La terrible descente aux enfers du Chili et de la Colombie !

Par Aurélien Macedo
6 min.
James Rodriguez avec la Colombie et Arturo Vidal avec le Chili @Maxppp

Double vainqueur de la Copa América en 2015 et 2016, le Chili a marqué la dernière décennie en Amérique du Sud avec une génération dorée. Le topo est assez similaire pour la Colombie qui reste sur deux bons parcours lors des Coupe du monde 2014 et 2018 et comptabilise deux troisièmes places à la Copa América. Pour autant, ces deux équipes habituées aux sommets en compagnie de l'Argentine, du Brésil et de l'Uruguay sont proches de ne pas participer à la Coupe du monde 2022. Un certain aveu d'impuissance pour deux équipes en perte de vitesse.

«C'est un moment très difficile à cause de ce que nous avons vécu cette semaine. Nous n'avions jamais perdu deux matchs en qualifications de suite et au classement un total de points important qui avait été accumulé au cours de l'année écoulée est perdu. Cela a abattu le groupe, mais nous devons prendre nos responsabilités et réagir. [...] Ce n'est pas fini et nous devons répondre jusqu'au bout» expliquait le sélectionneur Reinaldo Rueda en février dernier après une défaite 1-0 contre l'Argentine. Au bord de l'élimination depuis ce match, la Colombie n'a plus son destin entre ses mains et va devoir prier tout en gagnant. Elle s'est donnée du sursis en écrasant la Bolivie (3-0), mais rien n'est encore joué, car elle est sixième à un point du Pérou qui est actuellement barragiste. Devant jouer le Venezuela lors de l'ultime journée, la Colombie aura besoin dans le même temps que le Pérou ne s'impose pas contre le Paraguay afin d'espérer glaner la place de barragiste. Cet espoir précaire est quasiment nul pour le Chili qui arrive au septième rang à deux points du Pérou et une longueur de la Colombie. Déjà absente en 2018, la Roja qui a remporté la Copa América en 2015 et 2016 reste sur une lourde défaite contre le Brésil (4-0). Recevant l'Uruguay lors de l'ultime journée, le Chili est quasiment déjà éliminé.

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Alors que les tickets qualificatifs ont été glanés par le Brésil, l'Argentine, l'Équateur et l'Uruguay, la Colombie et le Chili veulent subtiliser au Pérou cette place de barragiste. Pour se retrouver dans cette situation, les deux équipes payent évidemment la fin de deux belles générations, mais le contexte est un peu différent. Pour le Chili, le phénomène commence à dater. Après ses deux succès en Copa América, la Roja avait montré le début d'un vieillissement de son groupe qui lui avait coûté la qualification pour la Coupe du monde 2018. Si derrière, les Chiliens avaient été meilleurs lors de la Copa América 2019 avec une quatrième place dans le tournoi, la dernière édition a été très décevante avec une quatrième place sur cinq dans le groupe A derrière l'Argentine, l'Uruguay et le Paraguay, puis un revers contre le Brésil (1-0) en quart de finale.

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Un Chili caricatural et ringardisé

Pointant à sept points et à la huitième place après les dix premiers matches, le Chili a relevé la tête avec trois victoires contre le Paraguay (2-0 et 1-0) et le Venezuela (3-0) pour se relancer. Pourtant, la réaction n'a été pas assez soutenue et les risques de qualification sont bien minces. Contre le Brésil lors du dernier match, le onze avait pourtant une belle allure en terme de nom avec Claudio Bravo dans les buts derrière Paulo Diaz, Gary Medel et Enzo Roco. Avec Mauricio Isla, Arturo Vidal, Claudio Baeza, Charles Aranguiz et Gabriel Suazo un cran plus haut derrière le duo composé d'Eduardo Vargas et Alexis Sanchez, on pourrait se dire que cette équipe a de la qualité. Cependant, sur les onze joueurs, ils sont sept à avoir 32 ans ou plus. Et Enzo Roco (29 ans), Claudio Baeza (28 ans) et Paulo Diaz (27 ans) sont dans la force de l'âge. A côté, Gabriel Suazo fait office de jeunot dans une sélection en perte de vitesse. Sans relève concrète, cette génération dorée continue de s'user et à perdre sa gloire d'antan assez logiquement.

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Les quelques espoirs sont Sebastian Vegas (25 ans) ou encore Ben Brereton (22 ans), mais c'est loin de ce que produisait le Chili avant en qualité comme en quantité. D'ailleurs, le premier joue à Monterrey (Mexique) tandis que le second évolue en Championship avec Blackburn. Pensant un temps à faire venir Manuel Pellegrini sur son banc, le Chili peut compter depuis février 2021 sur Martin Lasarte qui a remplacé un certain ... Reinaldo Rueda qui est désormais coach de la Colombie et qui pourrait laisser les deux dernières sélections qu'il a coachées regarder la Coupe du monde 2022 à la TV. «Nous devons obtenir le résultat dont nous avons besoin et ensuite avoir un peu de chance. C'est la réalité» a notamment expliqué Martin Lasarte avant d'affronter l'Uruguay. Proche de la sortie de route, le Chili est dans une situation très compliquée, car les perspectives d'avenir semblent bouchées. Une nouvelle déconvenue pourrait cependant être bénéfique sur un point : il faut clairement que le Chili valorise sa future génération, car il ne pourra plus compter éternellement sur ses vétérans.

La Colombie s'est tirée une balle dans le pied

Pour la Colombie, le sursis a été gagné et les chances de qualification sont plus importantes que le Chili. En effet, ils n'ont besoin de dépasser qu'une équipe et pas deux tandis que l'écart n'est que d'un point avec les Blanquirojos. Pourtant cela ne doit pas occulter la campagne qualificative désastreuse des Cafeteros. Certes, trois de ses cadres s'approchent de la fin à l'image de Radamel Falaco (35 ans), David Ospina (33 ans) et Juan Cuadrado (33 ans). Autrefois le patron, James Rodriguez (30 ans) n'a plus la même importance qu'avant, mais le talent reste présent. Devant, il y a des buteurs de qualités avec Luis Muriel (Atalanta, 30 ans), Duvan Zapata (Atalanta, 30 ans), Rafael Borré (Eintracht, 26 ans), Alfredo Morales (Rangers, 25 ans) ou encore Luis Suarez (Grenade, 24 ans). Il y a aussi des ailiers fantasques comme Luis Sinisterra (Feyenoord, 22 ans) et Luis Diaz (Liverpool, 25 ans) tout comme des cadres tels que Wilmar Barrios (Zenit, 28 ans), Mateus Uribe (Porto, 31 ans), Davinson Sanchez (Tottenham, 25 ans) et Yerri Mina (Everton, 27 ans). La question de la qualité et de la relève ne se pose pas particulièrement pour la Colombie puisque la situation à moyen-long terme est moins dramatique que le Chili.

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Pourtant, les deux sélections sont dans le même bateau et celui-ci tangue beaucoup. Si le dernier match contre la Bolivie (3-0) a été rassurant dans un 4-3-3 où les qualités de Luis Dias et Luis Sinisterra ont fait des ravages dans les couloirs, les Cafeteros ont perdu trop de points avant. Le passage de Carlos Queiroz sur le banc de la sélection a été un vrai échec et Reinaldo Rueda ne fait pas mieux pour le moment. En janvier dernier lors d'une défaite 1-0 à domicile contre le Pérou, il avait été escorté vers les vestiaires après le jet de nombreux objets en provenance des tribunes. Rectifiant un peu le tir, il va jouer avec son équipe une finale contre le Venezuela et espérera dans le même temps une contre-performance péruvienne contre le Paraguay. «Tous les matches ont une très forte demande. Nous sommes arrivés dans une position que nous n'aurions pas voulue, ce sont des heures difficiles, d'anxiété et de beaucoup de charge émotionnelle» a-t-il lâché. Au bord de la catastrophe, le Chili comme la Colombie vont essayer d'arracher un barrage face au barragiste asiatique. Cependant, les deux sont pour le moment bien partis pour ne même pas obtenir ce ticket de la dernière chance ...

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