Holeš. Ce dernier qui sort d'une saison pleine au Slavia Prague a soufflé la place de titulaire à Alex Král (très bon au Spartak Moscou) et impressionne. Buteur contre les Pays-Bas, Tomáš Holeš a un gros abattage et s'est fixé à ce poste de sentinelle alors qu'il est latéral droit à la base. Dans la lignée de sa saison en club, il se montre très complémentaire avec Tomáš Souček. Brillant à West Ham, ce dernier a un rôle légèrement différent puisqu'il se projette moins qu'en club et assure avant tout l'équilibre.

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Un collectif uni autour de Jaroslav Šilhavý

Huilée tactiquement, cette équipe de Tchéquie ne se repose pas sur ses individualités. Elle le pourrait puisque Patrik Schick est le deuxième meilleur buteur de l'Euro (4 buts) et que Tomáš Souček est l'un des meilleurs milieux de terrain de Premier League, mais cela serait au détriment du collectif. Remplaçant l'autoritaire Karel Jarolim sur le banc de la Tchéquie, Jaroslav Šilhavý a apporté de la joie et un vrai esprit de groupe. Le 13 octobre pour son premier match à la tête de l'équipe, il s'était imposé 2-1 contre la Slovaquie. Une victoire dont les coulisses sont assez étonnantes. «J'ai permis aux joueurs de boire une bière le premier soir, bien sûr avec modération. Nous nous sommes assis avant le match contre la Slovaquie, avons bu une bière et parlé», expliquait-il alors. Énormément dans l'affect et la psychologie, le sélectionneur a redressé une sélection qui avait multiplié les échecs depuis l'Euro 2012 (quarts de finale).

De nouveau dans le top 8 européen, la Tchéquie ne compte pas s'arrêter là et vise le dernier carré. Une performance pas atteinte depuis l'Euro 2004 et une défaite malheureuse en prolongations contre la Grèce (1-0). Prochain obstacle, le Danemark, une équipe redoutée par le sélectionneur : «nous étions les outsiders et nous sommes arrivés là. Je crois que si nous continuons à miser sur notre force collective, nous pouvons aller plus loin. Mais j'ai peur que ce soit beaucoup plus difficile contre le Danemark. Après leurs moments tragiques du premier match (le malaise cardiaque de Christian Eriksen ndlr), ils ont réussi à remonter la pente et se sont mis à gagner. Je pense que ce sera un match très difficile, mais nous avons le temps d'analyser leur jeu et nous allons nous battre pour franchir un tour de plus.» Si la mission s'annonce compliquée, rien ne semble impossible pour ces Tchèques qui risquent encore d'en faire douter plus d'un.

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