Serie A

Naples : la fête tourne au cauchemar après le Scudetto !

La nuit de célébration à Naples, marquant le quatrième Scudetto du club, a viré au chaos : un blessé grave, des dizaines d’hospitalisations, des interpellations et une arme saisie. Ce bilan dramatique jette une ombre sur la fête et rappelle la fragilité des rassemblements populaires non maîtrisés. Alors que Paris s’interroge sur l’opportunité d’une grande parade en cas de victoire du PSG en Ligue des champions, les images napolitaines résonnent comme un avertissement. Entre scènes de liesse et débordements, Naples devient l’exemple redouté que craignent désormais toutes les grandes villes européennes. Paris rêvait d’une fête, Naples lui rappelle le cauchemar…

Par Valentin Feuillette
6 min.
Naples fête @Maxppp

Le multiplex décisif entre l’Inter Milan et Naples lors de la dernière journée de Serie A a tenu toutes ses promesses, scellant un Scudetto historique pour les Napolitains. Tandis que Naples affrontait Cagliari au Stadio Diego Armando Maradona, les regards étaient aussi braqués sur San Siro, où l’Inter recevait Como, surprenant outsider de la saison. La tension était palpable : en cas de faux pas du Napoli, l’Inter, à deux points seulement, pouvait encore espérer coiffer le titre au poteau. Mais les Partenopei ont scellé leur quatrième Scudetto en s’imposant (2-0) contre Cagliari au Stadio Diego Armando Maradona. Sous la houlette d’Antonio Conte, les Napolitains ont livré un match solide et sans trembler, porté par un collectif bien rodé et une tension palpable. Scott McTominay, l’un des hommes forts de la saison, a ouvert le score, avant que Romelu Lukaku ne double la mise en seconde période, libérant les tribunes et scellant définitivement un titre historique. Le plan de jeu de Conte, rigoureux et pragmatique, a contenu sans difficulté une équipe de Cagliari dépassée par l’enjeu.

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Dans le même temps, l’Inter Milan faisait sa part du travail en s’imposant aussi (0-2) à Como. Mais ce succès restait insuffisant : avec un point d’avance conservé jusqu’au bout, le Napoli restait hors d’atteinte. Ce quatrième titre de champion d’Italie, attendu depuis la victoire de 2023, confirme le renouveau du club sous la direction de Conte et réaffirme la place de Naples dans l’élite du football européen. Dans les tribunes comme dans les rues de la ville, la fête a explosé, illustrant l’attachement viscéral du peuple napolitain à son club. Ce Scudetto couronne une saison exceptionnelle, marquée par la constance, la jeunesse et un football offensif retrouvé. Dans tout le Mezzogiorno, la liesse s’est propagée, Naples renouant avec une fierté populaire unique. Mais cette joie démesurée allait aussi, malheureusement, virer à l’excès quelques heures plus tard dans les rues de la ville…

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Le terrible bilan des festivités

Les festivités marquant le quatrième Scudetto du Napoli ont été ternies par une série d’incidents violents survenus dans le centre de Naples, notamment aux abords de la Piazza Volturno. Un jeune citoyen belge de 27 ans a été poignardé à la jambe, tandis qu’une centaine de personnes ont été admises à l’hôpital pour des blessures résultant de bagarres, de l’explosion de pétards artisanaux ou d’accidents de foule. Les forces de l’ordre, fortement mobilisées jusqu’à l’aube, ont procédé à plusieurs interventions, dont l’arrestation de deux mineurs surpris en possession de six engins explosifs de type Kobra, pour un poids total de 280 grammes. Le personnel de l’unité de déminage du commandement provincial de Naples est intervenu sur place et a sécurisé la zone. Les personnes arrêtées ont été transférées respectivement au centre de justice de Colli Aminei et en résidence surveillée en attendant leur procès. On dénombre également une dizaine de braquages, pour le même nombre d’agressions durant la nuit. Dans un autre incident, un influenceur de 26 ans suivi par plus de 220 000 personnes sur TikTok a été interpellé après avoir tenté de franchir une zone à circulation restreinte à scooter avec deux passagers. Au cours de sa fuite, il a jeté un revolver chargé dans un jardin public. L’arme, dont le numéro de série avait été effacé, a été saisie pour analyses balistiques, et le suspect a été écroué. Par ailleurs, deux autres individus, âgés de 59 et 32 ans, ont été signalés pour avoir tenté de forcer un barrage sur la Via Acton. La Piazza del Gesù a également été vandalisée, tout comme la Piazza Volturno.

Malgré l’élan de liesse populaire, ces débordements ont jeté une ombre sur des célébrations initialement festives. Triste ironie : les scènes de chaos à Naples offrent, malgré elles, un argument en or aux éternels rabat-joie qui affirment que « toute fête finit mal ». Ceux-là mêmes qui refusent toute célébration populaire au nom de l’ordre public peuvent désormais brandir les images de pétards artisanaux, de blessés évacués en urgence et de jeunes armés en scooter à 1 200 kilomètres pour clore un débat parisien. Et c’est précisément ce qui est injuste. Car une ville comme Paris mérite de vibrer si son club atteint le sommet de l’Europe. Une célébration bien organisée, sécurisée, encadrée, n’a rien d’utopique : elle est possible, souhaitable même, dans un pays qui prétend aimer le sport et ses émotions. Mais les événements de Naples viennent tristement renforcer les voix qui confondent fête et dérapage, foule et violence, passion et désordre. Au final, ce sont les pires esprits qui trouvent confirmation… au pire moment.

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Quand Naples saborde la fête du PSG avant même le coup d’envoi…

La nuit de chaos survenue à Naples après le sacre du Napoli pourrait bien peser dans la balance à Paris, alors que le PSG et ses supporters rêvent d’une parade triomphale en cas de victoire contre l’Inter Milan en finale de la Ligue des Champions samedi. Le lourd bilan napolitain a rappelé à quel point les célébrations spontanées peuvent rapidement dégénérer, même dans un contexte de ferveur populaire. Ces débordements viennent ainsi illustrer les craintes formulées depuis plusieurs semaines par la préfecture de police de Paris et renforcent leur posture de prudence. En Italie, comme potentiellement en France, la liesse peut tourner au désordre, et les images de Naples font désormais office de cas d’école. À Paris, le contexte est déjà tendu. En mai, lors de la qualification du PSG en finale, les Champs-Élysées ont été le théâtre de violences, de feux de poubelles et de dizaines d’interpellations.

La préfecture, échaudée par les précédents – notamment les scènes d’émeutes lors du Trocadéro en 2013 après le titre de champion de France du PSG – redoute que le succès en Ligue des Champions n’entraîne des débordements à grande échelle, surtout dans un climat sécuritaire tendu. Un bras de fer s’est déjà engagé entre le club, qui souhaite une parade digne des grandes équipes européennes, et les autorités parisiennes : la Mairie de Paris serait disposée à organiser une célébration encadrée, mais la préfecture oppose pour l’instant une fin de non-recevoir à toute manifestation publique dans l’espace urbain. En ce sens, les événements tragiques de Naples renforcent l’argumentaire sécuritaire : ils montrent comment des centaines de milliers de personnes, unies par la passion du football, peuvent, en l’absence de dispositif strictement maîtrisé, générer une situation hors de contrôle. Face à cela, les autorités françaises pourraient imposer une solution de repli – comme une cérémonie au Parc des Princes ou une réception privée – pour concilier fierté sportive et impératif d’ordre public. Car à Paris, comme à Naples, la frontière entre fête populaire et chaos urbain n’a jamais été aussi mince.

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