L'AS Monaco n'est toujours pas d'attaque

Par Josué Cassé
4 min.
Nicolas Pallois et Kevin Volland lors de Monaco-Nantes. @Maxppp

Symbole de la très belle performance réalisée par l’AS Monaco la saison dernière, l’attaque asémiste, portée par son prolifique duo Kevin Volland-Wissam Ben Yedder (36 buts à eux deux), avait permis aux hommes de Niko Kovac de décrocher une troisième place en Ligue 1. Atone depuis la reprise, le secteur offensif de l’ASM reste pourtant muet lors de ses trois derniers matches. L’inquiétude grandit avant un déplacement aussi périlleux que décisif, ce mercredi, face au Shakhtar Donetsk.

Sur le Rocher, le ballon vit. À droite, à gauche. Les milieux temporisent, décalent. Devant, les décrochages se multiplient. Depuis le début de la saison, l’AS Monaco opère de longues séquences de possession dégageant une maîtrise collective certaine. Le constat est indéniable : l’ASM de Niko Kovac, excepté au match aller face au Shakhtar Donetsk (44% de possession), contrôle constamment les rencontres depuis son retour à la compétition. En six matches officiels, le club du Rocher comptabilise ainsi 62,2% de possession, un ratio qui s’élève même à près de 73% en Ligue 1. En vain. Maîtres des débats, les Monégasques ne parviennent jamais à trouver ce changement de rythme efficace et efficient. Résultat ? 0 but marqué lors des trois dernières sorties. Un mutisme de 270 minutes, une préoccupante 19ème place en Ligue 1 et un avenir en Ligue des Champions désormais inscrit en pointillés. Explications.

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Retard à l’allumage en attaque

Loin du niveau affiché la saison dernière, Wissam Ben Yedder (20 buts et 7 passes décisives en L1 lors de l’exercice 2020-2021) et Kevin Volland (16 buts et 4 caviars) tardent à retrouver leur allant offensif. Rentrés tardivement de l’Euro, les deux buteurs phares du club de la Principauté ne semblent pas encore totalement prêts physiquement. Une préparation écourtée se traduisant par des courses moins tranchantes et des difficultés à se mettre en position idéale aux abords de la surface. Si l’ancien buteur du Bayer Leverkusen a trouvé le chemin des filets à Prague, le duo monégasque fait preuve de trop d’imprécisions devant le but, ce qui était pourtant leur force lors du dernier exercice puisque l’ASM était l’équipe la plus efficiente de Ligue 1 avec 15,6% de tentatives converties en but.

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Un manque d’efficacité coupable qui n’enlève pourtant pas la confiance accordée par Niko Kovac à ces deux protégés, estimant que tout cela n’est qu’une question de temps : «il faut trouver le juste équilibre en temps de jeu. D’autant que nous avons très peu de sessions d'entraînement. Après la trêve internationale de septembre, ils seront au niveau des autres.» Pointe d’espoir tout de même pour les deux compères d’attaque. Ben Yedder avait dû attendre la quatrième journée face à Rennes pour inscrire son premier but en L1, quand Volland patientait jusqu’à la neuvième journée pour signer un doublé contre Bordeaux lançant définitivement sa saison.

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Par ailleurs, l’été monégasque a vu l’arrivée de l’attaquant néerlandais Myron Boadu (20 ans) pour un montant de 17 M€. Auteur d’une excellente saison avec l’AZ Alkmaar (15 buts en 31 matches), le jeune buteur monégasque vient remplacer numériquement le départ de Stevan Jovetic au Hertha Berlin. Aussi prometteur soit-il, Boadu ne dispose pas de l’expérience du Monténégrin et un temps d’adaptation semble obligatoire : «je suis un buteur. Je suis fort physiquement. Je suis ici pour marquer. C'est mon boulot et c'est ce que j’aime. (…) Je dois encore m’adapter. Mais je commence à connaître mes équipiers et suis certain que je serai capable d'aider l'équipe pour réaliser ses grands objectifs.» Peu inspiré contre Nantes, invisible face à Lorient et auteur d’une entrée décevante contre Lens ce samedi, il reste malgré tout l’alternative privilégiée par le coach de l’ASM aux deux protagonistes, cités précédemment. Willem Geubbels, Wilson Isidor et Anthony Musaba semblant, quant à eux, plus éloignés dans la hiérarchie sur le front de l’attaque, alors que Pietro Pellegri va rejoindre l'AC Milan.

Des adversaires plus aguerris

Mais le football ne peut se comprendre qu'au prisme d'un secteur, bien qu'il s'agisse de celui chargé de conclure les offensives de l'ASM. Dès lors, la stérilité du jeu monégasque est à mettre en exergue. Troisième attaque du championnat la saison passée avec 76 buts marqués en Ligue 1, les Asémistes pointaient juste derrière le Paris Saint-Germain (86 buts) et l'Olympique Lyonnais (81 buts). Un séduisant jeu d'attaque analysé et décortiqué par leurs adversaires pendant l'intersaison qui peut désormais expliquer les difficultés éprouvées par le club du Rocher. Face à des blocs bas (Nantes, Lorient), les hommes de Niko Kovac peinent à déstabiliser les défenses adverses et, si le coach de l'ASM assure travailler ce point à l'entraînement, le temps presse et ses joueurs ne disposent pas du même timing que lors de l'exercice précédent.

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«La saison dernière, nous avons mis en place nos principes car nous avions chaque semaine pour travailler. Ce n'est plus le cas. On joue tous les trois jours. Mais progressivement, les recrues assimilent ce que les autres savent déjà», déclarait ainsi Kovac en conférence de presse. Un sentiment d'urgence qui rend les progrès monégasques peu visibles pour l'heure. Prévisible dans ses intentions offensives, l'ASM déroule un plan de jeu désormais connu par leurs opposants. Partant des trois défenseurs axiaux, l'attaque asémiste passe quasiment tout le temps par Caio Henrique à gauche ou Gelson Martins à droite et Sofiane Diop ou Alexandr Golovin représentent souvent la seule alternative au milieu pour trouver la dernière passe tranchante. Un jeu trop stéréotypé où le déclic se fait toujours attendre et si on ne peut pas parler de crise pour le moment, l'AS Monaco devra obligatoirement régler la mire, ce mercredi face au Shakhtar Donetsk, si elle souhaite poursuivre son épopée en Ligue des Champions.

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