L’étrange filiation entre l’OM de Michel et celui de 1999-2000
L’OM est à la peine et, alors qu’il ne reste que cinq journées de Ligue 1 à jouer, le club n’est pas encore assuré d’être toujours dans l’élite. Ce qui rappelle des épisodes douloureux du passé.

Flash-back. Nous sommes le 14 mai 2000, le Championnat de France vient de révéler son classement, Monaco est champion de France et l’OM termine 15e et premier non relégable - la Ligue 1 était composée alors de 18 clubs - et venait de sauver sa saison à la faveur d’un nul au Stade Émile-Albeau de Sedan (2-2). C’est grâce à une meilleure différence de buts que l’Olympique de Marseille conserve sa place dans l’élite. Seize ans plus tard, le destin du club pourrait lui aussi se jouer un 14 mai à l’extérieur, contre Troyes.
Oui, la formation olympienne est bien mal en point - et en points sans mauvais jeu de mots. Elle compte, à cinq journées de la fin, six points d’avance sur le premier relégable qui se trouve être le Gazélec Ajaccio. Et si le maintien devait être au bout, les péripéties marseillaises font craindre le pire aux joueurs, aux dirigeants, mais surtout aux supporters qui commencent à s’impatienter du manque de résultat de leur équipe, notamment à domicile où l’OM n’a vaincu qu’à deux reprises.
L’OM roi du nul
Lors de la saison 1999-2000, l’OM comptait à l’issue de la saison 9 victoires - dont 6 au Vélodrome -, 10 défaites, mais surtout 15 matches nuls. Cette saison, le club phocéen compte presque autant de victoires (8), de défaites (9) et compte d’ores et déjà plus de matches nuls qu’à l’époque (16) alors que la Ligue 1 n’est qu’à cinq rencontres de son verdict. Pourtant, comme aujourd’hui, l’équipe qui prenait place sur les rectangles verts français et européens était loin de contenir les joueurs les plus faibles de l’Hexagone.
Aujourd’hui, Mandanda, Nkoulou, Diarra sont des internationaux et tentent, tant bien que mal, de tenir la baraque quand Michy Batshuayi et Georges-Kévin Nkoudou, notamment, sont des promesses. Si l’on revient plus de quinze ans plus tôt, on retrouve une équipe plus ou moins type loin d’être ridicule : Porato - Pérez, Issa, Berizzo (ou Dumas), Gallas - Brando, Dalmat, Luccin, Pirès - Bakayoko (Maurice), Ravanelli (Dugarry). Pourtant, les Olympiens de l’époque, comme ceux d’aujourd’hui, ne parvenaient pas à faire les différences sur le terrain. La faute aux gouvernants ?
Dissensions internes et supporters
En novembre 1999, Bernard Casoni (qui affiche un ratio point/match aussi terrible que Michel) remplace Rolland Courbis, qui avait amené l’équipe en finale de la Coupe de l’UEFA (détaite 3-0 contre Parme). Comme cette saison donc, l’OM ne termine pas la saison avec l’entraîneur qui l’a débuté. Des problèmes plus hauts ? Oui. Le discours et les méthodes de Courbis ne passaient plus et des querelles internes au club faisaient leur apparition entre Courbis et Yves Marchand, le président délégué de l’époque. Financièrement, il y avait nécessité de vendre des joueurs au mercato d'hiver. Casoni rencontrait des difficultés pour gérer un vestiaire où il y avait des joueurs "gérés" par Courbis, l'entraîneur-agent. Et les supporters de l’époque étaient nettement moins patients qu’aujourd’hui.
Contre Bordeaux ce week-end (0-0), des chèvres - dessinées sur des pancartes - parcouraient les travées du virage sud (elles avaient disparu depuis la saison 2001) sur la musique de Benny Hill. Mais, malheureusement, vers la fin de la rencontre, les supporters olympiens se sont révoltés et ont tenté dans un premier temps d’envahir la pelouse puis se sont regroupés sur le parvis Jean-Bouin pour tenter d’aller chercher en tribune présidentielle un Vincent Labrune qui organisait un billard. Les fans marseillais avaient été aussi cléments en 1999-2001 jusqu’à une terrible défaite à Saint-Etienne (1-5). Ils étaient ensuite allés au centre d’entraînement - encore appelé Commanderie - pour cabosser les voitures des joueurs.
Le match suivant, pour la réception de Lens (défaite 1-2), la tension est à son comble. Les supporters tentent une nouvelle fois d’envahir la pelouse, les CRS entrent en action et utilisent (tout à fait comme ce dimanche) des gaz lacrymogènes pour les empêcher d’arriver à leurs fins. Cette fois, les joueurs n’avaient pas - comme lors de cette 33e journée de Ligue 1 - de bus banalisé pour quitter leur antre et certains ont même dû sortir dans le coffre de voitures. Comme quoi, les suiveurs de l’OM sont aujourd’hui peut-être un peu plus patients et les instances peut-être un peu moins clémentes sur le sujet épineux des supporters. On espère en tout cas que le 14 mai 2016 ne sera pas, pour les amoureux du club, comme celui de 2000 et que le maintien sera d’ores et déjà acquis mathématiquement depuis quelques journées.