Entretien avec… Grégory Arnolin : « Il y a de très grands talents dans les cités, mais ils n’ont pas leur chance »

Par Khaled Karouri
6 min.
Sporting Gijón @Maxppp

Méconnu dans l'Hexagone, le Français Grégory Arnolin brille pourtant en Espagne, sous le maillot du Sporting Gijon. Du haut de ses 30 ans, le défenseur étonne de l'autre côté des Pyrénées. Pour Foot Mercato, le joueur revient sur son parcours, sa saison, sans oublier de nous donner son regard sur la Liga.

Foot Mercato : Tout d'abord Grégory, comment allez-vous ?

Grégory Arnolin : Ça va super bien, merci.

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FM : Quel regard portez-vous sur votre saison du côté de Gijon ?

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GA : J'ai fait presque l'intégralité des matches. Je n'ai pas joué les derniers matches car j'étais suspendu et l'équipe a fait des bons matches. L'entraîneur a donné leur chance à des jeunes joueurs qui font une bonne saison. Mais bon, le football c'est comme ça. Sur un plan personnel, je suis content de ma saison. On verra si on va arriver à atteindre nos objectifs.

FM : Et sur un plan plus collectif, que pensez-vous de cette saison ?

GA : On a mal commencé. On a perdu des matches ou fait des matches nuls avec de la malchance. Là, on fait une deuxième partie de championnat assez convaincante. On fait un bon parcours. Même si on n'a pas beaucoup de points d'avance sur la zone de relégation, on sent qu'on monte en puissance. On a un peu mal commencé, mais on espère bien terminé.

FM : Et justement, quels sont vos objectifs pour cette fin d'exercice ?

GA : L'objectif, on sait que c'est le maintien. C'est l'objectif principal. Mon bilan personnel passera par le bilan collectif. J'espère qu'on va réussir à se maintenir. Après, il me reste trois ans de contrat. C'est vrai que je me sens bien ici. Mais en tant que Français et en tant que professionnel, je ne ferme pas la porte à d'autres challenges. Maintenant, c'est vrai que je suis quand même très, très bien ici.

FM : Vous avez un parcours assez atypique, pourriez-vous nous le raconter ?

GA : C'est vrai que c'est un petit peu compliqué. Je n'ai fait aucun centre de formation. J'ai commencé à Montfermeil, là où j'habitais quand j'étais jeune. Je faisais donc mes études, en DEUG STAPS. Et un jour, un club portugais est venu me voir car ils étaient intéressés par mes services, et j'ai signé. Et en un an et demi, je me suis retrouvé en première division. J'ai signé à Gil Vicente et ensuite je n'ai fait que grimper. Et je me retrouve aujourd'hui en Espagne, le meilleur championnat au monde selon moi. Ça n'a pas été facile, j'ai réussi à avoir mon premier contrat pro à 22 ans. J'ai tout lâché en France, j'ai lâché mes études pour aller au Portugal. Le Portugal a changé ma vie, à tous les niveaux. Si aujourd'hui on parle de moi, c'est bien parce que je suis passé par le Portugal.

FM : Un parcours qui n'est pas sans rappeler celui d'Aly Cissokho, qui a dû passer par le Portugal pour se faire un nom. Comment expliquez-vous que de nombreux talents échappent aux centres de formation et aux superviseurs ?

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GA : Oui, d'ailleurs j'ai eu l'occasion de jouer contre Aly quand il était à Setubal. Il montre aujourd'hui qu'il a de très, très bonnes qualités. On m'a dit qu'avant il était dans un club amateur en France et qu'on ne lui a pas fait confiance. C'est vrai qu'aujourd'hui, il y a de très grands talents dans les cités. Mais ils n'ont pas leur chance ! Quand on ne te donne pas la chance de montrer ton talent, c'est très difficile. En France, on a des préjugés. On regarde beaucoup d'où tu viens, et malheureusement du coup on perd beaucoup de joueurs. Il y a beaucoup de jeunes joueurs qui ont du talent et qui vont à l'étranger et qui finissent par réussir. Il y a malheureusement beaucoup de préjugés.

FM : Comme vous l'avez dit, il vous reste trois ans de contrat. Seriez-vous malgré tout intéressé par un retour en France cet été ?

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GA : Ça dépend de beaucoup de choses. Je suis très bien ici, dans le meilleur championnat d'Europe et du monde. S'il y a quelque chose, il faudra alors en parler avec le club. Mais je suis très bien ici et à l'heure actuelle, je n'envisage pas un retour en France. Mais on ne sait jamais ce qui peut se passer.

FM : Il y a environ trois ans, votre nom avait circulé du côté de Rennes...

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GA : On m'a beaucoup parlé de l'intérêt de clubs français, mais rien ne s'est fait. Il y a beaucoup de rumeurs et c'était plus une rumeur qu'autre chose.

Son regard sur la Liga

FM : Adil Rami va rejoindre l'Espagne cet été, à Valence. Auriez-vous des conseils à lui donner pour affronter les attaquants de Liga et s'adapter à ce championnat ?

GA : Je devrais plutôt recevoir des conseils de sa part (rires). Rami est en équipe de France, c'est un grand joueur. Il joue déjà contre les meilleurs attaquants de chaque pays. Mais c'est vrai qu'en Espagne, les attaquants quand ils ont une occasion, ils la mettent au fond. C'est ce qui fait la différence. Ici, quand on perd un ballon ou qu'on fait une faute, ils la mettent tout de suite au fond, ça ne pardonne pas. Dans ce championnat, il y a différents types d'attaquants, avec des petits ou des grands, des joueurs bons de la tête, d'autres rapides, d'autres bons des deux pieds... C'est assez complet. Mais il va bien s'adapter. Je l'ai déjà vu jouer, c'est un très bon joueur.

FM : Et forcément, qui dit Liga dit FC Barcelone et Real Madrid. Quelle formation vous a le plus impressionné ?

GA : Le Real Madrid est l'une des meilleures équipes du monde. Maintenant, c'est clair que le FC Barcelone ne fait pas partie de ce monde ! C'est quelque chose de fou. J'ai joué contre eux et franchement... Tu es sur le terrain, tu te prends 3-0, et tu te dis malgré tout que tu fais un bon match. Il y a une énorme différence. Mais il y a beaucoup de choses derrière, avec la formation. La plupart des joueurs viennent de la Masia, et quand tu joues contre le Barça, tu as 20% de possession de balle et eux 80. Ils peuvent marquer à tout moment. Maintenant, il y a de grands joueurs au Real Madrid. C'est une équipe que j'aime beaucoup aussi.

FM : Et qui de Lionel Messi ou de Cristiano Ronaldo vous a le plus impressionné ?

GA : Je vais me répéter un peu. On peut dire que Cristiano Ronaldo est le meilleur joueur du monde, mais Messi est sur une autre planète. C'est un truc de fou. C'est hors du commun. Je n'avais jamais vu ça. J'ai joué contre lui, et c'est pratiquement impossible de lui prendre le ballon dans les pieds.

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