Pourquoi le Real Madrid est devenu plus attractif pour les pépites que le FC Barcelone

Par Max Franco Sanchez
7 min.
Le Real Madrid rafle très souvent la mise face au Barça @Maxppp

Ces dernières années, le Real Madrid a souvent devancé le FC Barcelone sur des dossiers où les deux ogres espagnols étaient au coude à coude. Dani Ceballos, Vinicius Junior, Luka Jovic, Ferland Mendy, Takefusa Kubo ou Marco Asensio ont par exemple choisi de rejoindre la capitale plutôt que la Catalogne. Comment expliquer ce phénomène, alors qu'il y a encore quelques années le Barça était un modèle de formation mais aussi de post-formation?

Un temps de jeu supérieur à Madrid

Ces dernières années, rares ont été les jeunes joueurs recrutés ou issus de La Masia à avoir profité d'un temps de jeu conséquent. Clément Lenglet est peut-être le seul jeune joueur à avoir pu s'imposer durablement dans les compositions d'Ernesto Valverde, mais force est de constater que les pépins physiques de Samuel Umtiti y sont pour beaucoup. De même pour Arthur, à un degré moindre ceci-dit dans la mesure où la concurrence est moins importante à son poste. Mais le manque de rotations d'Ernesto Valverde et le fait que les cadres soient intouchables a fermé beaucoup de portes. Sergi Roberto est ainsi préféré à Nelson Semedo sur le côté droit de la défense, Malcom n'a que très peu foulé les pelouses espagnoles et Carles Aleñá a dû se contenter des miettes. Les deux premiers ont pourtant coûté très cher aux Catalans et faisaient - et font encore - partie des jeunes les plus prometteurs à leur poste. Inutile de mentionner les cas de Riqui Puig ou de Juan Miranda. Du côté de Madrid, on donne généralement plus la chance aux jeunes joueurs en équipe première, même si certains cas font aussi polémique. Sergio Reguilón s'est par exemple emparé d'une place de titulaire, Alvaro Odriozola a beaucoup joué malgré un statut de remplaçant, et Marco Asensio et Vinicius Junior ont aussi eu un temps de jeu conséquent depuis leur arrivée. Isco et Lucas Vazquez, qui sont dans la fleur de l'âge aujourd'hui, ont aussi bénéficié de bon nombre de minutes lorsqu'ils étaient plus jeunes. Dani Ceballos ou Marcos Llorente ont peut-être moins joué que prévu, mais tout deux ont quand même disputé un certain nombre de matchs avec leur club. Brahim Diaz devrait aussi continuer d'avoir des opportunités. On notera aussi que ces dernières années, de nombreux jeunes de La Masia ont quitté le club avant d'atteindre l'équipe première, conscients que les places sont rares. On pense à Alejandro Grimaldo, Eric Garcia, Jordi Mboula ou Sergi Gomez, entre autres.

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La possibilité de rebondir ailleurs plus facilement

Lorsque l'on dit que le Real Madrid sait mieux vendre ses joueurs que le FC Barcelone, on pense souvent, avant tout, à l'intérêt financier du club. Forcément, des entrées d'argent plus conséquentes permettent, théoriquement, au club d'être en meilleure santé financière et/ou d'avoir plus de marge pour recruter ou offrir des gros salaires sur le mercato. Mais c'est aussi important pour les joueurs. Force est de constater que les jeunes qui n'arrivent pas à se faire une place à Madrid arrivent généralement à mieux relancer leur carrière que leurs homologues barcelonais, dans le sens où ils rejoignent des gros clubs plus facilement. Les exemples sont légion : Alvaro Morata est passé par la Juventus avant de revenir, puis Chelsea et est aujourd'hui indiscutable à l'Atlético. Danilo a pu rejoindre Manchester City, Jesé a signé au Paris Saint-Germain, Mariano avait découvert la Ligue 1 à l'OL, et ce n'est pas fini puisque les joueurs sur lesquels Zinedine Zidane ne compte pas devraient eux aussi rejoindre des gros clubs cet été. Marcos Llorente est ainsi proche de l'Atlético de Madrid, Dani Ceballos a une grosse cote en Angleterre, Odegaard devrait signer à l'Ajax et Raul de Tomas est annoncé dans bon nombre de clubs disputant des compétitions européennes partout à travers l'Europe.

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Du côté du FC Barcelone, c'est un peu plus compliqué. Pas forcément parce que les jeunes en question sont moins bons ou sont moins intéressant pour les clubs, mais parce que les dirigeants catalans ont généralement du mal à accepter de se séparer d'eux et leur gestion est parfois difficilement compréhensible. Beaucoup enchaînent ainsi des prêts avec des options d'achat jamais levées dans des clubs de seconde zone ou végètent au Barça en attendant d'avoir leur chance. Leur cote et leur valeur marchande finissent par descendre. Sergi Samper - bien que les pépins physiques n'ont pas aidé - en est un des meilleurs exemples, et il joue aujourd'hui au Japon. De même pour Gerard Deulofeu, aujourd'hui à Watford, même s'il réalise des performances convaincantes avec les Hornets. Munir El Haddadi avait dû s'en aller tenter sa chance à Alavés, Halilovic à Hambourg, Sandro à Malaga, Isaac Cuenca au Deportivo ou Tello à la Fiorentina. Des joueurs comme André Gomes ou Yerry Mina, arrivés à Barcelone avec l'étiquette de joueurs extrêmement prometteurs et aussi convoités par d'autres grosses écuries, n'ont pas pu trouver un meilleur point de chute qu'Everton. Marc Bartra est l'un des rares joueurs qui avait réussi à trouver une porte de sortie prestigieuse en signant au Borussia Dortmund à l'époque. Lorsque l'on est un jeune joueur et qu'on sait qu'on arrive dans un gros club à forte concurrence, il faut logiquement envisager le pire et déjà anticiper, et forcément, les exemples récents ne jouent donc pas en faveur du FC Barcelone.

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Les jeunes ont du mal à progresser au Barça

Combien de jeunes ont progressé sous les ordres d'Ernesto Valverde ? Une question rhétorique, tant la réponse est évidente. Clément Lenglet est peut-être le seul jeune joueur qui a suivi une progression linéaire depuis son arrivée au FC Barcelone. Ousmane Dembélé est-il meilleur qu'au Borussia Dortmund ? La réponse est probablement négative. Quant à Arthur Melo, il a même régressé au fur et à mesure que la saison avançait ! Difficile d'évaluer la progression de joueurs comme Nelson Semedo ou Malcom, tant ils ont peu joué, alors que les joueurs formés à la maison comme Aleñá ou Riqui Puig n'ont pas eu de vraies opportunités. Et au Real Madrid, où les jeunes ont plus de temps de jeu, ils ont forcément connu une progression plus conséquente. Sergio Reguilón en est clairement le meilleur exemple, mais même un Jesus Vallejo a montré de belles choses sur la fin de saison.

De meilleurs salaires

Il ne faut pas se voiler la face, la composante économique reste très importante pour les joueurs - et souvent surtout pour leur entourage - lorsqu'il faut quitter le club formateur et rejoindre l'élite. Et dans ce cas là, le Real Madrid propose généralement des salaires plus importants que le club catalan aux jeunes joueurs. S'il est toujours difficile d'avoir des chiffres exacts, les salaires des joueurs n'étant jamais rendus officiels par les clubs, les chiffres dévoilés par les médias sont frappants. La starlette japonaise de 18 ans Takefusa Kubo va toucher un salaire d'un million d'euros par saison, et ce alors qu'il va jouer avec le Castilla en D3. Un cas similaire à ce qui était arrivé avec Martin Odegaard il y a quelques années. Le Norvégien touchait le même salaire. Avec la plus grosse masse salariale du monde du football pour l'équipe première, le champion d'Espagne en titre ne peut donc pas se permettre de couvrir des jeunes joueurs d'or et souhaite maintenir une politique plutôt stricte lorsqu'il s'agit de faire signer des joueurs qui n'ont pas encore prouvé au plus haut niveau. Le FC Barcelone aurait d'ailleurs pris des mesures à ce sujet récemment, acceptant de revoir les salaires proposés aux joueurs U19 à la hausse pour se montrer plus attirant mais aussi pour éviter la fuite de talents vers d'autres clubs. Ilaix Moriba, un des joueurs les plus prometteurs de La Masia, touchera ainsi 2 millions d'euros par saison à 16 ans. Des efforts que le Barça ne fera qu'avec ses tous meilleurs éléments, et uniquement avec des joueurs formés à La Masia...

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Le prestige des anciens

C'est un aspect sur lequel on insiste généralement peu mais qui n'est clairement pas à négliger. Florentino Pérez n'a pas hésité à s'entourer d'anciennes gloires du club, qui travaillent officiellement ou officieusement pour le club. Ronaldo et Roberto Carlos, qui restent toujours très proches du président madrilène, ont ainsi joué un rôle prépondérant dans l'arrivée de Vinicius Junior. L'ancien latéral de la Canarinha travaille d'ailleurs officiellement pour le club et était présent lors de la présentation de Luka Jovic la semaine dernière. La présence de Zinedine Zidane sur le banc de touche aide forcément, puisque les joueurs de la nouvelle génération ont grandi en admirant les exploits de Zizou. « Ferland Mendy n'a pas pu résister à l'appel de Zinedine Zidane », a par exemple confié Jean-Michel Aulas. Des armes supplémentaires pour débloquer des situations donc, d'autant plus que du côté de Barcelone, on retrouve très peu d'anciennes gloires occupant un rôle dans l'institution. Des légendes comme Xavi Hernandez ou Puyol sont elles par exemple en froid avec la direction de Josep Maria Bartomeu, et les autres grands noms des années 90 et 2000 n'interviennent pas dans les décisions sportives du club. Une piste à creuser pour le Barça...

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