Dans l’ombre de la MLS, la Liga MX peine à pérenniser sa recette mexicaine

Par Valentin Feuillette
6 min.
Mikel Arriola Peñalosa, président de la Liga MX @Maxppp

Si la MLS s’attire toujours plus les projecteurs avec l’arrivée de Lionel Messi à Miami, au-delà des frontières américaines, le Mexique n’arrive pas à retrouver son trône continental, considéré pourtant pendant longtemps comme la plus grande nation de la CONCACAF.

A l’heure où le mercato d’été enflamme l’Europe, les championnats et autres compétitions se poursuivent sur les deux continents américains. D’ailleurs, la Leagues Cup, compétition nord-américaine organisée conjointement par la Major League Soccer et la Fédération du Mexique de football, bat son plein. Créée en 2019, cette coupe connaît une certaine révolution pour son actuelle édition. Pour la première fois dans l’histoire de la compétition, toutes les équipes de MLS et de Liga MX (47 au total) participeront au tournoi, les deux ligues prenent donc une pause dans leurs saisons respectives pour participer au tournoi. Les demi-finales se lancent cette nuit et l’Inter Miami de Lionel Messi va affronter Philadelphie Union.

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Si la MLS ne cesse de vivre une croissance fulgurante depuis dix ans, comme nous vous le détaillions dans ce large papier sorti il y a quelques semaines, la Liga MX peine à faire évoluer sa recette et semble quelque peu coincer. Entre une économie en berne, un niveau plus faible et une internationalisation bien moins développée, le championnat mexicain cherche, par tous les moyens, à s’offrir une nouvelle politique interne avec une dose de modernisme pour être capable d’améliorer tous les pans qui forment la Liga MX. Avec la Coupe du Monde organisée par les Etats-Unis, le Canada et le Mexique en 2026, les trois pays ne veulent pas se tirer le bourre, bien au contraire.

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Les travaux annoncés par Mikel Arriola Peñalosa

Depuis le 7 décembre 2020, l’avocat et homme politique du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), Mikel Arriola Peñalosa est à la tête de La Liga MX. Un mandat qui s’annonçait déjà bien compliqué sur le papier après la pandémie du Covid-19 qui s’est greffée aux autres enjeux et problèmes qui frappent le football mexicain et son développement quelque peu archaïque sur un continent dominé désormais par la Major League Soccer aux Etats-Unis et au Canada : «Un plan d’urgence a été approuvé pour la génération de ressources à partir du flux des équipes, ce plan d’urgence apporte un flux d’environ 750 millions de pesos, il a des instructions claires pour moi d’augmenter la présence de nos équipes dans d’autres secteurs non traditionnels» avait déclaré en 2021 le dirigeant mexicain.

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Plus d’une fois, l’actuel patron du football professionnel mexicain a fait part de certaines inquiétudes. Alors que le Mexique, par son équipe nationale et son championnat, a toujours historiquement dominé la zone de la Confédération de football d’Amérique du Nord, d’Amérique centrale et des Caraïbes (CONCACAF), la dernière décennie voit les cartes se rabattre en Amérique du Nord : «Je suis inquiet. Le niveau d’investissement de la MLS a augmenté de 600% en 12 ans. Nous, la Liga MX, voulons ce type d’investissement car si nous ne le faisons pas, nous perdrons dans les cinq années suivantes. Le plan principal de la ligue mexicaine est pour augmenter le niveau d’investissement», s’était lamenté l’année dernière Mikel Arriola Peñalosa. La saison 2022 a été la parfaite illustration : une écurie de MLS était tenante du titre en Ligue des Champions de la CONCACAF, en Campeones Cup et au MLS All-Star Game - des compétitions organisées conjointement par ou avec la Major League Soccer et la Liga MX.

La MLS comme appui ?

Mais comment améliorer la situation au Mexique ? D’un point de vue sportif, Mikel Arriola Peñalosa semble opter pour une ouverture de son championnat avec une vraie proximité avec la MLS. D’ailleurs, depuis son arrivée à la tête de la Liga MX, l’homme politique mexicain de 47 ans n’a jamais réellement perçu le développement américain d’un mauvais œil. Au contraire, il y voit ici un exemple à suivre : «Le développement de MLS, en termes de compétitivité, a été très impressionnant. Les États-Unis investissent dans la jeunesse et ils ont maintenant 220 joueurs en Europe, nous, le Mexique, en avons 35. Un autre objectif de la Leagues Cup est de générer une fenêtre pour que nos joueurs arrivent en Europe. Nous en avons un besoin urgent pour être compétitifs en Coupe du monde avec notre équipe nationale.», avait reconnu le président de la Liga MX.

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Cette politique de collaboration est bien plus qu’une simple idée, c’est une véritable philosophie qui prend de l’ampleur en Amérique. Comme nous vous l’expliquions dans ce grand dossier consacré au développement de la Copa Libertadores, le projet d’une extension panaméricaine, ouvrant ainsi la voie aux franchises de MLS et aux clubs mexicains dans la Copa Libertadores est sur la table des négociations. La CONMEBOL (Confédération sud-américaine de football) et la CONCACAF (Confédération de football de l’Amérique du Nord, centrale et Caraïbes) ont annoncé en début d’année la signature d’un «accord de partenariat stratégique visant à renforcer et à développer le football dans les deux régions». Un rapprochement attendu qui fait suite à l’organisation de la Copa America 2024 aux Etats-Unis avec dix nations de la CONCACAF en invités.

Politique des droits TV

Le football mexicain attire en moyenne les plus grandes foules de toutes les ligues de football des Amériques et le troisième plus grand public de toutes les ligues sportives professionnelles d’Amérique du Nord, derrière la NFL et la MLB. C’est aussi la ligue de football la plus regardée aux États-Unis. Les matchs de Liga MX sur Univision ont attiré 920 640 téléspectateurs aux États-Unis cette saison, plus que les matchs de la Premier League anglaise sur NBC (788 620) et les matchs MLS en anglais sur Fox (436 750). En octobre 2022, TelevisaUnivision, la première société mondiale de médias et de contenu en langue espagnole, a annoncé un partenariat historique avec Liga MX au cours duquel elle commercialisera en exclusivité les droits commerciaux de la ligue de football mexicaine aux États-Unis. Cette initiative étend la relation de longue date de l’entreprise avec la Liga MX et ses clubs, et renforce le package complet des capacités publicitaires et marketing qu’elle offre aux marques pour s’engager de manière significative avec la communauté hispanique américaine.

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La Liga MX a longtemps été considérée comme un investissement risqué en raison de la corruption présumée, du manque d’accords commerciaux au-delà de l’Amérique du Nord et du déséquilibre financier entre les meilleurs clubs et le reste de la ligue. Mais cela commence à évoluer. L’année dernière, un groupe d’investisseurs américains a acheté le Club Necaxa, qui a récemment été évalué à plus de 200 millions de dollars lors d’un cycle d’investissement ultérieur, et quelques autres changements structurels ont rendu la ligue plus attrayante pour les investisseurs étrangers. Encore récemment, le géant du capital-investissement Apollo Global Management se disait prêt à offrir à la Liga MX un investissement d’environ 1,25 milliard de dollars en échange d’une partie des revenus des médias internationaux de la ligue de football mexicaine. La proposition d’Apollo est subordonnée à l’acceptation par les équipes mexicaines de vendre leurs droits de diffusion. Contrairement à la plupart des grandes ligues américaines et européennes, la Liga MX permet actuellement aux équipes individuelles de former leurs propres partenariats commerciaux. De grands clubs tels que Chivas et Club America sont autorisés à signer des accords de diffusion lucratifs aux États-Unis, qui comptent plus de 36 millions de personnes d’origine mexicaine.

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