Entretien avec… Yannis Tafer : « Un retour en France, pourquoi pas »

Par La Rédaction FM
7 min.
Yannis Tafer @Maxppp

Grand espoir de l'Olympique Lyonnais et du football français, Yannis Tafer (23 ans) a finalement dû s'exiler pour voler de ses propres ailes. Exit donc la capitale des Gaules et l'Hexagone, l'attaquant trace sa route à Lausanne. Pour Foot Mercato, l'ancien Gone revient sur son parcours, sa saison, et évoque son avenir.

**Foot Mercato : Yannis, vous avez quitté la France en 2012, pour la Suisse et Lausanne. Comment vous sentez-vous dans ce championnat et dans ce club ?

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Yannis Tafer :** Je m'y sens bien, après deux saisons. Je suis parti en 2012, et après une saison d'inactivité à Lyon, j'ai découvert un autre championnat, certes pas très médiatisé, mais avec un bon niveau général. Il y a en fait deux championnats, une première moitié qui joue bien au football, une autre où c'est plus délicat. Avec mon équipe, on est derniers au classement, c'est sûr que ce n'est pas top mais, pour ma part, ça se passe bien individuellement cette saison. J'ai du temps de jeu, notamment depuis l'arrivée de Marco Simone.

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**FM : De nombreux Français sont présents dans votre club, comme Damien Plessis ou Yoric Ravet. Est-ce un plus pour vous ?

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YT :** Au départ, quand je suis arrivé, il y avait des joueurs comme Matt Moussilou ou Ibrahim Tall. Tout s'est bien passé dès le départ, même avec le reste du groupe, d'autant que je suis en Suisse romande donc on parle français. Ces joueurs sont partis, mais d'autres Français sont arrivés. On a un bon groupe, une bonne équipe de potes qui s'entendent bien malgré les résultats négatifs. On est soudés, on essaie d'aller de l'avant.

**FM : Le club enchaîne les mauvais résultats, et pointe à la dernière place du championnat. Comment l’expliquez-vous ?

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YT :** Déjà, la saison dernière, on jouait le maintien. Le recrutement estival a été délicat, on n'a pas forcément fait les bons choix, mais Ravet, Feindouno et Plessis nous ont récemment rejoint. Et puis il y a eu l'arrivée du nouveau staff avec Marco Simone, et je trouve que depuis on est en progression. On a pris six points lors des quatre dernières journées, alors qu'on n'en avait pris que quatre en quatre mois. Ça va un peu mieux, même si on n'a pas de résultats extraordinaires, on progresse.

**FM : Marco Simone est arrivé sur le banc de touche en novembre dernier. Comment le trouvez-vous en tant que coach ?

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YT :** J'aime bien. Il est franc avec les joueurs, son discours passe bien. Il a appliqué ses idées, on adhère à son système, avec lui on a le goût de l'effort. On se sent mieux physiquement, car on a eu un mois d'arrêt avec la trêve hivernale pour travailler, mieux connaitre le staff.

**FM : Avec 7 points de retard sur le neuvième, Sion, le maintien est-il encore jouable selon vous ?

YT :** Oui, tant que c'est possible mathématiquement on y croit. Il ne faut pas baisser les bras, ne pas laisser le doute s'installer dans le groupe, après tout on ne peut pas faire pire qu'en première partie de saison. Sion a une avance confortable, mais on va tout faire pour remonter au classement lors des quinze dernières journées.

**FM : Depuis le 9 novembre dernier, vous enchaînez les titularisations, et restez même sur un doublé face aux Young Boys, pour un total de 7 buts cette saison. Comment vous sentez-vous actuellement ?

YT :** La saison dernière, j'étais venu ici pour jouer après une saison d'inactivité. Ça m'a fait du bien de retrouver le haut niveau, de trouver un club qui me fait confiance. La saison dernière, même si je n'ai pas eu de réussite d'un point de vue statistique, c'était avant tout le plaisir de reprendre le rythme. Cette saison, c'est la confirmation, donc j'avais envie de bien faire, montrer que je n'avais rien perdu de mes qualités entre guillemets. En ce moment, je suis bien, j'enchaîne les matches dans leur intégralité, c'est ça l'important pour moi. Et puis s'il y a des buts, c'est encore mieux, sachant qu'à Lausanne je ne joue pas en tant qu'attaquant, mais plus en tant que milieu offensif. C'est un poste que j'affectionne, je touche plus de ballons.

**FM : Du fait de votre départ en Suisse et de la faible médiatisation de ce championnat en France, le grand public vous a un peu oublié. Est-ce quelque part frustrant ?

YT :** Non, ça me fait même un peu plus de bien. Par rapport à ce que j'ai pu réaliser chez les jeunes et à Lyon, on a eu peut-être trop tendance à parler de moi, trop tôt, sans me laisser grandir tranquillement, sereinement. Je pense que c'est en me faisant prêter à Toulouse (en 2010-2011) que j'ai fait un mauvais choix, car ce n'était pas une équipe faite pour moi. Il y a des périodes délicates dans la vie d'un footballeur, puis après ça j'ai connu une blessure (trois mois d'arrêt pour une fracture de fatigue de l’os naviculaire lors de sa dernière année à l'OL). Après cette saison d'inactivité, Lausanne s'est manifesté, et maintenant je fais mon petit bonhomme de chemin, même si ce n'est pas suivi. Et puis, si je fais de bonnes performances, je pense que je peux être un peu regardé. Je me sens bien, je joue, c'est ce qui compte.

**FM : En France, la pression sur vous était forte, du fait de votre statut de grand espoir, d'aucuns allant jusqu'à vous comparer à Benzema. Était-ce un fardeau plus qu’autre chose ?

YT :** Je ne l'ai pas pris comme un fardeau. C'est sûr qu'en France on aime bien faire des comparaisons, après c'est clair que dans l'optique de ma carrière j'avais envie de suivre ses pas. À Lyon, selon moi, j'ai fait de bonnes choses, malgré un faible temps de jeu en Ligue 1. J'ai réussi à marquer 1 but sans avoir beaucoup de titularisions. C'est à moi de rebondir.

**FM : Au final, quels souvenirs gardez-vous de vos années lyonnaises ?

YT :** J'en garde de bons souvenirs. J'ai côtoyé de bons joueurs, j'ai été intégré au groupe. Après mon prêt à Toulouse, il y avait la Coupe du monde U20. Je misais beaucoup là-dessus, je voulais effacer ce qui n'avait pas été à Toulouse, ça n'a pas été le cas. Je ne partais pas avec beaucoup d'avance, puis dans ma dernière année de contrat à Lyon, il y a donc eu cette blessure. Sur la fin, c'était un peu décevant. J'aurais peut-être pu avoir une chance, mais le sort en a décidé autrement. Et puis pour le coach (Rémi Garde, Ndlr), il y avait beaucoup de jeunes, de nouvelles générations, donc ça n'a pas forcément marché sur la fin.

**FM : Vous avez fait partie de la génération dorée championne d’Europe U19, avec notamment vos collègues rhodaniens Grenier et Lacazette. Les voir aujourd’hui être des piliers de l’OL, cela vous rend-il un peu nostalgique de cette époque ?

YT :** Non, vous savez, chacun fait son chemin. Clément (Grenier) avait signé son contrat pro en même temps que moi. Ils sont restés, le coach Claude Puel ne leur avait pas ouvert la possibilité d'un prêt comme ça a pu être le cas pour moi. Ça n'a pas marché pour moi, eux ont patienté et, avec le départ des cadres, ça leur a été bénéfique. Je suis content pour eux, ils font une bonne carrière, c'est bien. J'ai eu des passages difficiles, mais ça m'a rendu plus fort. Je ne lâche pas, je sais que ça va vite dans le foot.

**FM : Êtes-vous d’ailleurs surpris par le rendement de Lacazette qui, avec vous en jeunes, évoluait surtout au poste d’ailier droit ?

YT :** Alex a toujours été bon, depuis les jeunes. Même s'il évoluait sur le côté, il a toujours été porté vers l'avant. Je me souviens même qu'au départ, il évoluait un cran en-dessous, en numéro 10, avec Clément Grenier sur le côté. Puis, ils ont inversé les rôles à partir des U16. Ils ont du talent et tirent le groupe vers le haut, c'est bien pour Lyon. Alex a toujours eu le sens du but.

**FM : En voyant Grenier et Lacazette évoluer avec brio en Ligue 1, cela vous donne-t-il envie de retrouver l’Hexagone ?

YT :** Tout dépend des clubs qui veulent me faire confiance, c'est à eux de voir. Moi, je suis en Suisse, j'ai un coach de qualité qui croit en moi. Pourquoi pas un retour en France, ce serait bien.

**FM : Ligue 1-Ligue 2, êtes-vous ouvert à tout type de challenge, vous dont le contrat expire en 2015 ?

YT :** Oui, je suis ouvert à toutes les possibilités. À moi de continuer sur ma lancée, d'être décisif pour mon équipe, d'enchaîner les rencontres. Après, pour intégrer un club, plein de paramètres entrent en compte. Je ne sais pas du tout si des clubs français me suivent. Mais l'année prochaine, j'ai envie de trouver un club qui peut me permettre de voir plus haut, qui vise le haut du tableau.

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