Valence : les 5 chantiers de Gary Neville

Se mettre le public dans la poche

Le public de Mestalla est connu pour son exigence et son impatience, et Gary Neville n'arrive pas forcément dans les meilleurs conditions. Après le départ de Nuno Espirito Santo, les supporters Chés s'attendaient à voir débarquer un coach expérimenté et qui connaisse la Liga. L'ancien mancunien est pratiquement à l'opposé de ce profil, d'autant plus que l'échec de David Moyes à la Real Sociedad ne plaide pas vraiment en faveur de la cause britannique en ce moment. Autre élément qui ne plaît pas sur les rives du Turia : Neville conservera son rôle d'entraîneur adjoint de la sélection anglaise, et occupera ainsi deux fonctions à la fois !

S'adapter à un championnat et à un pays qu'il ne connaît pas

La Liga est un championnat où les coachs étrangers, latino-américains et Portugais à part, ont généralement du mal à s'adapter. La plupart préfère d'ailleurs ne même pas tenter l'aventure. Ce n'est pas un hasard si 17 des 20 coachs du championnat sont espagnols, et que deux autres sont des Argentins qui ont évolué en Liga au cours de leur carrière. Neville sera donc le seul « étranger » présent sur les bancs de touche espagnols. L'Espagne est un pays complètement différent de l'Angleterre footballistiquement parlant. Sans comparer le niveau de la Liga à celui de la Premier League, le football ibérique donne par exemple plus d'importance au milieu de terrain, et il y a bien moins d'espaces entre les lignes qu'au Royaume-Uni. L'apprentissage risque d'être long, mais son frère, présent dans le staff de Valence depuis cet été, l'a sûrement déjà briefé.

La pression du public ne sera pas forcément un élément compliqué à gérer pour lui, compte tenu de son passé en tant que joueur, mais l'Anglais devra assimiler qu'en plus de l'exigence des résultats, il aura aussi l'exigence du jeu à gérer. Les supporters de Valence sont ce qu'ont appelle des "resultadistas" de l'autre côté des Pyrénées. Si Neville a des résultats, même sans pratiquer un jeu flamboyant, les supporters ne broncheront pas. En revanche, les observateurs, les consultants et les fans d'autres équipes ne manqueront pas de l'allumer si le jeu pratiqué par son équipe est jugé médiocre. Il devra aussi comprendre le fonctionnement et les mécanismes de la presse et des médias espagnols.

Lutter face à l'ombre de Jorge Mendes

Gary Neville n'est pas un entraîneur du catalogue Mendes, c'est déjà un bon point pour lui. Les médias espagnols ont d'ailleurs annoncé que Peter Lim comptait réduire l'influence du Portugais au sein du club, mais l'effectif reste encore bien garni de joueurs appartenant à Gestifute. Pendant son aventure à Valence, Nuno a souvent privilégié les éléments représentés par Mendes au détriment de joueurs recrutés par l'ancien directeur sportif Rufete et son bras droit Roberto Ayala. Ainsi, des joueurs ne faisant pas partie de l'écurie Mendes comme Alvaro Negredo, Lucas Orban ou Rodrigo De Paul, ont souvent été mis de côté sans raison sportive apparente. Il devra donc satisfaire les "exigences" de Mendes tout en obtenant de bons résultats. Une gymnastique compliquée à laquelle Neville devra s'adapter.

Remettre certains joueurs dans le droit chemin

Neville ne devra pas seulement s'adapter à un nouveau championnat et à un nouveau pays : il aura fort à faire dès les premiers entraînements de son mandat. Cette saison, plusieurs joueurs de l'équipe sont en dessous de leur niveau. On pense notamment à Pablo Piatti, qui avait enfin fait une saison complète l'an dernier, mais qui est retombé dans l'ombre cette saison. Un retour en forme de l'Argentin pourrait en partie mettre fin aux soucis offensifs de l'équipe Ché. André Gomes, milieu de terrain étincelant qui avait fait des miracles lors de l'exercice 14/15, peine également à retrouver son rythme de croisière, pas aidé par ses pépins physiques récurrents. L'expérience de Neville au plus haut niveau pourrait également permettre aux jeunes défenseurs valencians de prendre du gallon et de franchir un pallier. On pense forcément aux latéraux José Luis Gaya (20 ans) et Cancelo (21 ans), plutôt moyens cette saison alors qu'ils sont considérés à juste titre comme des latéraux d'avenir. Avec un effectif à son meilleur niveau, les résultats seront forcément au rendez-vous.

Retrouver une vraie animation offensive

C'est le principal problème de Valence cette saison. Les ballons n'arrivent pas aux attaquants et le club ne se procure que trop peu d'occasions. Face à Séville, les Blanquinegres ont terminé la rencontre avec 0 tir au compteur ! Pour y remédier, Neville devra probablement réaliser certains choix tactiques, ce que Nuno n'a pas réussi à faire. Le milieu de terrain valencian souffrant d'un cruel manque de créativité, l'Anglais devra peut-être privilégier des joueurs comme Rodrigo De Paul dans l'axe ou Zakaria Bakkali sur un coté, au détriment de joueurs comme Enzo Perez ou Santi Mina. On surveillera également de très près le mercato hivernal, où Valence sera normalement très actif, pour voir si Gary Neville compte proposer des noms de joueurs britanniques qui pourraient correspondre aux idées qu'il veut inculquer à son équipe. Les premières semaines du natif de Bury à la tête de ce Valence sauce british s'annoncent passionnantes !