PSG, Belgique : la folle ascension de Thomas Meunier vue par un de ses anciens présidents

Par Alexis Pereira
7 min.
PSG @Maxppp

L'année dernière, on attendait Hatem Ben Arfa, Jesé Rodriguez ou encore Grzegorz Krychowiak, mais seul Thomas Meunier a réussi à s'imposer comme une solution crédible au Paris SG. Entre prestations abouties, buts importants et mots bien sentis, le Belge s'est parfaitement adapté au club de la capitale. Contacté par nos soins, Philippe Emond, son ancien président à Virton, son premier club professionnel en Belgique, a livré son regard sur la trajectoire de son ancien protégé.

«Thomas Meunier ? C'est un joueur qu'on ne connaissait pas vraiment, on a tous été agréablement surpris, il a un gros potentiel, c'est un gros travailleur. Il a des qualités auxquelles on ne s'attendait pas. C'est vraiment un renfort de poids.» Il y a quelques mois, en conférence de presse, Adrien Rabiot (22 ans) donnait son sentiment sur son partenaire au Paris SG Thomas Meunier (27 ans). Arrivé dans un certain anonymat après cinq saisons passées au FC Bruges, l'ancien attaquant reconverti latéral droit a mis tout le club de la capitale dans sa poche. Doublure efficace de Serge Aurier la saison passée et désormais de Daniel Alves, le Belge, capable d'inspirations de classe, s'est également doucement imposé avec les Diables Rouges (20 sélections, 5 buts). Une folle ascension sur laquelle Philippe Émond, un de ses anciens président à l'Excelsior Virton, est revenu en longueur pour Foot Mercato. «Quand on le voit jeune, on est sûr qu'il va aller loin. 100% des gens qui l'ont vu jouer à Virton savait qu'il irait là-haut. En revanche, dire qu'il passerait avec autant de facilité, aussi rapidement, du FC Bruges au PSG, c'était dur à prédire. Ce qu'il réalise, c'est fantastique», nous a-t-il expliqué, lâchant quelques souvenirs croustillants au sujet de l'international belge.

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«C'est absolument formidable évidemment ! Moi, j'ai connu Thomas lorsqu'il était revenu du Standard pour signer à Virton. J'ai eu l'occasion de le voir jouer dans les équipes de jeunes belges, parce qu'il jouait avec mon fils (Renaud Emond). On voyait un garçon avec un talent footballistique supérieur à la moyenne, beaucoup de facilité technique, il tentait beaucoup de gestes, des petits ponts tout ça. Un attaquant extrêmement remuant, pas le renard des surfaces absolu, plutôt un attaquant qui marquait des jolis buts, de loin, en pleine lucarne. Il était remuant, capable d'aller affronter une défense et d'envoyer des frappes de 20 mètres. Il s'est d'ailleurs fait connaître grâce à un geste effectué lorsqu'il a mis un coup du foulard en pleine lucarne avec notre équipe première à l'époque, un but splendide qui a fait le buzz. Thomas s'est fait connaître en Belgique grâce à ce geste hors norme. Il a continué à montrer de belles choses à Virton. Il s'est retrouvé au FC Bruges, à l'autre bout de la Belgique, un bien bon club. Il a donc intéressé tous les clubs de D1 belge importants. Il n'a pas eu d'étape transitoire entre la D3, dans laquelle nous jouions, et la D1», a-t-il confié avant de raconter son changement de poste.

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Une reconversion inattendue et réussie

« Il a fait son chemin, correctement. Il a démarré comme attaquant, il s'est blessé deux fois, jusqu'à un changement de poste improbable pour un garçon de son talent. Il s'est retrouvé arrière droit par la grâce d'un entraîneur espagnol (Juan Carlos Garrido), qui s'est dit, voyant son gabarit et sa qualité technique, qu'il pouvait être un latéral offensif intéressant dans une équipe qui avait la possession, ce qui est le cas de Bruges. Il l'a donc reconverti en latéral avec succès. Les premiers commentaires habituels disaient : "il n'est pas aligné sur les hors-jeux". Rien de plus normal puisqu'il devait s'adapter aux subtilités d'un poste qu'il découvrait. Il a progressé, jusqu'à se retrouver international dans l'équipe de Belgique, qui était encore n° 1 au classement mondial de la FIFA en 2016. Il y a fait son chemin. Il est arrivé sur la pointe des pieds et à force de travail, il est revenu dans l'équipe pour l'Euro, une compétition intéressante. Ses débuts dans le tournoi ont été à l'image du garçon : intelligents. Il a été sobre, il a pris confiance et il est devenu de plus en plus importants dans l'équipe. Il se repositionne, il fait appel à un partenaire et il résout le problème. Intelligent», a-t-il indiqué.

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L'ancien patron de Virton nous a ensuite raconté comment le natif de Sainte-Ode s'était retrouvé au PSG, à l'été 2016. «Un jour, je chambrais Olivier Létang (ancien directeur sportif du PSG), qui est un ami à moi, que j'ai connu lorsqu'il officiait au Stade de Reims. Nous sommes restés amis après son départ au PSG. Je lui disais : "Olivier, on a la meilleure équipe du monde et tu n'as pas de Belges dans ton équipe, qu'est-ce que ça veut dire ? Tu ne veux pas prendre un latéral droit, un jeune garçon bourré de talent. Tu n'auras jamais de problèmes : si jamais ça rate, on ne t'en voudra pas, car c'est un inconnu qui ne t'aura pas coûté cher et si ça fonctionne, tu auras tout gagné". Olivier Létang ne me prend pas à la légère, même s'il ne connaissait pas beaucoup le garçon. Il a demandé à ses scouts de le superviser. Comme souvent dans ces rapports, il y a dû y avoir des hauts et des bas. Mais la progression de Thomas a plu aux gens du PSG et Olivier Létang a pris sur lui de foncer pour le prendre. En trois semaines, c'était bouclé», a-t-il expliqué avant d'ajouter.

Une fraîcheur intacte et le croustillant épisode OM

«Il a été cherché un garçon que les gens ne connaissaient pas forcément en France, mais c'est ça le charme. Thomas a fait le boulot avec intelligence, altruisme avec quelques passes décisives et des buts magnifique. Etape par étape, il est devenu important dans une équipe qui court après des titres. Thomas, qui n'est pas arrivé au PSG en gonflant les muscles, a tout de suite dit qu'il était là pour apprendre derrière Aurier. Il s'est dit qu'il allait tenter sa chance dans un grand club européen, dans lequel il jouerait 25-30 matches, pour justifier son statut d'international belge et continuer à progresser. Quoi qu'on en dise, il est encore jeune et il prend une courbe de développement magnifique, mais il ne doit ça qu'à lui, à son travail », a-t-il souligné, persuadé que le défenseur s'imposerait en sélection. «Oui, il va devenir incontournable en sélection. Quand on le voit jouer au PSG et quand on voit ses concurrents en sélection belge, il n'y a personne qui peut prendre la place de Thomas», a-t-il souligné, vantant la communication et le naturel de son ancien poulain.

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«Il a commencé à montrer son tempérament à Bruges, c'était un bon client pour les médias, car il ne fait pas dans la langue de bois. Il sait ce qu'il veut. Le risque est toujours là. Mais je prends le pari que ça n'arrivera pas à Thomas. Son évolution ne lui fera pas oublier par où il est passé pour en arriver là. Le garçon est arrivé chez vous, il passe bien, il communique bien, il est en sélection. Il vient d'un milieu rural, avec une forte éducation, des valeurs, alors je ne le vois pas déraper. Au pire, il se fera quelques ennemis pour des tweets dont il a le secret. Mais c'est un garçon qui a parfaitement la tête sur les épaules. Il sait d'où il vient. C'est un garçon qui a travaillé à la Poste en se levant tous les jours à 5h du matin tout en jouant en équipe à Virton pour subvenir à ses besoins. Il est passé par les bons chemins, je pense », a-t-il salué, le remerciant pour son influence positive sur Virton et la région. «Ça fait beaucoup de bien au club, dans une région. On a mis en place une politique de jeunes qui a fait beaucoup de bien. Les prestations de Thomas font beaucoup de bien au club, cela fait de la pub au club et pousse les jeunes à rejoindre Virton », a-t-il apprécié, révélant que, des années avant son arrivée au PSG, Meunier avait figuré dans le viseur... de l'OM et d'autres clubs français !

«J'étais président de Virton à l'époque. J'ai discuté avec le scout de l'OM qui était venu boire un verre à la fin d'un match après avoir scouté Thomas. Il m'a dit personnellement : "écoutez, je ne suis pas déçu, mais on a du mal à le voir passer de Virton, en D3 belge, à l'OM directement. Mais c'est un garçon qu'on suivra, parce que c'est bien". Un autre club était venu le voir, l'entraîneur s'était même déplacé en personne : c'était Sedan, un club voisin, qui jouait encore en L2 à l'époque. Mais la démarche de Sedan avait été plus étrange. Ils nous ont donné l'impression de nous prendre de haut, voulant lui faire passer un essai. Je l'avais proposé au Stade de Reims, en L2 à l'époque, mais il n'avait pas embrayé. Le football français a parfois tendance à prendre le football belge de haut. C'est dommage, ça lui fait rater de belles affaires », a-t-il conclu. Le PSG n'a pas fait cette erreur, et, visiblement, il n'a pas à se plaindre du choix Thomas Meunier.

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