Les dessous de l’inattendu coup de gueule de Zlatan Ibrahimovic
Ces derniers jours, Zlatan Ibrahimovic et Gareth Bale, entre autres, ont publié des messages pour réclamer des comptes sur l'utilisation de leur image et de leur nom par l'éditeur de jeux EA Sports. Voici pourquoi.
Le 23 novembre dernier, Zlatan Ibrahimovic publiait un message fort sur ses réseaux sociaux à propos d’un sujet sur lequel on avait pas l’habitude de le voir s’exprimer publiquement : le jeu vidéo FIFA 21. « Qui a donné la permission à la FIFA et à EA Sports d’utiliser mon nom et mon visage ? La FIFPro ? Je ne suis pas au courant de mon appartenance à la FIFPro et si je le suis, j'y ai été mis sans aucune connaissance réelle grâce à une manœuvre bizarre. Ce qui est sûr, c’est que je n'ai jamais permis à la FIFA ou à FIFPro de gagner de l'argent grâce à moi. Quelqu’un fait de l’argent sur mon nom et mon visage sans mon accord depuis toutes ces années. Il est temps d’enquêter. »
Somebody is making profit on my name and face without any agreement all these years.
— Zlatan Ibrahimović (@Ibra_official) November 23, 2020
Time to investigate
Simple coup de gueule du Scandinave ? Pas vraiment. Quelques instants plus tard, Gareth Bale se joignait à la partie en tweetant : « Ibra, c’est intéressant… C’est quoi la FIFPro ? #Ilesttempsdenquêter ». Deux stars mondiales du ballon rond en colère contre l’éditeur d’un des jeux les plus célèbres du monde, ça interpelle forcément. D’autant que le 2 décembre, Ibra en remettait une couche. De manière plus offensive. Alertée par le buzz lancé sur les réseaux sociaux, la société EA Sports se défendait par le biais d’un communiqué.
.@Ibra_official Interesting... what is @FIFPro? 🤔 #TimeToInvestigate
— Gareth Bale (@GarethBale11) November 23, 2020
« Nous sommes au courant des conflit autour des licences de joueurs pour le jeu EA Sports FIFA. Le fait d’utiliser les réseaux sociaux est une tentative de placer FIFA 21 au cœur d’une dispute entre plusieurs tierce-parties qui ont peu de choses à voir avec EA Sports. Pour être très clair, nous avons le droit contractuel d'inclure la ressemblance de tous les joueurs actuellement dans notre jeu. Comme déjà indiqué, nous avons acquis ces licences directement avec les ligues, les équipes et les joueurs. » Pas de quoi satisfaire le géant suédois. « EA Sports, il ne s’agit pas de droits d’image collectifs. Vos jeux sont basés sur des droits d'image individuels. Vous ne les avez pas acheté à la FIFPro, parce qu'ils nous l'ont dit. Vous ne les avez pas acheté non plus à l’AC Milan, parce qu'ils nous l'ont dit. Vous ne me les avez pas non plus achetés. À qui les avez-vous acheté alors ? »
@EASPORTS it’s not about collective image rights. Your games are based on individual image rights. You did not buy it from @FIFPro because they told us. You did not buy if from @acmilan because they told us. You also did not buy it from me. Who did you buy it from then? pic.twitter.com/A2VKtME4r5
— Zlatan Ibrahimović (@Ibra_official) December 2, 2020
Ibra pointe la FIFPro du doigt
Aujourd’hui, le média néerlandais NOS dévoile les dessous de ce coup de gueule. En réalité, c’est bien le syndicat des joueurs, la FIFPro, qui est visé par Zlatan. La raison ? Le média batave explique que le syndicat, basé à Hoofddorp (au sud-ouest d’Amsterdam) aurait vendu les droits de portrait des joueurs à des éditeurs de jeux pour plusieurs millions d'euros (sans le consentement de plusieurs joueurs). Mais ce n’est pas tout. Cet argent aurait servi à investir dans des centaines de maisons et appartements.
NOS explique que les dirigeants de la FIFPro se sont rendus compte il y une vingtaine d’années qu’un énorme marché se profilait quand les éditeurs de jeux de football, EA Sports et Koanmi par exemple, les ont sollicité pour obtenir le droit d’utiliser l’image et les noms des joueurs, les éditeurs ne pouvant aller voir chaque joueur et négocier des milliers de contrats. Ils sont donc passés par la FIFPro. Les montants offerts ont enflé, si bien que la direction de la FIFPro aurait quand même signé ces contrats, sans l'accord de nombreux joueurs, dont certains ne seraient pas affiliés au syndicat.
Un premier point auquel s’ajoute un deuxième : l’argent perçu n’aurait pas été redistribué aux ayants droit (les joueurs) mais placé à la banque. Mais il y aurait un hic. Depuis, la FIFPro aurait considérablement augmenté son parc immobilier (642 maisons achetées). Le syndicat assure que tous ces achats ont été financés par des prêts bancaires et non grâce à l’argent versé par les éditeurs. Cet argent est d’ailleurs normalement reversé aux syndicats nationaux (NOS reproche toutefois un manque de traçabilité des fonds) et la FIFPro explique qu’il sert surtout à aider des joueurs moins fortunés qu’un Ibrahimovic. Y a-t-il anguille sous roche ?
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