Info FM : du CFA à la Ligue Europa, la belle histoire d’Aniss El Hriti

Par Mathieu Rault
15 min.
Trois ogres se présentent face au Dudelange d'Aniss El Hriti @Maxppp

Venu gonfler les rangs du F91 Dudelange cet été, Aniss El Hriti disputera jeudi soir (21h) une rencontre de prestige face à l’AC Milan, en Ligue Europa. Une première historique pour le triple champion en titre du Luxembourg, mais également pour le latéral gauche de 29 ans, qui a découvert le monde pro il y a tout juste un an. Portrait d’un Francilien à la trajectoire sinueuse.

L’histoire d’Aniss El Hriti n’est pas banale. S’il ne voudrait retenir que ces deux dernières années, les plus belles d’une carrière semée d’embûches, le latéral gauche de 29 ans, qui a signé au début de l’été au F91 Dudelange, triple champion du Luxembourg en titre, porte sur son dos un bagage fait de bric et de broc, de galères et de déceptions, mais surtout de travail et d’abnégation, qui lui ont permis de toujours croire qu’après la pluie vient l’éclaircie. Révélé à Epinal (N1) il y a deux saisons, Aniss a fait ses débuts en pro l’an passé, au Tours FC (L2). Passé du Val de Loire au canton luxembourgeois d’Esch-sur-Alzette cet été, il disputera à partir de jeudi soir la phase de poules de la Ligue Europa, face au Milan, au Betis et à l’Olympiacos, après des éliminatoires mémorables et une qualification historique.

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Parisien aux racines marocaines et algériennes, Aniss a éclos à Sevran et tapé ses premiers ballons au club voisin du CSL Aulnay. La Seine-Saint-Denis au cœur, toujours, huit ans après avoir quitté la JA Drancy, le latéral arbore aujourd’hui sur les pelouses du Grand Duché le numéro 39, légué par Nadir Belhadj lors de ses débuts à Gueugnon, clin d'œil (inversé) à son département d'origine. Depuis la catégorie poussins à Aulnay-sous-Bois, Aniss en a fait des kilomètres. Les Lilas (93), Noisy-le-Sec (93), Neuilly-sur-Seine (92), un essai au PSG, un bref retour à Aulnay, puis le FCM Garges (95). «Quand tu es jeune, tu veux suivre un cursus, intégrer un centre de formation… J’étais un petit jeune de quartier, j’avais quelques petits problèmes de comportement. Rien de méchant, mais c’était délicat de signer dans un club pro, en France. Les portes étaient fermées,» se souvient-il.

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D’un exil marocain au gymnase du Garges Djibson

Aniss pense tenter sa chance au Maroc. Direction Casablanca et le Raja. «Des conditions de travail différentes, une expérience galère», une dizaine de jours plus tard, le voilà dans l’avion, direction la maison. «J’ai pas mal voyagé, je suis monté tout doucement en régime, après avoir eu le cursus d’un jeune normal, en Ile-de-France. Mais c’est à partir du moment où j’ai commencé à connaître le CFA, le National surtout, que le déclic a eu lieu. C’est là le tournant de ma carrière,» raconte le joueur, qui de retour dans son 93 natal rejoint la JA Drancy et s’inscrit, grâce à une double-licence, au Garges Djibson Futsal, référence de la discipline basée dans le Val d’Oise. Là-bas, Aniss côtoie Wissam Ben Yedder et apprend. «Le Futsal m’a apporté de la technique, il m’a permis de développer mon jeu dans les petits espaces. Moi qui aime jouer au ballon, cela m’a fait gagner en expérience et en sérénité».

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Si les années et sa future paternité ont assagi Aniss, ce dernier a toujours su ce qu'il voulait et valait. C'est d'ailleurs ce caractère affirmé qui l'a conduit à évoluer sur le côté gauche de la défense. Un poste que le joueur au pied gauche habile s'est approprié, conscient de ses qualités, mais également de ses défauts. Un atout. «J'étais milieu offensif, mais lors de mon passage à Marseille-Consolat le coach m'a dit que le poste de latéral me convenait mieux, qu'il me rendrait meilleur. Il pensait que défensivement je ferais le poids. Je me suis aperçu que ce poste me convenait mieux au haut niveau. J'aime partir lancé depuis mon camp, je ne rechigne pas à travailler et j'apprécie faire des aller-retour dans le couloir. C'était comme une évidence». Avant Consolat, c'est en Saône-et-Loire, qu'en 2010, Aniss touche le monde pro du bout du pied, à Gueugnon.

Mauvais timing à Gueugnon, retour au bas de l'échelle

Mais le projet des Forgerons tourne au cauchemar. Relégué puis finalement maintenu, le club connaît une saison 2010/2011 très compliquée et est finalement liquidé. Direction la DH. «À Gueugnon, le projet était vraiment intéressant, avec un super coach, Serge Romano, de très bons joueurs, comme Tony Vairelles ou l’ancien Niçois Everson, mais le club a connu des galères financières et fait faillite». À vingt ans, Aniss vit un rêve éveillé, il ne se rend pas bien compte de ce qui se passe. «J’avais 20 ans, j’étais jeune, je vivais mon truc, j’allais aux entraînements pour progresser et je voyais les médias se presser au club, cela ne me concernait pas vraiment». L’histoire, qui venait de débuter, s’interrompait subitement. «À partir de ce moment-là, on te dit "écoute on ne peut plus rien faire, on ne peut plus te payer", on te dit de faire ton sac, de récupérer tes affaires, les maillots qui restent et "bon courage pour la suite"».

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«On est en contact avec certains clubs pendant la saison, qui te disent qu’ils sont intéressés, que c’est fait. Et puis en fait, tu restes deux mois sur le carreau, tu es chez toi. Les recruteurs, les agents et les directeurs sportifs ne savent plus trop ce que tu fais. Pendant ce temps-là, tu as d’autres jeunes joueurs qui éclosent et toi tu dois t’adapter à ça, tu dois repartir d’en bas.» Comme Aniss n’a pas encore eu le temps de s’habituer aux joutes professionnelles, il n’a aucun mal à accepter un bon projet en CFA (N2). Il rejoint Marseille-Consolat avec l’ambition de s’affirmer. Une expérience qu’il considère aujourd’hui comme un boost. «Je sais que si j’avais continué à un niveau plus élevé, j’aurais peut-être pu connaître une meilleure progression, mais ça ne s’est pas fait. Après, dans ma tête, je n’ai jamais rien lâché, je ne suis pas parti défaitiste, bien au contraire».

La Ligue 2 manquée d'un point, le déclic à Epinal

C'est avec le club des quartiers nord de la cité phocéenne qu'il vit une saison frustrante en 2015/16. «On manque la montée d’un point, ça a été très frustrant. On se voyait déjà en Ligue 2, ça allait être historique, un petit club des quartiers nord de Marseille en Ligue 2. C’est un souvenir assez dur. On avait de supers joueurs avec nous, il y avait une très bonne ambiance, on était une famille. C’est un club qui marque parce qu’avec le peu de moyens qu’ils ont et leurs petites infrastructures, ils sont parvenus à créer de belles choses». Le discours de départ n’était pas financier, mais surtout humain et sportif. C'est ce qui avait plu au joueur en quête de rebond. «Quand notre parcours n’a pas forcément été facile, on a besoin de ce genre de discours, pour nous faire croire de nouveau en notre potentiel. Cela a été utile pour moi». C’est l’année suivante que le déclic se produit chez Aniss. Lorsqu’il rejoint Epinal, autre club de National.

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Une réussite très personnelle, puisque le club des Vosges est relégué en National 2 à l’issue de la saison. «C’est à ce moment-là que je me suis dit "c’est maintenant ou jamais". J’ai eu un coach qui m’a entièrement fait confiance (Xavier Collin, ndlr), j’ai eu des joueurs à mes côtés qui m’ont suivi, qui m’ont considéré comme un leader. Cela m’a énormément aidé à exprimer mes qualités. Quand un joueur est en confiance, il arrive à produire des choses qu’il n’avait peut-être pas l’habitude de faire, parce qu’il avait besoin d'un petit plus». À Epinal, l’environnement est propice à son épanouissement. Meilleur joueur de son équipe à neuf reprises, Aniss termine dans l’équipe type du championnat de National et se voit ouvrir de nouvelles portes. Celles du monde professionnel et de la Ligue 2. Le Tours FC le recrute à l’orée de la saison 2017/2018.

Des débuts professionnels à 28 ans

Ses grands débuts avec Tours ont lieu le 11 août 2017 face au Stade de Reims. Aniss a 28 ans et le numéro 33 vissé sur le dos. «Un souvenir inoubliable. Je me disais que tant que l’espoir existe, je croirais en mon rêve». Son rêve, il commence à le toucher du bout du pied ce jour d’été. S’il ne fera que quelques apparitions en première partie de saison et deux en toute fin (11 apparitions au total, 9 titularisations), le latéral gauche se rappelle d’une époque formidable. «J’ai fréquenté de très gros stades, j’ai joué à Bollaert, ce qui était un rêve de gosse. Je ne voyais ça qu’à la télé, le public, le stade, les supporters, je n’ai vécu que de belles choses, j’ai joué un 8e de finale de Coupe de la Ligue (contre Amiens, ndlr), ce n’était que du bonheur».

«Je n’oublie jamais d’où je viens, j’ai toujours espéré être à ce niveau là et jouer dans ce genre de stades, j’ai eu l’occasion de le vivre et je ne suis pas quelqu’un d’ingrat qui va se lancer dans un discours teinté de regret. Je suis quelqu’un d’heureux et si c’était à refaire je le referais pour vivre ce genre d’émotions». Trois entraîneurs, deux directeurs sportifs, une relégation. La situation du Tours FC n’inspire pas la stabilité. Le club va se restructurer et Aniss cherche un nouveau point de chute. «On descend en National, un championnat que j’ai connu pendant cinq saisons, je me suis dit qu’il était temps de découvrir autre chose. J’avais pas mal de sollicitations à l’étranger, quelques contacts en Ligue 2, et puis il y a eu Dudelange, champion du Luxembourg en titre, qui m’a contacté».

L’Europe passe par Dudelange

Dudelange, Diddeleng dans la langue locale, ancienne cité sidérurgique située au nord-est du bassin minier lorrain, à quelques minutes de la frontière française, ses 20.000 habitants et son stade champêtre de 2588 places assises... Dans un championnat du Luxembourg très confidentiel, le FC 91 Dudelange ne laisse que des miettes à ses concurrents. C’est là qu’Aniss a choisi de poser ses valises. L’objectif du club est de se qualifier pour la Ligue des champions, mais le parcours s’annonce semé d’embûches. Le lot de consolation serait la Ligue Europa. Là encore, il faudra batailler dur. En quête de confiance, Aniss a envie de retrouver le goût de la victoire. Une équipe qui surfe sur son championnat depuis de nombreuses années (13 titres en 18 saisons) et qui taquine les compétitions européennes chaque été, le choix semble opportun.

«J’ai bien réfléchi et le discours du staff collait avec mes ambitions. Je me suis dit que cela pouvait être une belle expérience, dans un club proche de la France, dans un beau pays. Tout coïncidait. Le petit plus était cette quête de l’Europe. Quelque chose dont chaque joueur rêve», rappelle Aniss. Encore un peu juste physiquement, il ne prend pas part aux éliminatoires de la Ligue des champions. Au mois de juin, le F91 est éliminé au premier tour de qualification par les Hongrois de Videoton. Reversé au deuxième tour de qualification de la Ligue Europa, le F91 doit passer par trois confrontations aller-retour pour atteindre la phase de poules. Les Kosovars de Drita (2-1, 1-1), les Polonais du Legia Varsovie (0-2, 2-2) les Roumains du FC Cluj (2-0, 2-3). Aniss dispute ses premiers matches et enchaîne les tours !

À Varsovie, au bon souvenir du Real Madrid

Des victoires, avec la manière, qui permettent aux Luxembourgeois de décrocher une première qualification historique pour la phase de poules de la Ligue Europa. «La victoire au Legia Varsovie (0-2, au 3e tour de qualification aller de la Ligue Europa, ndlr) reste mon plus beau souvenir de footballeur. Il y a deux ans, le Real Madrid jouait là-bas en Ligue des champions, les deux équipes faisaient 3-3, il y avait Cristiano Ronaldo, toutes les stars, et les Polonais avaient réussi à leur tenir tête. Deux ans après, l’un des petits poucets d’Europe se présente dans un stade magnifique et à l’ambiance de folie, avec des supporters dont la réputation n’est plus à faire. On a fait ce que personne ne pensait possible. C’était grandiose,» se souvient le joueur, inarrêtable lorsqu'il s'agit d'évoquer ses souvenirs de voyages européens encore chauds.

Le match retour à Cluj, qui offre une qualification historique au F91, est un autre moment à jamais gravé dans la mémoire d’Aniss. «C’était autre chose. Là-bas, on avait une petite marge d’avance (Dudelange l’avait emporté 2-0 à l’aller, ndlr), il fallait qu’ils en mettent trois pour se qualifier. On a joué libérés et on a marqué trois buts (Dudelange menait 0-3 à la 85e, score final 2-3) ! La réaction du public de Cluj a été très étonnante. Il a vraiment été très reconnaissant. Peut-être aussi déçu de la prestation de ses joueurs, il nous acclamait à chaque passe réussie. On se sentait aimés et respectés, et la plupart du temps dans le football quand les choses se passent comme ça tu profites de tout, tu continues de vivre à fond ton rêve et ton match. Il y a une sorte d’immunité qui s'installe, on se sent pousser des ailes». Malgré la fête qui s'est emparée du Luxembourg, pas question de céder à l'euphorie.

Un environnement optimal à Dudelange

«On a profité de ce merveilleux moment. Sur le coup, on ne réalisait pas. Plus les jours passaient, plus on rencontrait de gens qui nous rappelaient ce qu’on venait de réaliser. Nos familles, les Luxembourgeois, les médias, nous faisaient sentir qu’on avait fait quelque chose de magnifique». Les clubs luxembourgeois ne sont pas en reste. Tout comme la Fédération. Chacun salue la performance. Passer du statut d’anonyme à celui de vedette, n’est pas chose aisée, mais le joueur sait qu’il est bien entouré. A commencer par un coach qui a la tête sur les épaules. C’est Dino Toppmöller, fils de Klaus, coach mythique du Bayer Leverkusen finaliste de la Ligue des champions en 2002, qui est aux manettes à Dudelange. «Le coach est quelqu’un de très humble et je pense qu’on est à son image. On arrive à garder les pieds sur terre après ça».

«Dans le football, les choses s’enchaînent. On n’a pas trop le temps de s’appesantir. On a aussi besoin de penser au championnat (Dudelange est 12e sur 14 mais compte plusieurs matches en retard, ndlr) pour pouvoir revivre des moments comme ça la saison prochaine,» précise le joueur. Un état d'esprit notamment insufflé par son partenaire de la défense, Milan Bisevac. Arrivé cet été au Luxembourg après un passage à Metz, le défenseur central serbe dispose d'un certain bagage sur la scène européenne, avec des expériences à l'Etoile Rouge, Lens, Paris ou Lyon. «Il est venu nous apporter son expérience et aujourd'hui il remplit parfaitement sa mission. Il a toujours les mots pour nous motiver. Il nous rappelle aussi que tout va très vite dans le football et que nous devons profiter un maximum de l'instant présent. Il nous apporte cette sérénité et cette élan qui nous pousse à nous remettre au travail dès la victoire acquise. C'est super d'avoir des joueurs de ce calibre à nos côtés,» souligne aujourd'hui Aniss.

Milan, Betis et Olympiacos en Ligue Europa

Le 31 août dernier, pendant que gloires et anciennes gloires du football mondial se pressaient au Forum Grimaldi de Monaco, les joueurs du F91 assistaient au tirage au sort de la phase de poules de la Ligue Europa au centre d'entraînement. «C'était assez dingue. Nous, en tant que joueurs, on voulait prendre trois grosses équipes, puisqu'on a réalisé quelque chose de magnifique on voulait être récompensés en vivant d'autres moments magnifiques. Des moments qui resteront gravés à vie dans notre mémoire de footballeur. On sait que l'AC Milan est un grand d'Europe, on sait que San Siro est un stade mythique, le Betis Séville, c'est du très haut niveau, proche du Top 5 espagnol, l'Olympiacos c'est une grande équipe avec une grande histoire, un habitué de la Ligue des champions avec une ambiance de folie chez lui. Tomber avec trois cadors dans notre poule, ce n'est que du bonus».

Jeudi soir, pour la réception de l'AC Milan (21h), le Stade Jos-Nosbaum de Dudelange sera vide. Pour la simple et bonne raison que le F91 s'exile au stade Josy Berthel pour ses rencontres européennes. Si les supporters espéraient une délocalisation au stade Saint-Symphorien de Metz voisin, pouvant accueillir jusqu'à 25 000 personnes, le choix s'est finalement porté sur l'arène de Luxembourg-Ville et ses quelques 8000 sièges, qui seront tous occupés. Il faut dire que le club a mis en vente des packs pour les trois rencontres à domicile. 125 euros pour être placé en tribunes couvertes, 75 euros en tribune de face et 50 euros en tribune de côté. Du côté d'Aniss, si aucun objectif n'est clairement fixé chez le deuxième plus petit coefficient UEFA de la compétition (à égalité avec Trnava, devant Sarpsborg), ces rencontres de prestige devront être l'occasion de se surpasser.

Objectif : tout laisser sur le terrain

«Après ce que nous avons réalisé lors des éliminatoires, il est certain que nous, joueurs de football, on ne s'avouera jamais vaincus. On jouera 95 minutes à fond, on donnera notre vie sur le terrain. Sur le plan personnel, l'objectif est d'être le meilleur possible pour l'équipe, en étant avant tout le plus discipliné et décisif possible. Collectivement, on ne s'est pas fixé d'objectif comptable. Aujourd'hui, on a six matches, 540 minutes à l'issue desquelles on doit finir par terre, à bout de forces, pour n'avoir aucun regret. L'avenir nous dira ce qu'il se passera». C'est plein d'optimisme qu'Aniss El Hriti s'apprête à démarrer un nouveau chapitre de son étonnante carrière. Un voyage qu'il voulait partager, pour ceux qui doutent. «J’aimerais parler de ce qui m’est arrivé de bien dans le football pour encourager les jeunes, les jeunes personnes de mon âge, à toujours croire en leurs rêves. Seul le travail paie. Il ne faut jamais abandonner, mais toujours croire en soi, malgré les moments délicats. S'entourer des bonnes personnes et surtout, travailler pendant que ton adversaire dort».

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