Umut Bozok : « Je suis redevenu joueur de football »

Par Constant Wicherek
7 min.
Umut Bozok en joie sous le maillot du FC Lorient @Maxppp

Après une magnifique saison en Ligue 2 avec Nîmes, Umut Bozok n'a pas eu la possibilité de confirmer à l'échelon supérieur. Prêté par Lorient à Kasimpasa cette année, l'attaquant retrouve le chemin des filets et le goût du terrain. Entretien.

Foot Mercato : comment avez-vous pris les premiers contacts avec Kasimpasa ?

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Umut Bozok : Kasimpasa, par l'intermédiaire de son CEO Serkan Reçber, a été l'un des dirigeants qui, au début de l'été s'est montré persévérant et convaincant à l'idée de découvrir la SuperLïg.
Il savait pertinemment que depuis plusieurs saisons, j'avais refusé différentes approches turques parce que je n'y étais pas particulièrement sensible. Mais quand tu prends un peu de hauteur sur ta situation, que tu enchaînes une année extra-sportive cauchemardesque à Nîmes en L1 et que depuis un an et demi, tu fais banquette à Lorient, tu te dis que c'est une chance magnifique d'avoir la possibilité de découvrir et rebondir dans un championnat de qualité et montrer que t'es toujours joueur de football. Donc finalement, avec mon agent, on décide d'accepter l'invitation du club pour venir visiter les installations.

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FM : justement, les infrastructures, qu'en avez-vous pensé quand vous les avez découvertes ?

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UB : un seul mot suffit: exceptionnelles. Les infrastructures de Kasimpasa sont fantastiques. Sur notre centre d'entraînement, il y a absolument tout pour performer. C'est très clairement une force pour le club parce que quand tu découvres toute la qualité du lieu, et qu'on n'y est pas habitué, déjà le charme opère. Et tu comprends vite aussi pourquoi les clubs européens quand ils viennent en stage, ou ont des confrontations en Turquie demandent de pouvoir s'entraîner ici. Je ne suis pas sûr qu'un seul club en France possède de telles infrastructures.

FM : vous êtes Franco-Turc, mais vous avez grandi en France. Est-ce que c'était dur de quitter l'Hexagone ?

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UB : bien sûr que ce n'est pas évident parce que tu pars à la découverte concrète d'un pays d'où viennent toutes tes racines, et pour autant, je n'y ai passé que quelques semaines dans toute ma jeune vie. C'est une nouveauté, même pour un franco-turc comme moi. Mais, Istanbul est une ville magnifique, peut-être l'une des plus belle du monde et c'est un vrai plaisir de me plonger dans cette culture avec laquelle j'ai grandi. Je me suis très bien intégré au club, à la ville et je fais une année express Erasmus en travaillant mon Turc.

FM : et au niveau de la nationalité sportive ?

UB : il faut savoir qu'à l'époque de Nîmes, en Ligue 2, le sélectionneur de l'EdF souhaite que je puisse revêtir le maillot bleu. Mais quelques semaines auparavant, j'avais été appelé avec les Espoirs turcs pour le début des éliminatoires de l'Euro. Très honnêtement, j'étais content d'être convoqué avec la Turquie, mais quand le sélectionneur de l'Équipe de France te sollicite, c'est encore et toujours une récompense magnifique. Faut être droit dans ses bottes... J'aurais été très heureux de porter également le maillot de l'EdF, mais on ne refera pas l'histoire. Quoiqu'il en soit, quand 2 grandes nations du football te remarquent, tu ne peux qu'être heureux et fier. Maintenant, il n'y a pas de choix à faire dans l'immédiat car ma priorité est de performer avec mon club et obtenir le maintien le plus rapidement possible.

FM : vous êtes décisif, c'est vrai. Est-ce que vous retrouvez le goût de jouer ?

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UB : c’est exactement ça, et la raison principale pour laquelle j'ai foncé à Kasimpasa. Je suis redevenu joueur de football et je peux exercer mon métier tous les weekends. Quand je sors de cette année terrible à Nîmes en L1 ou de "petites" personnes t'ont mis au ban, et que tu enchaînes en signant à Lorient, sans avoir vraiment eu l'occasion de porter le maillot depuis un an et demi, tu commences à trouver le temps long. Partir à Troyes a été une belle expérience même si mon bilan reste famélique, car t'arrives en cours de saison dans un effectif qui ronronne très bien et que le temps d'adaptation doit être éclair. En signant à Kasimpasa, l'objectif était de retrouver du temps de jeu, du plaisir, et le chemin des filets. Et quand on ne te colle aucune étiquette, et que tu peux enchaîner les matches, machinalement, les sensations reviennent et même si tout n'est pas parfait, en être déjà à plusieurs buts et passes décisives (ndlr : 8 buts/ 3passes ) à la moitié du championnat reste un bilan satisfaisant.

Son avenir n'est pas encore clair

FM : avez-vous eu peur d'être étiqueté joueur de Ligue 2 ?

UB : dans le football, on ne peut pas tout maîtriser. Les personnes, les relations humaines, les coulisses et ses nébuleuses, bref, y'à à boire et à manger à tous les niveaux et on le sait tous, quand on baigne dedans. Un joueur ne peut maitriser que certains paramètres qui lui sont propres pour être sur le terrain le weekend : l'investissement, le travail, la rigueur, l'état d'esprit et les entraînements. Le reste ne dépend pas que de toi. Alors pour aller plus loin, je te dirais que beaucoup m'ont collé une étiquette L2, même professionnellement parlant parce que certaines portes se referment, à dire vrai, je m'en moque un peu. Je sais de quoi je suis capable, et si certains veulent parler de niveau, j'aurais davantage envie d'appuyer sur la confiance. Quand un entraîneur t'accorde sa confiance, tu vas au combat pour lui, tu meurs sur le terrain. Quand le ressort est cassé dans un sens comme dans l'autre pour x ou y raisons, ça devient vite compliqué.

FM : justement, vous n'êtes que prêté par Lorient. Votre route passe par la Bretagne l'année prochaine ?

UB : très sincèrement, je n'en ai pas la moindre idée et pour l'instant je vis pleinement ce prêt. J'appartiens au FC Lorient jusqu'en 2023 et je ne sais pas de quoi demain sera fait, mais j'ai déjà quitté Lorient en janvier 2021 , en prêt à Troyes. Mais ai-je vraiment débarqué un jour au FCL?! Le coach a insisté pour ma venue à l'été 2019, s'en est suivi des blessures, quelques bouts matches ici ou là, un but pour la montée en L1, le Covid, et l'été suivant, un recrutement XXL et un choix sportif de ne pas avoir sa chance. Donc, l'avenir dira si je retourne en Bretagne, ailleurs ou si l'aventure continue ici.

Il a créé une structure d'Esport

FM : vous étiez aussi connu pour beaucoup jouer à FIFA et du piano, on a l'impression que vous avez tout arrêté…

UB : (rires)...les personnes qui me connaissent ou me suivent savent que je joue du piano. C'est dans mon éducation et j'adore ça. Ma passion pour les jeux vidéos... je crois que c'est générationnel! On a grandi avec l'évolution technologique et l'évolution du multimédia. J'ai une vraie appétence pour ça, et j'y ai joué beaucoup, notamment dans une période ou je ne jouais pas beaucoup au football le weekend. Mais aujourd'hui, j'ai sacrément levé le pied, car je n'en ai pas trop le temps. Mais je n'ai pas tout abandonné non plus, en créant avec quelques amis, une structure de E-sport ( Athletec) qui me permet de rester autour des jeux vidéos et qui sait, peut-être notre écurie comptera-t-elle dans le game quand ma carrière sera finie.

FM : vous pouvez nous parler un peu plus de ce projet ?

UB : c'est un projet qui s'appelle Athletec et qui a été crée il y a un an. C'est comme un club de football, c'est une structure avec des équipes et on recrute des joueurs qui évoluent sur certains jeux et qui sont compétitifs. C'est ainsi qu'on participe à des compétitions sur League of Legends, sur FIFA. Il y a des compétitions sur Rocket League. Il y a beaucoup de jeux sur lesquels on va participer. On évolue aussi sur Fortnite, les jeunes gamers s'y connaissent bien. C'est quelque chose qui prend du temps, mais on rencontre de belles personnes. Apprendre à gérer une société, c'est intéressant pour l'après-carrière, cela peut toujours servir et c'est quelque chose que j'aime beaucoup. Gérer une société et être entraîneur, c'est quelque chose de très lié.

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