Barrages Mondial 2022 : au cœur de la qualification du Maroc à la Coupe du monde

Par Hanif Ben Berkane
6 min.
Les supporters marocains de Casablanca fêtent la qualification au Mondial 2022. @Maxppp

Au terme d'un match riche en buts et dans un stade en fusion, le Maroc a validé son billet pour le Mondial 2022 au Qatar. Dans la ville de Casablanca qui a accueilli ce choc face à la RDC, l'heure était à la fête.

Mardi 29 mars. Il est midi et les barrages de police se multiplient à l'entrée du stade Mohammed V de Casablanca qui se prépare à accueillir le match le plus important de ces dernières années. Après le nul (1-1) face à la RDC à l'aller, le Maroc a son destin en main et peut rêver d'une nouvelle qualification à la Coupe du monde. La tension est à son comble aux alentours d'une enceinte décorée aux couleurs du pays, en rouge et vert. Plus de sept heures avant le début de la rencontre, les supporters s'échauffent la voix et commencent à faire la queue pour entrer dans le stade. «J'ai vraiment hâte de retrouver ce stade, cela m'avait manqué. Je suis impatient» confie Karim qui attend depuis une vingtaine de minutes avec son drapeau. Car avec le covid, les stades au Maroc sonnaient creux et la FRMF (fédération marocaine de football) avait tout juste pris la décision d'autoriser le public.

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À 15 heures, la police se décide enfin à ouvrir les portiques métalliques et les premiers supporters entrent dans le stade. Un stade sans numéro sur les sièges et qui poussent à l'adage : «premier arrivé, premier servi». Pour être sûr d'avoir une bonne place, certains n'hésitent donc pas à passer six à sept heures dans le stade avant le coup d'envoi et s'occupent comme ils le peuvent. Anas, venu en famille, a, lui, décidé de jouer aux cartes sur les sièges bleus du stade alors que d'autres essayent de lancer des chants pour ne pas se refroidir. Très vite, le stade commence à résonner et les premières musiques sont envoyées sur la sonorisation pour commencer doucement, mais sûrement à réveiller tout le monde.

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Un stade très vite enflammé

Mais pour réveiller tout le monde, il fallait seulement attendre d'apercevoir les joueurs de la République Démocratique du Congo. Arrivés sur le terrain pour la fameuse reconnaissance d'avant-match, les coéquipiers de Cédric Bakambu sont copieusement sifflés. Des bouteilles sont jetées en direction des joueurs comme pour montrer qu'ils ne sont pas les bienvenus dans ce stade. L'ambiance change du tout au tout quelques secondes plus tard, quand c'est au tour des joueurs marocains de fouler la pelouse et se permettre un petit tour d'honneur pour saluer tout le monde.

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Place ensuite à l'échauffement. Moment où l'attaquant de la Gantoise Tarik Tissoudali décide de faire preuve d'une précision chirurgicale lors des exercices devant le but et donc d'enflammer un peu plus un stade qui ne demande qu'à voir du beau jeu. Mais une première information arrive aux oreilles du public, la composition marocaine. Véritable chouchou du peuple marocain, Sofiane Boufal est annoncé sur le banc. Une mauvaise nouvelle pour les amoureux de gestes techniques. Les supporters se mettent alors à scander son nom pendant plusieurs longues minutes et à s'exclamer à chacune de ses touches de balle lors d'une séance de jongle dont il a le secret.

Vahid Halilhodzic copieusement sifflé

Et si certains doutaient de sa cote de popularité, il faut attendre juste quelques instants au moment de l'annonce des deux compositions. Sans surprise, l'attaquant de Angers est applaudi bien plus que les autres même si l'autre star du peuple se nomme évidemment Achraf Hakimi. Côté RDC, une énième bronca s'abat sur les joueurs à l'annonce de leur nom sauf pour un seul qui est encensé par tout le stade : Ben Malango. L'attaquant de 28 ans a les supporters dans sa poche pour la simple raison qu'il a évolué en club au Raja Casablanca et joue donc devant un public qu'il connaît particulièrement bien. Certainement touché, l'ancien du TP Mazembe en a profité pour applaudir ces derniers qui étaient, de leurs côtés, occupés à accueillir les centaines de supporters congolais présents.

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19h30 heure locale, le coup d'envoi est donné par les Marocains et l'ambiance monte clairement d'un cran. Malgré une composition assez prudente de la part de Vahid Halilhodzic - le sélectionneur marocain est d'ailleurs conspué par tout le stade à l'annonce de son nom - le spectacle est au rendez-vous et l'enfant de Casablanca Azzedine Ounahi ouvre la voie d'une frappe sensationnelle qui fait chavirer tout un stade. Des feux d'artifices sont même lancés après ce but. De quoi donner l'envie aux joueurs de montrer encore plus de choses sur le terrain. Et c'est ce qui allait se passer. Asphyxiés, chahutés, perturbés, les Léopards concédaient trois autres buts dans cette rencontre. Seul Malango, chouchou du stade, sauvait l'honneur d'une reprise de volée stratosphérique qui surprenait les supporters, plutôt occupés à acheter quelques gâteaux aux vendeurs ambulants pour tenir jusqu'à la fin de soirée.

La folle fin de soirée

Dans son stade, devant un public en fusion, le Maroc fait bonne figure et valide logiquement son ticket pour le Mondial. L'enceinte peut exulter, les Lions de l'Atlas seront bien au Qatar en novembre prochain pour la Coupe du monde 2022. Au coup de sifflet final, certains pleurent, d'autres s'enlacent sans se connaître. Mais l'envie de partager des moments de joie ensemble est trop forte. Cette victoire fait un bien fou à bons nombres de personnes qui ont longtemps été privés de ce genre d'émotions. Encore plus avec le Covid. Vahid Halilhodzic, de son côté, après s'être agenouillé, sans doute soulagé par ce succès, reçoit un appel du Roi du Maroc Mohammed VI. Les joueurs, au centre du terrain, chantent et dansent puis en profitent pour remercier le public encore et toujours derrière eux.

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À la sortie du stade, des vendeurs proposent déjà des drapeaux, maillots, casquettes et toute sorte d'accessoires inimaginables. Quelques mètres plus loin, derrière les nombreux camions de police, les premiers fumigènes apparaissent, les premiers klaxons et drapeaux aussi. «Cette victoire est un soulagement vraiment. Ce peuple en avait besoin. On va aller à la Coupe du monde dans un pays arabe en plus», s'enthousiasme Foued, supporteur venu de Belgique pour l'événement. Les chants se multiplient et les voitures n'avancent plus sur la route. Certains en profitent alors pour monter sur le toit ou même le capot. Des sourires, des cris, de la joie et surtout une fête. Une fête qui s'est d'ailleurs éternisée jusqu'au bout de la nuit alors que les joueurs eux, qui ont d'abord célébré à leur hôtel, poursuivaient les festivités dans un restaurant huppé de Casablanca, en bord de mer.

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