Ces anciens clubs de l’élite partis à la dérive (1/2)

Par Dahbia Hattabi
6 min.
Strasbourg retrouvera-t-il l'élite du foot français un jour ? @Maxppp

Sochaux-Brest-Troyes, c'est le tiercé qui actuellement se rapproche de la L2. Trois écuries qui, si elles venaient à descendre, feraient tout pour ne pas imitier d'anciens clubs français qui ont connu une chute brutale. Foot Mercato vous propose au travers d'une petite série de deux articles de revenir sur ces glorieux clubs partis complétement à la dérive. La première partie est consacrée à Strasbourg, Cannes et Grenoble.

Après avoir été dans le haut du panier, certains anciens pensionnaires du Championnat de France ont été plongé dans une spirale négative. Déroute sportive, contrecoup financier et perte du statut professionnel: ces clubs ont vécu un véritable calvaire. Une descente aux enfers qu'a connu dans un laps de temps assez réduit le mythique Racing Club de Strasbourg. Encore en Ligue 1 en 2007-2008, l'écurie alsacienne, double vainqueur de la Coupe de France et Championne de France en 1979, est retombée en CFA 2 en 2011. Fragilisé par les changements fréquents dans l'encadrement et la direction du club, le RCS a surtout eu de gros problèmes financiers. Des problèmes qui ont eu pour conséquences des rétrogradations successives et la mise en liquidation judiciaire il y a deux ans.

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Après la tourmente, la renaissance de Strasbourg ?

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Une bien triste trajectoire pour un club emblématique qui a passé 56 saisons en élite. En plein renouveau, Strasbourg est remonté en CFA au terme de l'exercice 2011-2012. Un premier pas important pour une écurie en plein renouveau. Rachetée par un groupe d'investisseurs mené par Marc Keller, nouveau président, elle a été rebaptisé Racing Club de Strasbourg Alsace. Un nouveau nom comme pour oublier les épreuves passées. Pour atteindre son objectif de remontée en National, le club s'appuie sur des éléments comme Jean-Philippe Sabo, recruté l'hiver dernier. Contacté par nos soins, l'ancien marseillais nous a confié: «Je suis arrivé à Strasbourg au mercato d'hiver. Ca faisait six mois que j'étais sans club. Les clubs ne venaient pas spécialement vers moi. Le projet de Strasbourg m'a intéressé.(...) L'objectif du club est de vite remonter en National. Cela sera un tremplin pour attirer de grands joueurs et remonter en L2. Je ne sais pas si on le fera cette année. On est toujours en lice pour le faire.» Deuxième de son groupe en CFA, Strasbourg est à un point du leader et peut toujours obtenir le seul ticket disponible pour monter en National.

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Malgré ses problèmes, le club a toujours pu compter sur ses supporters. Début avril 2013, le stade de la Meineau a rassemblé plus de 20 000 spectateurs à l'occasion du derby contre Mulhouse. Un record pour une écurie évoluant au quatrième échelon national. Le genre de soirée qu'espère revivre des joueurs comme Jean-Philippe Sabo, conscient qu'il évolue dans un club mythique. «Plusieurs grands joueurs ont évolué ici. Le club était européen il n'y a pas si longtemps. Tout le monde en parle ici. Il y a la nostalgie de la L1 et de la L2. On nous parle souvent du match perdu contre Montpellier pour la remontée en L2. (ndlr saison 2008-2009). (..) Partir jouer en CFA à Strasbourg, ce n'est pas pareil qu'à Raon l'Étape par exemple. Déjà les infrastructures sont dignes de la Ligue 2 voire même de la Ligue 1. C'est quand même un niveau au-dessus de ce qui se fait en CFA. (...) On joue en CFA par rapport au niveau, mais pas par rapport au public. On a sept à huit milles spectateurs à la Meineau. Le stade est plein. Il y a une bonne ambiance.» Comme ses coéquipiers, Sabo se sent investi d'une mission. Aux Strasbourgeois de faire oublier ces mauvais moments et de ramener le club vers les sommets du foot français.

Cannes : de la gloire à l'enfer

Vainqueur de la Coupe de France en 1932, l'AS Cannes a tutoyé le haut niveau et a même participé à la Coupe de l'UEFA. Mais dans les mémoires collectives, c'est le club qui a révélé Zinédine Zidane et Patrick Vieira. Mais pas que. Des éléments comme Gaël Clichy, Julien Escudé, Johan Micoud, Sébastien Frey ou Jonathan Zebina sont sortis du centre de formation des Dragons. Un centre réputé qui a fermé ses portes en 2006. L'une des étapes importantes de la chute de l'écurie cannoise. Une spirale négative qui a commencé en 1998. Après avoir oscillé entre l'élite et la seconde division, les rouges et blancs sont descendus en D2 cette année-là. La descente de trop pour les Dragons qui ont découvert le National en 2001, puis le CFA dix ans après.

Un petit échec pour le président cannois Ziad Fakhri arrivé au club en 2009 avec l'objectif de faire retrouver à l'ASC son statut professionnel. Un statut qu'il a perdu il y a maintenant neuf ans. Le numéro 1 cannois confiait: «Que ce soit sur les deux plans, financier et sportif, la Ligue 2 est la clé de la pérennité de l’AS Cannes. Au-delà de la joie que cela procurerait pour tous les amoureux du club, c’est une nécessité. Nous avons structuré le club comme un club professionnel en terme sportif, médical et administratif. (...) Il ne faut pas oublier d’où l’on vient et où l’on veut aller, mais il faut se souvenir que le CFA est aujourd’hui notre quotidien. On doit rester ambitieux, sans brûler les étapes.» Mais Cannes ne peut plus monter cette saison et va rempiler pour une année supplémentaire en CFA.

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Grenoble, une chute inéxorable

Un stade flambant neuf, de nouveaux investisseurs japonais et un nouveau président avec Kazutoshi Watanabe: le GF38 avait bien préparé son retour en L1 en 2008 après quarante-cinq ans d'absence. Mais il n'avait pas prévu les échecs qui suivraient. La désertion des investisseurs nippons d'Index Corporation. Mais surtout après seulement deux ans en élite et une place de bon dernier, le club isérois est revenu en Ligue 2 en 2010. Et le calvaire a continué. Descente en Nationale, endettement, relégation administrative en CFA 2, dépôt de billan et perte du statut professionnel: Grenoble s'est enfoncé dans la crise. Dans cette période difficle, le GF38 a pu s'appuyer sur Alain Fessler, président du club, prêt à se démener pour remettre Grenoble à flot. «Quand le club s'est cassé la gueule, je me suis battu pour rester et faire en sorte qu'il ne reparte pas en Division d'honneur, comme cela aurait dû arriver. Je m'en sentais moralement obligé.»

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Une situation dont le club aurait pu se passer selon l'entraîneur actuel Olivier Saragaglia : « Bien sûr qu'on aurait pu éviter un tel gâchis. Comment ? En vendant les meilleurs éléments de l'année lors de l'année en L2, on aurait dégagé des fonds suffisants pour ensuite repartir en National avec les jeunes du centre de formation.» Montés en CFA en 2012, les Isérois sont quatrièmes de leur groupe à deux points du leader Lyon-La Duchère. Une deuxième montée en deux saisons reste toujours possible pour l'écurie grenobloise. L'occasion peut-être d'utiliser le Stade des Alpes enfin à sa juste valeur. Une enceinte symbolisant à elle seule la chute du GF38. Grenoble mais également Strasbourg et Cannes, autant d'exemples qu'au football comme ailleurs, rien n'est jamais acquis. Pour redorer leur blason, un retour dans le giron professionnel est l'objectif prioritaire de ces écuries qui ont connu la gloire mais aussi à la crise.

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