FFF : les 5 grands chantiers qui attendent Philippe Diallo
Réélu sans trop de surprise à la tête de la FFF jusqu’en 2028, Philippe Diallo est déjà sur le pont. Avec plusieurs dossiers chauds à gérer.
On n’ira pas jusqu’à dire qu’on ne l’avait pas vu venir. Favori de l’élection à la présidence de la FFF, le sortant Philippe Diallo a été réélu ce samedi face à son seul challenger, Pierre Samsonoff. L’ancien directeur général de l’UCPF (le syndicat historique des clubs professionnels) a récolté 55,34% des suffrages, décernés par les clubs amateurs (33 % des voix), les ligues et les districts (33 %), et les clubs professionnels (33 %). Mais Philippe Diallo le sait, plusieurs chantiers d’envergure l’attendent déjà pour ce nouveau mandat qui court désormais jusqu’en 2028.
Ces derniers mois, figurait tout en haut de sa pile de dossier celui de l’équipementier des Bleus, mais le patron de la 3F avait su convaincre en renouvelant un juteux contrat avec Nike, estimé à 100 millions d’euros par an. Ce qui a d’ailleurs joué en sa faveur au moment de sa réélection, puisqu’une importante partie de cette enveloppe sera dédiée au football amateur, comme il l’a promis. Mais désormais, Diallo va devoir prendre à bras-le-corps d’autres dossiers plus épineux les uns que les autres.
Lisser l’image de l’arbitrage français
Bastien Dechepy, Stéphanie Frappart, Benoit Bastien… Tous ont fait parler d’eux cette saison, et pas forcément pour les bonnes raisons. On se souvient forcément des polémiques liées à l’arbitrage lors des rencontres OL - OM, Reims - OL ou encore OL - Nice plus récemment. «Je considère que l’arbitrage français est globalement de qualité, même s’il y a des erreurs que tout le monde peut voir », avait déjà reconnu Philippe Diallo au mois d’avril, quand l’arbitrage français traversait une crise sans précédent. Pour Nice-Matin, le patron de la 3F était revenu sur ce dossier épineux au début du mois.
«Ma responsabilité, c’est de mettre en place les outils et le cap pour que nos arbitres soient le plus performants possibles, avait-il exprimé. Mais l’arbitrage français se porte plutôt bien : on a atteint l’objectif de 25 000 arbitres cette année, on a une vraie reconnaissance de la qualité de notre arbitrage sur le plan international… La reconnaissance (de l’erreur effectuée par Monsieur Dechepy à Lyon), je pense que c’est une marque d’ouverture de la part de l’arbitrage français. On a mis en place le comité de liaison qui permet à la direction de l’arbitrage et aux clubs professionnels de pouvoir dialoguer pour avoir les explications nécessaires. L’idée, c’est que ces fautes d’arbitrage, qu’on n’éliminera jamais, puissent permettre à notre football de pouvoir se dérouler dans des conditions de haut niveau.»
L’avenir de Didier Deschamps
C’est un sujet qui déchaîne les passions chez le public français. Si Deschamps garde le soutien de son président, une large partie de l’opinion publique réclame l’arrivée de Zinedine Zidane à cor et à cri depuis des années à la tête des Bleus. «Je réponds souvent à des questions sur Didier Deschamps, qu’il a un contrat jusqu’en 2026, qu’il sera honoré. Notre prochaine échéance sera en mars 2025 contre la Croatie (quart de finale de Ligue des nations). Pour le futur, nous aurons tout le temps de revenir à ces échéances le moment venu », a déclaré Diallo sur le sujet ce matin. Sauf impondérable, c’est à lui que reviendra la décision de prolonger DD après le Mondial 2026 (il fêtera sa 12e année à la tête des Bleus), ou de dire stop.
La création d’une Ligue 3
C’est un autre dossier sur lequel sera attendu le président de la 3F, et les présidents de clubs de National ont d’ailleurs souhaité se refaire entendre en publiant un communiqué commun ce vendredi. À l’image de nos voisins allemands, italiens, espagnols ou anglais, la volonté des clubs de N1 est aujourd’hui (et même depuis 8 ans) de professionnaliser la troisième division française. Pourquoi ? Déjà, pour des motifs économiques. Ces dernières années, de nombreux clubs professionnels relégués de L2 s’étaient pris un mur en atterrissant dans ce championnat. 7 d’entre eux auraient pu disparaître, et Sedan en a fait les frais, comme Niort. De son propre aveu, Philippe Diallo avait affirmé en septembre sa volonté de prendre le sujet à bras-le-corps à l’Equipe. « Si je suis réélu, j’ouvrirai le chantier pour voir dans quelles conditions il sera possible de créer une Ligue 3 professionnelle », avait-il déclaré.
𝐴𝑣𝑒𝑐 5 𝑔𝑟𝑎𝑛𝑑𝑠 𝑡ℎ𝑒̀𝑚𝑒𝑠 :
▫️ 𝗛𝗼𝗺𝗼𝗴𝗲́𝗻𝗲́𝗶𝘀𝗲𝗿 𝗹𝗲 𝘀𝘁𝗮𝘁𝘂𝘁 𝗲𝘁…
La saison dernière, 9 clubs sur 18 étaient d’ailleurs d’anciens pensionnaires de Ligue 1 ou de Ligue 2, structurés pour le monde professionnel mais condamnés à évoluer à un niveau semi-professionnel. La création d’une Ligue 3 serait donc un matelas plus confortable en cas de relégation, et atténuerait ce «choc des cultures». Se pose aussi la question de l’agrément du centre de formation, forcément. Plusieurs clubs de National ont été contraints de fermer leur centre de formation pour des raisons économiques (il coûte 2 M€) ces dernières années, à l’image de Nîmes, pour qui la formation faisait figure de poumon économique. La mise en place d’une Ligue 3 pourrait aussi permettre de rééquilibrer les finances des clubs, dans un championnat où certains ne perçoivent aucune aide, quand d’autres touchent plus d’un million d’euros. Cela pourrait aussi faire bouger le dossier des droits TV, puisque seule FFFTV, plateforme de la Fédération, diffuse désormais le championnat. Ce samedi, Diallo a aussi évoqué le sujet des finances du football français dans sa globalité, et invité «à mettre tous les acteurs autour de la table, trouver des dispositifs pour peut-être amener à renouveler le modèle économique du football. » Forcément, l’épisode chaotique des droits TV de la Ligue 1 cet été est encore dans toutes les têtes.
Le VAR en Ligue 2 ?
C’est un sujet qui divisera éternellement ses réfractaires et ses défenseurs, du moins sur son utilisation. Voué à limiter les erreurs d’arbitrage, le VAR devait faire son apparition en Ligue 2 cette saison. Finalement, la LFP de Vincent Labrune avait acté son report au mois d’août en invoquant des raisons budgétaires. Depuis, les week-ends de Ligue 2 se suivent et enchaînent les polémiques, comme lors de la rencontre entre Annecy et le PFC fin novembre, à l’issue de laquelle Maxime Lopez avait par exemple poussé un énorme coup de gueule contre les instances.
«On commence à en avoir plein le c.l de se faire avoir par les arbitres. Les week-ends se suivent et se ressemblent. Les arbitres de L1 sont rétrogradés en L2 et on se demande pourquoi… Pourqoi ne pas mettre la VAR en L2 ? En Serie A, ça fait 10 ans qu’ils l’ont, en Bundesliga aussi, partout… Pourquoi pas en L2 ? Championnat le plus délaissé du monde», avait pesté l’ex-Marseillais au micro de beIN. Il faudra certainement attendre, au moins, la saison prochaine désormais. Mais pour rassurer Maxime Lopez, Philippe Diallo s’est toujours positionné comme un fervent supporter du VAR. «On voit bien que les polémiques existent encore, mais la Var en a gommé beaucoup», expliquait-il récemment à Nice-Matin dans un entretien, durant lequel il avait aussi révélé attendre «le feu vert de la LFP pour la sonorisation des arbitres. »
Le football amateur
Souvent catalogué comme le président du foot professionnel, au préjudice du foot amateur, Philippe Diallo souhaite s’affranchir de cette étiquette collée à tort selon lui. «Très concrètement, on veut passer l’aide qui est donnée à nos clubs amateurs de 100 à près de 150 millions d’euros à terme», avait-il indiqué à Ouest-France après avoir bouclé un deal historique avec Nike. Ce samedi après son élection, il a tenu à rassurer le football amateur : «j’ai porté un projet tourné en grande partie vers le foot amateur. Comme je l’ai fait lors des deux dernières années, j’essaye de mettre en œuvre ce que je dis. Avec la nouvelle équipe qui m’accompagne, dès janvier, un certain nombre de jalons seront posés». Endiguer les violences de plus en plus présentes dans le football amateur, c’est aussi l’une des grandes missions de Philippe Diallo.
«L’attitude d’un certain nombre de parents autour des terrains n’est pas convenable. On essaie d’apporter des réponses en termes de prévention, de formation en gestion de conflits pour les éducateurs et les arbitres, avec un nouvel arsenal qui engloberait un port de caméras qui pourraient dissuader et mieux protéger les arbitres… On peut aussi imaginer l’installation de caméras sur les terrains ou des interdictions de stades amateurs», avait-il confié à Nice-Matin. Dans l’After Foot de RMC, Diallo avait aussi lancé l’idée d’équiper les arbitres de GoPro. «Il faut généraliser un certain nombre d’expériences tentées dans certains districts comme la Loire ou le grand Vaucluse qui ont décidé de doter nos arbitres d’une caméra GoPro pour faire en sorte qu’elle soit un élément de dissuasion. Si je suis élu, mon job sera d’aller voir la commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) pour donner un cadre national pour l’utilisation de ces images. » Vous l’aurez compris, Philippe Diallo va devoir se retrousser les manches.