PSG : Thomas Tuchel a perdu la main

Par Aurélien Léger-Moëc
4 min.
Thomas Tuchel, dépité, pendant PSG-OM @Maxppp

Mauvais coaching, analyse surprenante, manque d'emprise sur son équipe pendant le match, Thomas Tuchel a vécu un sale Classique dimanche soir. Peut-il reprendre la main sur son groupe, confronté à un début de saison chaotique ?

Les conférences de presse d'après-match dispensées par les entraîneurs n'apportent pas toujours les réponses escomptées, mais elles permettent de jauger le niveau de recul pris par ces derniers. Et dimanche soir, entre les analyses d'André Villas-Boas et de Thomas Tuchel, il y avait un monde. Le victorieux AVB reconnaissait par exemple un coup tactique raté avec Lopez en faux numéro 9, qu'il a su modifier en cours de rencontre, ou le travail effectué sur les coups de pied arrêtés pour surprendre un PSG à la taille plus modeste. Après lui, le discours résolument positif de Thomas Tuchel sonnait faux. S'il avait raison de parler de la domination territoriale de son équipe grâce à un pressing haut, il n'a que survolé les problèmes aperçus : un manque d'efficacité criant, une tactique incohérente dès lors que l'OM a ouvert la marque et des nerfs qui lâchent dans des proportions inattendues.

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Qu'il semble loin, le Tuchel tactiquement ambitieux de la première saison, où il avait su insuffler un vent de fraîcheur et intéresser ses hommes en jonglant avec les systèmes de jeu en cours de rencontre. Défense à trois, repositionnement axial de Neymar, meilleure utilisation des latéraux, regarder évoluer le PSG au cours d'un même match s'avérait passionnant. L'arrivée d'Icardi et la naissance de l'idée des Quatre Fantastiques (Neymar, Mbappé, Di Maria, Icardi) a réduit son champ d'action à ce niveau. Il lui fallait alors principalement réfléchir à l'équilibre de son équipe et trouver les complémentarités nécessaires au milieu pour laisser libre cours au génie créatif de ses offensifs.

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Il n'a pas aidé Neymar

Contre l'OM dimanche soir, il a laissé Neymar et Di Maria, avec un jour d'entraînement collectif dans les jambes comme il l'a souvent répété, jouer la totalité du match. Le scénario d'une défaite se profilant l'a sans doute incité à les garder sur le terrain, pour forcer la décision. Il a sa part de responsabilité dans l'expulsion de Neymar, qui se plaignait depuis la 30e minute d'insultes racistes de la part d'Alvaro Gonzalez. Di Maria a aussi frôlé la correctionnelle à plusieurs reprises. Tuchel n'a ainsi pas réussir à maintenir le calme dans ses rangs.

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En conférence de presse, il a mis ça sur le compte du caractère de ses Sud-Américains. « Nous sommes une équipe avec beaucoup de Sud-Américains. Nous sommes une équipe avec une mentalité qui nous donne aussi des choses spéciales. C'est dans le contexte. Nous sommes un mix très émotionnel, notre équipe est émotionnelle et c'est l'une de nos forces. Dans les 3 dernières minutes, ça aurait été mieux de rester calme. Mais les 10 dernières minutes de la première mi-temps, c'était compliqué, nous nous sommes énervés et nous avons oublié de jouer. On a parlé de cela à la mi-temps, on a dit : "on joue maintenant, nous sommes la meilleure équipe, on continue à jouer". On a dit "restez calmes" mais à la fin ce n'a pas été possible. Je n'aime pas ça. On ne peut pas mélanger les deux choses. Notre équipe avec beaucoup de Sud-Américains nous donne beaucoup d'énergie et de caractère. Les 3 dernières minutes, c'était l'autre côté... », s'est-il justifié.

Vite se réinventer

À sa décharge, les solutions n'étaient pas nombreuses sur le banc de touche. Mais son coaching fut loin d'être inspiré. Pendant qu'Idrissa Gueye offrait un nouveau match médiocre et que Pablo Sarabia jouait à cache-cache, il a préféré sortir Ander Herrera, pas fameux mais pas le plus inactif, pour lancer un Julian Draxler, dont l'entrée en jeu a frôlé la faute professionnelle. Sans parler des entrants Layvin Kurzawa et Leandro Paredes, visiblement plus intéressés par la bagarre que par le score. La volonté de Tuchel de calmer les esprits à la pause n'a pas été respectée par des joueurs entrés respectivement à la 84e et 72e minute...

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La question de l'impact de Tuchel sur son groupe se pose inéluctablement à travers ce match catastrophe. Avec les suspensions qui vont peser lourd pour Kurzawa, Neymar, Paredes voire Di Maria, avec les joueurs blessés ou touchés par le Covid-19, avec un mercato à l'arrêt malgré les nombreux départs (Thiago Silva, Cavani, Meunier, Choupo-Moting en attendant un éventuel retour), les solutions s'amenuisent alors que les matches s'enchaînent. Plus que jamais, Tuchel va devoir montrer qu'il peut reprendre la main et ramener de l'ordre au sein de son groupe.

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