Ligue 1

Entretien avec… Sébastien Perez : « Marseille ? C’est la passion, les émotions »

Joueur de tempérament, Sébastien Perez aura marqué de son empreinte le championnat de France de Ligue 1. Aujourd'hui éloigné des terrains, l'ancien joueur continue malgré tout de baigner dans le milieu du football. Pour Foot Mercato, l'ancien international Espoir français livre ses impressions sur la L1, revient sur sa carrière, sa nouvelle vie, sans oublier de parler des Bleus.

Par Khaled Karouri
7 min.
Les confidences de Sébastien Perez @Maxppp

Foot Mercato : Tout d'abord Sébastien, comment allez-vous ?

Sébastien Perez : Ça va très bien. Merci c'est gentil, tout va bien.

FM : Vous qui avez aujourd'hui raccroché les crampons, que pensez-vous du niveau actuel de la Ligue 1 ?

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SP : La Ligue 1 est en évolution. L'an passé, il y a eu des avantages fiscaux qui ont permis aux clubs de se renforcer de manière acceptable, avec des joueurs tels que Lisandro ou Lucho Gonzalez. Ça a permis de redorer un peu le blason de la Ligue 1. Le niveau est quand même assez acceptable, malgré les difficultés financières liées à la conjoncture économique.

FM : Suivez-vous toujours avec attention les clubs dans lesquels vous êtes passé ?

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SP : Bien sûr. Je n'ai pas fait énormément de clubs, mais je suis resté un certain temps dans chacun de ces clubs. On ne peut donc pas quitter un club comme ça, il y a toujours des sentiments que ce soit pour Bastia, Saint-Étienne ou Marseille. Je suis avec intérêt les résultats de chaque club.

FM : Et justement, que pensez-vous de leurs parcours ?

SP : Marseille a fait un parcours exceptionnel l'année passée, avec surtout une deuxième moitié de championnat ahurissante pour rattraper le retard sur Bordeaux. Je pense que le tournant a été la finale de la Coupe de la Ligue. Bordeaux avait d'énormes difficultés au niveau de la répétition des matches. On sentait aussi qu'un ressort avait été plus ou moins cassé. Et Marseille en a profité et a fait une super fin de saison. Je suis content pour tout le peuple marseillais, que ce soit les dirigeants mais aussi les supporters, parce que ça faisait pas mal de temps qu'ils attendaient ça. Après, Saint-Étienne a eu d'énormes difficultés dues, je pense, à des problèmes extra-sportifs. Et sans doute aussi un problème d'entente entre les joueurs, ça se ressentait sur le terrain. Et Bastia est malheureusement descendu en National. C'est vrai qu'il y a eu donc différentes sensations quels que soient les clubs.

FM : Quels clubs termineront selon vous sur le podium de la Ligue 1 ?

SP : Je pense que Marseille sera dans le trio. Lyon aussi. Bordeaux, je suis assez sceptique. Je pense qu'une équipe comme Lille, qui a d'une part un très bon entraîneur et qui d'autre part a une continuité dans l'esprit au niveau du recrutement, peut être facilement parmi les trois premiers.

Une carrière marquée par l'OM et l'ASSE

FM : Quels souvenirs gardez-vous de votre carrière ?

SP : On peut toujours se dire qu'on aurait pu faire mieux, mais aussi qu'on aurait pu faire moins bien. Donc voilà, je suis heureux d'avoir vécu sur les terrains pendant 13 ans et d'avoir connu des choses exceptionnelles. Je suis fier de ce que j'ai fait. Maintenant, il faut savoir tirer un trait sur le passé et regarder devant.

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FM : Vous qui avez connu le Vélodrome et le le Chaudron, deux stades français où l'engouement des supporters se fait ressentir, quel public vous a le plus marqué ?

SP : Les deux. J'ai fait douze ans à Saint-Étienne, depuis tout petit jusqu'au niveau professionnel, c'était le club de mon cœur. J'y ai vécu d'énormes joies, notamment lors des derbys où l'ambiance était exceptionnelle. Et Marseille, c'est la passion, c'est les émotions. C'était tellement fort que je suis resté dans la région, puisque maintenant je vis à côté de Marseille. Je vais d'ailleurs voir les matches.

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FM : Vous venez de parler du derby entre l'OL et l'ASSE, est-ce différent d'un clasico OM-PSG ?

SP : J'ai l'impression qu'en France, tous les derbys se sont aseptisés, avec notamment les caméras qui sont de partout. Et puis les joueurs changent aujourd'hui régulièrement de clubs. C'est donc moins chaud qu'avant. La tension est plus entre les supporters qu'entre les joueurs. Mais que ce soit un ASSE-OL ou un OM-PSG, ce sont vraiment des matches à jouer. Ça fournit des sensations exceptionnelles. J'ai aussi eu la chance de faire un Galatasaray-Fenerbahçe, au niveau de l'intensité c'est pas mal aussi.

FM : Est-ce un regret d'ailleurs de ne pas avoir connu une longue expérience à l'étranger ?

SP : J'ai connu aussi l'Angleterre, même si je n'y étais que quelques mois, puisque j'ai été à Blackburn pendant 7 mois. J'aurais aimé connaître le championnat espagnol, du fait de mes origines. Mais ça n'a pas pu se faire. Ce n'est pas grave. Ça m'a permis de vivre d'autres moments, notamment des matches de Champions' League avec Marseille.

FM : Sur le terrain, vous étiez un joueur de tempérament. Pensez-vous qu'il manque de personnage comme le vôtre aujourd'hui ?

SP : Oui, je pense que ça manque énormément. Comme je le disais, le football s'est aseptisé. Il y a maintenant le Conseil de l'éthique... Voilà, c'est une évolution. Je pense que dans une équipe, on a besoin aussi de joueurs de tempérament. C'est aussi ce qui fait la force d'une équipe. C'est vrai que des joueurs comme des Jurietti ou des Rool, il y en a un peu moins en ce moment.

FM : Comment avez-vous géré votre reconversion ? On parle souvent de petite mort pour un footballeur qui raccroche les crampons...

SP : C'est sûr que ce n'est pas évident parce que, toute notre carrière, on a été plus ou moins cocoonés. Tout était mis en œuvre pour qu'on soit le plus performant possible sur le terrain. On était donc très entourés. Et du jour au lendemain, on se retrouve plus ou moins livrés à nous-mêmes. Il faut avoir les pieds sur terre. Je pense que durant toute ma carrière, je suis toujours resté quelqu'un de simple, que ce soit dans mon comportement ou dans mes relations. Ce n'est pas évident de tourner la page mais en ayant les pieds sur terre, c'est beaucoup plus facile.

FM : Vous avez connu l'équipe de France de beach soccer. Comment avez-vous vécu cette expérience ?

SP : C'était une super expérience. Ça m'a permis d'intégrer en douceur le fait de couper avec le monde professionnel. J'ai attendu de finir ma carrière professionnelle pour faire une Coupe du monde, j'en ai fait trois d'ailleurs. J'ai ainsi pu faire la Coupe du monde avec Canto (Éric Cantona, Ndlr) au Brésil. C'était des bons moments, avec un décalage au niveau des mentalités. C'était beaucoup plus amateur et beaucoup plus jovial dans les relations.

FM : Que faîtes-vous aujourd'hui ?

SP : Pour l'instant, je travaille avec l'OMTV. Je fais quelques apparitions. Je commence aussi à passer mes diplômes d'entraîneur. Là, je suis en train de prospecter pour rentrer dans une cellule de recrutement d'un club. On essaye de se remettre en selle. Mais ça m'a aussi fait du bien de couper un peu pendant deux-trois ans pour m'occuper un peu plus de ma famille et de mes proches. J'ai rechargé les batteries et je repars de plus belle.

Son regard sur les Bleus

FM : Quel regard portez-vous sur le parcours des Bleus en Afrique du Sud ?

SP : C'est la première fois que j'ai eu honte de ma passion. Prendre en otage la France, c'est inqualifiable. L'équipe de France n'appartient pas aux joueurs, elle appartient à tout le pays. Il ne faut pas oublier que derrière les joueurs de l'équipe de France, il y a des jeunes passionnés qui regardent la télé et qui prennent en exemple ceux qui portent le maillot. Il y a eu un oubli de toutes ces valeurs là. Mais avec Laurent Blanc qui reprend l'équipe de France, je pense que toutes ces choses-là vont être gommées.

FM : Que pensez-vous donc des premiers pas de Laurent Blanc en tant que sélectionneur ?

SP : Il a un lourd chantier à reprendre. Ça ne va pas se faire en un tour de main. Mais sur ce qu'on a vu mardi, ça laisse augurer des choses positives pour le futur. Maintenant, il ne faut pas griller les étapes et lui donner un peu de temps. Il va falloir quelques années pour effacer ce qui s'est passé en Afrique du Sud.

FM : Pour prendre la défense de Nicolas Anelka suite aux fameux propos qu'il aurait tenu à l'égard de Raymond Domenech, certains joueurs ont déclaré qu'il s'agissait de choses qui se passaient régulièrement dans un vestiaire. Confirmez-vous ?

SP : Il y a un respect des valeurs à avoir. Ça m'est arrivé de ne pas être d'accord avec mes entraîneurs ou avec le sélectionneur quand j'étais en équipe de France Espoirs. Mais à aucun moment il n’y a eu des mots déplacés. À chaque fois que j'ai eu un souci avec un entraîneur, les choses ont été mises au clair dans son bureau et pas devant tout le monde. C'est un respect des valeurs. Ça a été bafoué. Je pense que, même si les torts étaient partagés, ce ne sont pas des choses à faire.

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