Tours FC : des portes de la Ligue 1 à la mort du club, récit d’une terrible descente aux enfers
Ces dernières années, le football français a vu de nombreux clubs couler malgré une grande histoire. L’exemple le plus récent est celui de Bordeaux qui a été relégué en National 2 cet été. Pour le Tours FC, la situation est encore plus dramatique. Le club désormais en Régional 1 va mettre la clef sous la porte et va tout simplement mourir après une gestion économique catastrophique.

Dans la liste des clubs historiques du football français qui ont fait le plus n’importe quoi sur les dernières années, le Tours FC se place très haut. Passé 4 saisons en première division dans les années 1980 (21 saisons en deuxième division et 21 en troisième division), le club d’Indre-et-Loire a ensuite eu une période plus compliquée à vivre avant de revenir sur le devant de la scène. Au début du 21e siècle, Tours a cependant repris des couleurs. Monté en Ligue 2 en 2006 avant de redescendre la saison suivante en National, le Tours FC remontait directement dans un championnat où il s’est installé avec comme rôle principal, celui du poil à gratter.
Sixième lors de l’exercice 2008/2009 en échouant à cinq points de la montée, Tours disposait dans son équipe de plusieurs joueurs connus comme les futurs internationaux français Laurent Koscielny et Olivier Giroud et des joueurs référencés en Ligue 1 comme Claudiu Keserü, Romain Salin et Gaëtan Bong. La meilleure saison récente du club tourangeau qui allait révéler de nombreux joueurs par la suite comme Andy Delort, Baptiste Santamaria ou Denis Bouanga. Le club a aussi vu Medhi Benatia, Haris Belkebla, Jonathan Gradit, Billy Ketkeophomphone, Rayan Raveloson ou encore Ismaël Bennacer passer en son sein au 21e siècle. Resté en Ligue 2 pendant 10 en se positionnant globalement en milieu de tableau, Tours terminait dernier à l’issue de la saison 2017/2018. Une relégation en National 1 qui allait doucement, mais sûrement précipiter la chute du club à la couleur bleu ciel.
Une lente agonie
La saison suivante, Tours qui avait l’un des gros budgets du championnat échouait dans sa mission remontée et l’exercice allait même virer au cauchemar sur l’ultime journée où la 15e place du club conduira à sa relégation en National 2. Cependant, cela n’allait pas s’arrêter là puisque les problèmes financiers du Tours FC provoquaient la rétrogradation administrative du club en National 3. Réagissant la saison suivante en terminant leader de National 1 en 2020, Tours sera interdit administrativement de montée puis dans une saison 2020/2021 interrompue par la pandémie de Covid-19, carrément rétrogradé en Régional 1 en 2021. Un passage éclair en sixième division pour l’institution, qui remontera en National 3 directement avant d’échouer à atteindre le National 2 en 2023 (2e) et 2024 (3e).
Si sportivement, la situation semblait aller mieux, la situation économique du club restait chaotique. «C’est compliqué compte tenu du contexte que traverse le club. On continue à bien s’entraîner, à bien préparer les matches. On essaye de terminer la saison d’une manière positive. On a aussi l’objectif de bien figurer sur cette fin de saison. L’objectif était la montée en National 2. On ne l’a pas atteint. On a de l’amour propre, de l’égo et c’est pour ça qu’on va batailler pour prendre des points et essayer d’obtenir une place sur le podium. C’est du gâchis, un club comme Tours devrait être plus haut. Je pense qu’un club comme Tours va repartir à un moment donné. Nous les joueurs, on est déçu de voir ça, mais on ne le maîtrise pas. Notre objectif c’est de s’entraîner et de gagner les matches chaque week-end», nous expliquait en mai dernier l’attaquant Matthieu Villette.
La mort du Tours FC
Conséquence de cette 3e place, le Tours FC a été encore rétrogradé administrativement en Régional 1, c’est la cinquième fois de son histoire que Tours voit les instances le sanctionner pour sa situation économique depuis sa fondation en 1919. Cette saison, le niveau sportif était encore une fois plutôt positif avec une place de leader actuellement dans son groupe de Régional 1. Cependant, les coulisses l’ont encore plombé, mais cette fois plus que jamais. Arrivé cet été pour aider le Tours FC dans une situation dramatique, l’homme d’affaires belge Ivan Desmet devait réincarner le renouveau de cette équipe. Alors qu’il lui a évité la liquidation judiciaire, il promettait d’injecter 500 000 euros et d’amener une nouvelle dynamique. Finalement, ça a été un clou supplémentaire sur le cercueil du Tours FC.
Entre des salaires impayés, des retards de paiement, des conditions d’accueil catastrophiques et une situation qui a même touché les équipes jeunes du club, la situation a atteint un niveau clownesque à la fin de l’année 2024. Alors que le Tours FC devait affronter Lorient en 32e de finale de la Coupe de France pour un match de prestige, la rencontre a été annulée quelques heures avant le coup d’envoi. La raison ? Un dispositif de sécurité insuffisant pour accueillir entre 10 000 et 12 000 supporters. Le devis de l’entreprise de sécurité étant trop important financièrement pour Tours, le match a été annulé et le club a perdu la confrontation sur tapis vert. Il a également annoncé fin janvier, soit un mois après les événements qu’un remboursement des supporters allait avoir lieu.
Deux jours plus tard contre Chambray, le Tours FC a disputé ce qui est son dernier match et s’est imposé largement 10-0. «Un dernier grand merci. Au nom de l’ensemble des joueurs, du staff et des salariés, nous tenons à exprimer notre profonde gratitude envers nos supporters, qui ont été à nos côtés tout au long de cette saison. Sans vous, rien n’aurait été possible.
Ce n’est qu’un au revoir, le football à Tours reviendra plus fort», annonçait la formation d’Indre-et-Loire le lendemain de cette grande fête d’adieu. Alors que l’avenir du club était débattu ces derniers jours, ce mercredi le comité de la Fédération Française de Football a rendu son verdict. Toutes les équipes du Tours FC sont retirées de leurs championnats respectifs et ne termineront pas la saison. Un coup de massue attendu alors que la SASP avait annoncé sa liquidation judiciaire.
Quel avenir pour le football à Tours ?
Cette situation dramatique laisse 616 licenciés de côté et provoque la mort d’un club. Président de la Ligue Centre-Val de Loire, Antonio Teixeira, avait fait état de la situation dans l’émission Ici Touraine : «c’est une très mauvaise gestion, de l’inconscience aussi, je pense. Peut-être qu’il y avait un train de vie au niveau de l’association qui n’était pas en adéquation avec le football amateur. Personne n’est venu au chevet du TFC. C’est un constat qui est amer de laisser tomber nos licenciés. C’était quand même un bastion du football régional et une grosse agglomération qui avait besoin d’avoir une identité footballistique.»
Un seul sentiment demeure désormais, celui d’un gâchis pour le club fanion de la 18e aire urbaine française. «C’est assez bizarre comme sensation de se dire que ce club n’existe plus. Je suis partagé entre la déception et une forme de haine. Tours est une ville du foot, le club du département a toujours été le Tours FC. Tout est foutu en l’air, c’est un énorme gâchis. J’espère qu’un club renaitra un jour à Tours. Beaucoup de gens étaient attachés à ce club. Je suis plus déçu que certaines personnes aient "réussi" à faire ça, c’est triste.», a ainsi déclaré Armand Raimbault, joueur le plus capé du Tours FC pour France 3 Centre Val de Loire. Si le club va faire appel de la décision de la FFF, le Tours FC est pour le moment un club mort et l’avenir s’annonce sombre. Toutefois, selon Foot Amateur, un nouveau club pourrait voir le jour avec une fusion entre les restes du Tours FC et du club de Joué-les-Tours, également liquidé en fin de saison dernière. Reste à savoir si cela arrivera et à quel étage du football français ?
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