AS Nancy-Lorraine, Hugo Ducret : «mon père a toujours voulu que je fasse de l’athlétisme, sur la piste j’avais un ballon dans les pieds»

Par Aurélien Macedo
9 min.
Hugo Ducret (ASNL U17) Crédit : AS Nancy-Lorraine @Maxppp

Alors que l’AS Nancy-Lorraine a connu une saison chaotique qui s’est finalement bien terminée avec un repêchage en National 1, Hugo Ducret a fait partie des jeunes talents de la formation Meurthe-et-mosellane à être dans l’expectative vis-à-vis de cela. Performant avec l’équipe U17 de l’ASNL, ce milieu capable désormais d’évoluer aussi comme latéral droit est revenu pour Foot Mercato sur cette saison 2022/2023 assez agité. Il en a profité aussi pour revenir sur son apprentissage au sein de l’équipe lorraine, lui qui baigne dans le sport depuis tout petit grâce à ses parents.

Club lorrain mythique dont la rivalité avec le FC Metz est l’une des plus importantes du championnat de France, l’AS Nancy-Lorraine connaît un sacré déclassement sur les dernières années. Depuis sa dernière année en Ligue 1 lors de l’exercice 2016/2017, le club au chardon est descendu jusqu’en National 1 et aurait même dû aller en National 2 sans la rétrogradation administrative de Sedan et donc son repêchage. Un climat très compliqué pour ce bastion du football de l’Est de la France connu pour sa formation à l’image de Christopher Wooh (Rennes), Clément Lenglet (FC Barcelone), Michaël Cuisance (Venise, ex-Bayern Munich) ou encore Faitout Maouassa (Bruges). Malgré cela, l’espoir règne à l’image de ce maintien inespéré pour un club qui avait été rétrogradé administrativement en National 3 avant que la DNCG ne revienne sur sa décision. Tout un club a pu lâcher un grand "ouf" de soulagement à l’image d’Hugo Ducret jeune talent du centre de formation nancéien.

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Une saison intéressante individuellement

Âgé de 16 ans, ce jeune milieu de terrain a connu une saison contrastée. Si individuellement il s’est épanoui au sein de l’équipe U17, les incertitudes autour de l’avenir du club ont rythmé son quotidien ainsi que celui de ses jeunes coéquipiers. «Pour moi, cela n’a pas été une année très facile de par la situation du club. Il y a eu quelques moments difficiles au centre. Mais en tant que première année, franchement je suis content de ma saison. J’ai intégré rapidement le groupe U17 national. J’ai disputé pas mal de matches comme titulaire même si ce n’était pas forcément à mon poste. J’ai été un des 2007 qui a le plus joué parmi les U17 nationaux. Franchement, cela s’est bien passé» tempérait-il. Pourtant cette saison a été celle de l’adaptation pour lui.

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Milieu avec un profil de box-to-box, il s’est retrouvé à jouer à un autre poste. Une manière pour lui de développer sa palette : «au début de saison, j’ai commencé sur le banc. C’était les joueurs nés en 2006 qui jouaient. Le coach avait commencé avec les joueurs plus âgés et il y a eu une place en tant que latéral droit qui s’est créé. J’étais alors le joueur qui était le plus amené à jouer à ce poste. J’ai donc enchaîné les matches en tant que latéral droit et en fin de saison, j’ai pu gratter du temps de jeu à mon poste habituel au milieu de terrain. C’est toujours intéressant de voir comment cela se passe à d’autres postes. Par exemple en tant que milieu de voir ce que fait le latéral droit, comment il joue. C’est très bien en plus d’être polyvalent, c’est beaucoup recherché de nos jours […] Il y a plein de milieux de terrain dans le football qui se sont reconvertis comme latéraux.» Néanmoins, Hugo Ducret a depuis retrouvé une place dans l’entrejeu à un poste où il se sent davantage à l’aise même s’il a aussi pris du plaisir en tant que latéral droit.

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Hugo Ducret (ASNL U17) Crédit : AS Nancy-Lorraine

Du cross au football, il n’y a qu’un pas

Arrivé à l’ASNL en U14 et débutant sa deuxième année cet été au sein du centre de formation, Hugo Ducret a rapidement été baigné dans le monde du sport grâce à ses parents. Alternant entre l’athlétisme et le football pendant de longues années, il s’est servi de la première discipline pour performer dans la seconde grâce à une grande condition physique : «c’est ma grosse qualité depuis tout petit, je ne fais que courir. J’ai la chance d’avoir des parents qui sont issus du milieu du sport. Une mère qui a disputé les Jeux Olympiques en 1996 à Atlanta (demi-finaliste en 1500m ndlr), championne du monde de cross par équipe et mon père qui est entraîneur demi fond de haut niveau. Quand je rentre à la maison, la première chose que je fais, c’est que je laisse mes crampons, je vais courir et je travaille mon point fort. Mon père a toujours voulu que je fasse de l’athlétisme, car il a vu que dés gamin j’étais doué, mais la différence avec eux c’est que sur la piste j’avais un ballon dans les pieds (rires).»

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Pratiquant les deux sports pendant longtemps, Hugo Ducret a néanmoins dû faire un choix à un moment donné. Alterner les deux disciplines était une grosse charge de travail et augmentait aussi les risques de blessures. Pour autant, il a su s’offrir une sacrée performance lors des championnats de France de cross : «j’ai été vice-champion la saison dernière et pour l’anecdote c’était le lendemain d’un match en forêt de Haye (centre d’entraînement de l’ASNL ndlr) contre Épernay où j’avais disputé 90 minutes. Après le match, je suis rentré, je suis allé directement à Paris. Je suis rentré tard le soir, ils m’avaient mis un lit par terre et j’ai dormi là. Le jour de la compétition, je ne me suis mis aucune pression, j’y suis allé pour le plaisir et j’ai terminé sur le podium avec une deuxième place. C’était un moment incroyable. Mes parents étaient extrêmement fiers, ma mère avait d’ailleurs pleuré. C’était plein d’émotions et ça rentre dans mon petit palmarès.»

L’apprentissage à l’ASNL

Passionné par la course, Hugo Ducret l’a pourtant été encore davantage pour le football et le choix s’est fait très naturellement : «directement je savais que je voulais faire du football, j’aimais trop ça. Je suis allé vers le foot, car je faisais des stages multisports et les éducateurs allaient voir mes parents pour que je signe dans un club. Je suis allé au Sporting Club de Schiltigheim et ils m’ont directement pris. Puis l’AS Nancy-Lorraine est venu voir mes parents. J’avais fait aussi quelques tests. J’avais fait Racing Boys, la sélection du Racing Club de Strasbourg. J’avais fait aussi un stage de 3-4 jours à Sochaux, mais directement, Nancy a fait la différence. Avec Benjamin Brat, le recruteur qui était proche de mon père, il a directement proposé le projet avec le pôle espoir et j’avais vraiment envie d’y aller.» Un cursus qui prend doucement forme avec dans l’idée, celle de devenir un footballeur professionnel dans les prochaines années.

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Pour autant le chemin s’annonce encore long pour Hugo Ducret qui est conscient qu’il a encore du travail à effectuer pour espérer y parvenir : «déjà pour être au plus haut niveau, il faut une grande qualité et pas de défaut. Je vais essayer de travailler ma qualité première qui est le volume de jeu, l’endurance et ma capacité à faire les efforts. Je vais devoir améliorer aussi mes points faibles qui sont l’explosivité et parfois la justesse technique.» Si ses défauts sont identifiés, Hugo Ducret exploite au maximum ses qualités principales au service du collectif : «c’est surtout au fur et à mesure du match, quand je vois que les autres joueurs commencent à fatiguer, je suis encore bien. Je peux faire l’effort pour le coéquipier et c’est un avantage. Je peux être amené à être dans la surface adverse comme dans la mienne et j’ai un gros volume. Je suis capable d’apporter offensivement, défensivement, et de faire les courses.» Des aptitudes idéales dans un football moderne toujours de plus en plus exigeant sur le plan physique.

Hugo Ducret (ASNL U17) Crédit : AS Nancy-Lorraine

Quel avenir désormais ?

Amené à grandir au sein de la formation nancéienne, Hugo Ducret va pouvoir se frotter aux plus grands dès cet été et va tout faire pour réussir avec brio les étapes. L’objectif est le même que la plupart de ses camarades du centre de formation, apprendre pour disposer des outils nécessaires afin de briller au meilleur niveau possible et devenir professionnel : «je vais passer en U17 deuxième année. Nancy c’est idéal, car en tant que jeunes, on peut est dans un cadre parfait pour apprendre et grandir. Je vais continuer ce que je fais au centre de formation. Pour la suite, on verra bien. À moyen-long terme, l’idéal ce serait de faire mes débuts avec l’équipe première de l’ASNL.»Par contre, tout aurait pu changer dès cet été. La situation difficile de l’ASNL a laissé de nombreux jeunes du centre de formation dans l’attente des décisions de la DNCG et cela remet en question pas mal de choses dans l’esprit d’un jeune homme de 17 ans.

«Forcément on est touché. Actuellement je suis en vacances, je fais abstraction de cela et je travaille de mon côté. Mais ça me touche. On a assisté à des matches catastrophiques de l’équipe première. Il y a eu des moments difficiles au centre et ça nous a touchés directement. Chez les jeunes que ce soit en U19, en U17, U16 ou même la réserve c’est différent. On a terminé en haut de tableau avec des points de pénalité suite à des problèmes administratifs. On en a payé les conséquences, mais on s’en sort bien. Le centre de formation travaille très bien. C’est sûr que si la descente en National 2 ou National 3 est confirmée, il n’y a plus de centre de formation. Ce serait compliqué pour beaucoup. Ils garderaient les jeunes, mais il n’y aurait plus l’internat du centre de formation. Ce serait compliqué pour moi si le centre disparaissait, car je n’aurais plus mon logement. Ce serait vraiment compliqué» nous a d’ailleurs confié Hugo Ducret.

Finalement, l’issue a été heureuse pour les jeunes pousses du club lorrain. Pouvant repartir pour un nouveau cycle avec l’équipe U17 de l’ASNL, Hugo Ducret souhaite s’inspirer d’un joueur fanion du club pour devenir plus fort : «forcément Clément Lenglet qui était réputé pour son attitude, son sérieux. Il est passé par Nancy, vous voyez maintenant sa carrière, c’est incroyable ce qu’il a fait. C’est forcément le plus grand exemple que j’ai envie de suivre.» Le joueur du Barça n’est cependant pas son seul modèle : «avec mon père on allait souvent au stade Marcel-Picot, Youssouf Hadji marquait plein de buts au stade. Actuellement je dirais Khéphren Thuram. C’est un joueur auquel j’aimerais ressembler. J’adore sa percussion et j’aime ses qualités. Je sens que c’est un joueur qui va encore plus exploser par la suite.» Les étoiles plein les yeux et la tête sur les épaules, Hugo Ducret entend donc profiter pleinement de cette saison avec ce nouveau départ à l’image de l’ASNL.

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