Les vérités acides sur le fiasco saoudien de Steven Gerrard
Il y a un peu plus d’une semaine, Steven Gerrard a quitté Al-Ettifaq après seulement dix-huit mois passés en Arabie saoudite. Une décision qui fait parler.

Il ne marchera jamais seul. À 44 ans, Steven Gerrard n’a jamais vraiment coupé le cordon avec Liverpool. Une ville où il est né en tant que footballeur et où il a fait pratiquement toute sa carrière entre 1989 et 2015. En effet, il a fait un passage d’une année au Los Angeles Galaxy après son départ du club de la Mersey. Ensuite, il a commencé sa deuxième carrière. Celle d’entraîneur. Et c’est encore auprès des Reds qu’il a débuté cette nouvelle vie puisqu’il a dirigé l’équipe U18 de Liverpool, sous le regard bienveillant de Jürgen Klopp, alors assis sur le banc de l’équipe première. L’ancien milieu de terrain des Reds a d’ailleurs rapidement obtenu des résultats et impressionné tout le monde.
Un salaire XXL en SPL
C’est là qu’il a été approché par les Rangers, qui lui ont offert sa première expérience avec une équipe professionnelle entre 2018 et 2021. Ensuite, il a pris la direction d’Aston Villa, pour débuter sa carrière en Premier League. Mais après 13 victoires, 8 nuls et 19 défaites, il a été remercié en 2022. Après être resté quelques mois au chômage, il s’est envolé pour l’Arabie saoudite. Lancée dans un nouveau projet, avec de très grandes stars sur le terrain comme sur le banc, la Saudi Pro League a donc fait une belle offre à Gerrard, à savoir diriger Al-Ettifaq. Le tout avec un joli salaire de 17,7 M€ par an d’après les informations du tabloïd The Sun.
Pour l’aider à avoir des résultats et rivaliser avec les formations détenues par le gouvernement saoudien, à savoir Al-Ittihad, Al-Ahli, Al-Nassr et Al-Hilal, Al-Ettifaq a recruté les joueurs qu’il a réclamés. Ainsi, Jordan Henderson, Demarai Gray, Georginio Wijnaldum, Jack Hendry, Moussa Dembélé, Karl Toko Ekambi, Seko Fofana et João Costa sont arrivés. Malgré des renforts intéressants, l’écart était important avec les grosses cylindrées de SPL. Al-Ettifaq a fini l’exercice précédent en 6e position. Une déception pour les dirigeants, alors qu’en interne le jeu proposé par Gerrard n’emballait pas les foules. Le constat était finalement le même cette saison avant son départ. En effet, son équipe était dans le bas du classement.
Un départ après une union de 18 mois
Si elle est actuellement 11e, elle a été en 13e position et presque relégable à un moment. À ce moment-là, l’ancien de Liverpool, dont le staff avait été modifié, s’était défendu. «Je comprends que les résultats récents ont été décevants, mais je ne pense pas être à un point où un renvoi est nécessaire.» Mais quelques semaines plus tard, il a plié bagage, tout comme Jordan Henderson, qui a filé à l’Ajax au bout de 6 mois la saison passée, ou de Seko Fofana, qui a rejoint le Stade Rennais cet hiver. Steven Gerrard a suivi le mouvement le 30 janvier dernier. Ce jour-là, Al-Ettifaq a annoncé son départ, après la résiliation de son contrat d’un commun accord, avec le message suivant : «merci Steven.»
Sur ses réseaux sociaux, l’Anglais a adressé quelques mots au club et aux supporters saoudiens. «Après réflexion, le club et moi avons décidé de nous séparer. Ce n’était pas une décision facile, mais parfois dans le football les choses ne fonctionnent pas. La Saudi Pro League est une ligue difficile et compétitive et je n’ai rien d’autre que du respect pour les joueurs et le staff qui donnent tout chaque jour. Je veux sincèrement remercier toutes les personnes au club pour leur soutien et leur travail. Le football en Saudi Pro League va dans la bonne direction et j’ai toujours apprécié le temps que j’ai passé ici. Je souhaite le meilleur à l’équipe et aux fans. Rien que du succès pour aller de l’avant.»
Al-Ettifaq ne l’a pas retenu
Des adieux publics plutôt émouvants. Sauf qu’en privé, ce n’était plus l’amour fou entre Gerrard, qui rappelons-le organisait les entraînements de son équipe en soirée pour suivre les matches de Liverpool; et son club. Outre les résultats en championnat et l’élimination en Coupe du Roi, ses méthodes et le jeu proposé ne faisaient pas l’unanimité. Si un accord à l’amiable a été trouvé, on a évoqué une volonté du coach de s’en aller. Mais Al-Ettifaq, mécontent de lui, n’a pas cherché à le retenir. La porte était même grande ouverte nous a-t-on fait savoir. Du côté de l’Anglais, ce départ après seulement 18 mois est vécu comme un échec. Mais il estime ne pas avoir eu toutes les cartes en mains pour réussir comme l’explique [AS](https://as.com/futbol/internacional/gerrard-la-oveja-negra-de-arabia-n/[]()), dans un article intitulé "Steven Gerrard, le mouton noir d’Arabie saoudite".
Il y est écrit : «le manager anglais a vécu un cauchemar à Al-Ettifaq car il était frustré de ne pas pouvoir égaler ses rivaux financièrement. (…) Tout ce qui brille n’est pas or dans le football saoudien. Les investissements dans les transferts continuent d’augmenter et de plus en plus de stars ont fait le saut vers leur ligue compétitive. Un investissement qui laisse aussi des « victimes » en chemin. Steven Gerrard a démissionné de son poste de manager d’Al-Ettifaq, dégoûté par une situation qui dure depuis un an et demi qu’il entraîne en Arabie saoudite. D’importants investissements financiers sont dirigés vers les plus grands clubs du pays, les quatre qui appartiennent au PIF (Fonds d’investissement public) et les autres doivent survivre comme ils peuvent. Seul Al-Qadsiah, financé par Aramco, se démarque aux côtés des Big Four : Al-Hilal, Al-Nassr, Al-Ittihad et Al-Ahli.»
Gerrard était frustré
AS poursuit : «Toko Ekambi, Wijnaldum; Moussa Dembélé, João Costa et l’Espagnol Álvaro Medrán sont les cinq meilleurs joueurs dont dispose Al-Ettifaq, mais Steven Gerrard estime qu’ils ne sont pas suffisants pour lutter pour être plus haut dans le classement. (…) Gerrard l’a également regretté, ayant demandé au conseil d’administration de quitter le club et a finalement été remplacé. (…) Petit à petit, il (Gerrard) perdait son enthousiasme et était épuisé de voir que quoi qu’il fasse, il ne pouvait pas rivaliser pour être en tête du tableau. "J’étais frustré", c’est ainsi que la presse britannique décrit l’aventure/le cauchemar de Gerrard en Arabie saoudite.» Le manque de moyens et d’ambitions pour concurrencer les grosses formations saoudiennes seraient donc à l’origine de son départ. C’est aussi le constat dressé par The Sun.
«La légende de Liverpool a connu une période difficile malgré la possibilité de recruter des joueurs de haut niveau. (…) Cette décision intervient un an après qu’Al-Ettifaq ait soutenu Gerrard en lui proposant un nouveau contrat de deux ans jusqu’en 2027, après avoir été sous pression à certains moments au cours de la campagne. Il a prolongé son contrat alors que son équipe a terminé sixième la saison précédente. Le départ de Gerrard marque la fin d’une période où le club s’est tourné vers des légendes de la Premier League pour orchestrer le succès en SPL.» De retour en Angleterre, Steven Gerrard, qui va bientôt devenir grand-père, a déjà été annoncé dans le viseur de Carlisle United en D4 anglaise. Malgré une nouvelle expérience difficile, l’ancienne légende de Liverpool a toujours une petite cote.
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