Le Brésil se moque allègrement du fiasco du Botafogo de John Textor

Par Matthieu Margueritte
4 min.
Botafogo @Maxppp

Leader de la Série brésilienne durant une grande partie de la saison, O Glorioso s’effondre. Passé deuxième, le club de John Textor n’inspire pas vraiment de la compassion.

Le 7 novembre dernier, nous vous relations les déboires de Botafogo, l’équipe leader du classement de la Série A brésilienne depuis la 3e journée. À l’époque, le club détenu par John Textor avait perdu face au Vasco da Gama de Dimitri Payet et avait vu son avance confortable fondre comme neige au soleil. Trois semaines plus tard, l’impensable s’est bel et bien produit. Premier jusqu’à la 34e journée, O Glorioso a cédé son trône après deux matches nuls consécutifs (face à Santos et Coritiba).

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Deuxième du classement (63 pts) avec trois points de retard sur Palmeiras à deux journées du terme, Botafogo peut même techniquement être dépassé par le sixième (RB Bragantino, 59 pts). Un scénario catastrophe qui laisse bouche bée les amoureux du club, comme le célèbre Youtubeur brésilien aux 45 millions d’abonnés, Felipe Neto. « S’en prendre à un botafoguense (fan de Botafogo, ndlr) aujourd’hui, c’est comme trouver un mort sur le trottoir, lui donner un coup de pied et rire. Le mort ne ressent plus rien », a-t-il posté sur X. Les médias aussi sont stupéfaits par cette dégringolade de l’équipe qui a fait presque toute la course en tête.

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Classement général Série A (Brésil)

# Équipe Pts J DIF G N D BP BC
1 Palmeiras Palmeiras 70 38 31 20 10 8 64 33
2 Grêmio Grêmio 68 38 7 21 5 12 63 56
3 Atlético MG Atlético MG 66 38 20 19 9 10 52 32
4 Flamengo Flamengo 66 38 14 19 9 10 56 42
5 Botafogo Botafogo 64 38 21 18 10 10 58 37
6 Bragantino Bragantino 62 38 14 17 11 10 49 35
Voir le classement complet

« Botafogo a trouvé les limites de la dérision footballistique. Comme dans la dernière scène de « The Truman show », lorsque le protagoniste découvre les limites du cadre dans lequel il vit, Botafogo a trouvé les limites de la dérision footballistique dans la nuit du 29 novembre 2023. Face au drame écrit par un scénariste sadique et pervers, dans lequel Botafogo a ouvert le score à la 50ème minute et a concédé l’égalisation à la 52ème minute. (…) Nous ne savions pas qu’il existait un tel niveau de souffrance, un tel passage de la joie à la tristesse en quelques secondes et pendant des jours et des jours. Si nous devions en tirer une leçon, nous pouvons dire que nous l’avons tirée. Vous pouvez arrêter de faire ça à Botafogo, pour l’amour de Dieu », a écrit UOL. Mais Botafogo ne suscite pas non plus une compassion unanime. Si les médias soulignent le calvaire vécu par les fans cariocas, ils n’hésitent pas à taper sur le club. Et c’est en grande partie à cause de Textor, dont le management (l’Américain a usé 4 entraîneurs cette saison) est sérieusement décrié. Comme en France avec l’OL…

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Le Brésil a créé le verbe 'botafoguer’

Pire, les moqueries sont même légion. « J’ai prévenu de la chute de Botafogo. Les Rouge et Noir (supporters de Flamengo, ndlr) ont un sourire jusqu’aux oreilles, s’il y a quelque chose qui les fait rire, c’est Botafogo, parce que les fans de Flamengo sont énervés par leur équipe, mais Botafogo leur donne de la joie. Le propriétaire du club, qui est un Américain et qui devrait avoir une attitude plus cool, entre dans ce mode de victimisation qui caractérise beaucoup de fans de Botafogo et commence à se plaindre de la CBF, du Pape, des Martiens, de tout le monde et ce n’est jamais la faute de Botafogo. Les gars ont licencié un entraîneur parce que les joueurs ne voulaient pas de lui, quel manque de professionnalisme de leur part, puis ils ont fait venir Lúcio Flávio, qui n’était pas suffisant pour couvrir quatre matchs entre Castro et Lage, alors que Caçapa l’a fait. Botafogo a fait trop d’erreurs, ils n’ont pas regardé leurs erreurs, le match de Palmeiras a deux erreurs énormes sur les troisième et quatrième buts. Ç’a été ignoré, ils se sont seulement plaints de l’expulsion d’Adryelson, donc tout est de la faute des arbitres, de la CBF. Je ne plains pas Botafogo. Botafogo paie aussi parce que certains supporters et le club ont alimenté ce sentiment de victimisation, c’est quelque chose qui ne s’arrête pas. Botafogo paie donc très cher ses propres erreurs et, à Rio de Janeiro, tous ceux qui ne sont pas de Botafogo s’en amusent », a écrit l’éditorialiste Mauro Cezar.

Au Brésil, l’échec de Botafogo a même créé un verbe : botafoguer. « Botafoguer : faire en sorte qu’une réussite qui semble acquise s’étiole de manière indescriptible, en raison de sa propre incompétence et de l’interférence de facteurs extérieurs extraordinaires. Attiser les flammes du succès. S’étioler. Flétrir. S’éteindre. Exemple d’utilisation : untel a botafogué sa promotion au travail. Untel a botafogué le projet de l’entreprise. 'Bon sang, j’ai botafogué le barbecue’ », explique l’éditorialiste d’UOL Alicia Klein. Bref, vous l’aurez compris, le drame vécu par le Botafogo de John Textor fait bien marrer le Brésil. Sauf les supporters noir et blanc…

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