L’OL face à l’épineuse gestion des jeunes

Par Dahbia Hattabi
6 min.
Maxence Caqueret, Rayan Cherki et Melvin Bard à l'entraînement @Maxppp

Réputé pour la qualité de sa formation, l'Olympique Lyonnais doit jongler entre ses impératifs de résultats et la gestion de ses jeunes talents. Une mission qui s'avère ardue pour Rudi Garcia cette saison sans Ligue des Champions.

L'Olympique Lyonnais a de la réserve. En effet, l'écurie rhodanienne a souvent pu compter sur son vivier interne ces dernières années. C'était notamment le cas quand les Gones ont dû se serrer la ceinture lors de la construction du Groupama Stadium. Fournisseur officiel de talents, le club présidé par Jean-Michel Aulas continue donc le développement de son "Academy", souvent louée pour sa qualité et son travail. D'ailleurs, en juillet dernier, l'OL été élu troisième meilleur centre de formation de l'Hexagone, derrière le Paris Saint-Germain (1er) et le Stade Rennais (2e). Une fierté pour les Lyonnais, qui espèrent toutefois remonter au classement à l'avenir, eux qui ont été habitués à truster la première place.

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Pour cela, les pensionnaires du Groupama Stadium poursuivent leur travail de formation, malgré une saison particulière en raison de l'épidémie de coronavirus, tout en essayant d'intégrer certains éléments au groupe professionnel chapeauté par Rudi Garcia. Un entraîneur qui, dès son arrivée, semblait vouloir jouer la carte jeunes. «Mon choix de venir avec Claude Fichaux a été dicté par ça (le centre de formation). L’OL a toujours sorti des jeunes joueurs. Le club possède un centre de formation de qualité. Je sais qu’il y a des jeunes de qualité ici. Claude a toujours été un formateur dans l’âme (...) Ça a toujours été mon œil du côté de la formation et des jeunes». Si dans la parole le technicien français a ouvert la porte aux jeunes, dans les actes ce n'est pas tout à fait le cas.

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Caqueret poursuit sa progression

Pourtant, dès sa prise de fonction en octobre 2019, l'ancien coach de l'OM faisait appel à plusieurs talents made in OL. Rayan Cherki, 16 ans à l'époque, était convoqué aux entraînements du groupe pro avant d'avoir un peu de temps de jeu. Maxence Caqueret a dû, lui, patienter un peu avant d'avoir sa chance et d'enchaîner ensuite les rencontres l'an dernier. Souvent avec la réserve, Melvin Bard n'est apparu qu'à une reprise pendant qu'Amine Gouiri et Oumar Solet étaient barrés par la concurrence. Les deux sont partis d'ailleurs durant l'été 2020, tout comme Pierre Kalulu, qui a refusé une offre de contrat professionnel pour rejoindre l'AC Milan. Les trois autres sont, eux, restés avec l'ambition d'avoir plus de temps de temps de jeu et de poursuivre leur progression. Où en sont-ils aujourd'hui ?

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Maxence Caqueret (21 ans) continue sur sa lancée de la fin de saison dernière, où il avait notamment été aligné d'entrée lors des rencontres du Final 8 de Champions League. Le milieu a démarré la saison dans la peau d'un titulaire. Mais avec l'arrivée de Lucas Paqueta à la fin du mercato d'été, il est ensuite devenu remplaçant la plupart du temps. Depuis le début de l'année civile 2021, Caqueret a été plusieurs fois titularisé, lui qui continue à avaler les kilomètres tout en se montrant inspiré dans le jeu. Attention toutefois à la régularité. Mais avec 24 apparitions toutes compétitions confondues (14 titularisations), le natif de Vénissieux poursuit son bonhomme de chemin, tout comme Sinaly Diomandé (19 ans), troisième dans la hiérarchie des centraux.

Cherki & co patientent

Rayan Cherki (17 ans) est, lui, apparu à 23 reprises toutes compétitions confondues. Mais il n'a été titularisé que six fois. Le temps toutefois d'inscrire 3 buts et de délivrer 2 assists. Percutant, technique et vif, il doit encore épurer parfois son jeu, lui qui a avoué récemment lors de sa première conférence de presse qu'il se concentrait actuellement sur le placement tactique défensif. Rudi Garcia continue de prendre son temps avec lui, alors que le jeune homme espère avoir plus de temps de jeu. Mais il fait les frais, pour l'instant, de la frilosité de son coach, qui ne fait pas trop tourner son équipe et qui mise quasi systématiquement sur le même trio offensif, à savoir Memphis, Toko-Ekambi et Kadewere, dans une saison sans Champions League. Cherki, comme Slimani, doit donc se contenter de peu alors qu'il a enchaîné les bonnes rentrées notamment face au PSG.

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Melvin Bard (20 ans) est également barré par la concurrence. Celle de Maxwel Cornet, repositionné au poste de latéral gauche, mais également celle du polyvalent Mattia De Sciglio, très apprécié par Garcia. Pourtant, l'un comme l'autre ne survolent pas les débats. Spécialiste du poste, Bard, lui, n'a joué qu'à 13 reprises cette saison (5 titularisations). Trop peu forcément pour lui. Rudi Garcia a également fait appel à d'autres jeunes produits lyonnais en les convoquant dans le groupe puis en les faisant jouer. Ainsi, Malo Gusto (17 ans, 1 apparition face à l'ASSE le 24 janvier), Florent Da Silva (17 ans, 1 apparition face à Strasbourg le 6 février) et Yaya Soumaré (20 ans, 1 apparition 23 décembre contre Nantes) ont disputé quelques minutes cette saison.

Une gestion délicate mais essentielle pour l'avenir du club

Même si tous espèrent plus, le staff ne veut pas se précipiter comme Claude Fichaux, adjoint de Garcia, l'a confié : «c’est Rudi qui prend la décision finale pour que les jeunes jouent avec les pros, il faut jouer des coudes pour s’imposer et ce n’est pas simple, a indiqué l'entraîneur adjoint. Le challenge est encore plus compliqué à l’OL qui forme des jeunes niveau Champions League. A partir du moment où ils sont chez les pros, il n’y a aucun problème. Ils sont respectueux et travaillent, le travail a été fait en amont sur l’éducation. Les jeunes qui intègrent le groupe pro ont des entraînements supplémentaires car ils ne sont pas encore formés, ils ont encore des manques et on veut les combler».

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Un avis que partage Rudi Garcia, qui a aussi souligné qu'il ne pouvait pas envoyer certains éléments en réserve pour avoir du temps de jeu puisque le championnat de N2 est suspendu en raison de la crise sanitaire (il pourrait reprendre en avril, ndlr). «On a beaucoup de jeunes dans l'effectif, ça va comme ça avec un matches par semaine sans coupe d'Europe. Ils ont une chance folle de vivre ce qu'on vit en ce moment, de gagner des matches, de voir comment il faut se comporter. C'est ce que je peux dire sur les jeunes. Ils apprennent à vitesse grand V. Il était hors de question pour certains de partir, mais leur intelligence a été de se dire : "Vu comment ça se passe cette saison à Lyon, il y avait tout intérêt à rester" ». Est-ce que ce sera encore le cas l'année prochaine ? Certains jeunes éléments s'inquiètent nous a-t-on fait savoir. Et le discours tenu par le club n'est pas pour les rassurer.

Il y a quelques mois, le directeur du football, Vincent Ponsot, avait expliqué à France Football. «Il faut garder un équilibre. D’un côté, il faut s’adapter à l’évolution du monde et à l’évolution générationnelle, peut-être aussi appréhender les relations de manière différente. Évaluer les joueurs plus vite, se positionner plus rapidement et être plus fin dans notre analyse. Par contre, et c’est ça qui est un peu dur, il faut quand même garder des principes et ne pas y déroger. Et dans ce cas, il faut accepter de perdre des joueurs. Dire “nos jeunes, ils jouent, c’est bien, mais nous, on a un impératif de résultats. Jamais on ne dira à un entraîneur : “Tu fais jouer les jeunes”». Plus récemment, le président Jean-Michel Aulas a avoué que l'OL allait être ambitieux et continuerait à investir. Ce qui pourrait fermer les portes à certains, qui pouvaient justement profiter des départs cet été pour prendre du galon. Un chantier que l'OL devra bien gérer pour continuer à compter sur ses talents.

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