La Juventus est dans de sales draps

Par Dahbia Hattabi
5 min.
Pavel Nedved et Andrea Agnelli @Maxppp

Au coeur d'une tempête en Italie, la Juventus est attaquée de toutes parts. La Vieille Dame risquait déjà très gros et les dernières nouvelles n'ont pas de quoi rassurer.

Privée de Coupe du Monde, l'Italie vit à distance cet événement planétaire. Mais l'actualité liée au Mondial est largement éclipsée dans les médias par le scandale qui éclabousse la Juventus. Depuis 2021, seize anciens dirigeants du club sont dans le viseur de la justice suite à une enquête ouverte par le parquet de Turin. Pour résumer, ils sont soupçonnés d'avoir falsifié les comptes en ce qui concerne les bilans financiers et les transferts de certains joueurs. Au coeur d'une énorme polémique, la direction turinoise a annoncé son départ lundi via un communiqué de presse.

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Demande d'inculpation pour 13 anciens dirigeants de la Juventus

«Après avoir déjà décidé de reporter l’assemblée générale du club turinois à deux reprises, cette dernière étant d'ailleurs désormais fixée au 27 décembre, Andrea Agnelli, le président, et tout le conseil d'administration ont décidé de démissionner de leur fonction lors d’une réunion extraordinaire tenue à la Continassa, le siège de la Vieille Dame. Réunion à laquelle participait le président de la Juventus, son adjoint Pavel Nedved, le directeur général Maurizio Arrivabene et les autres membres du conseil d'administration Laurence Debroux, Massimo Della Ragione, Katryn Fink, Daniela Marilungo, Francesco Roncaglio, Giorgio Tacchia et Suzanne Keywood».

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Une décision liée à l'enquête en cours et pour laquelle les choses avancent ces derniers jours. Ce jeudi, la Gazzetta dello Sport, qui évoque une affaire pire que celle du Calciopoli, et le Corriere dello Sport révèlent que dans le cadre de la procédure en cours, le parquet de Turin a demandé l'inculpation d'Andrea Agnelli ainsi que douze autres personnes dont Pavel Nedved, Maurizio Arrivabene ou encore Fabio Paratici. Ils sont donc treize sur les seize personnes soupçonnées à être sous la menace d'une inculpation. En effet, la presse italienne précise que les membres du collège des commissaires aux comptes, à savoir Piccatti, Paracchini et Lirici, ne sont finalement pas inquiétés pour le moment. Ce qui n'est pas le cas d'Agnelli et ses douze acolytes.

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De nouveaux éléments suspects

Ces derniers vont être fixés dans les prochains jours sur la date de l'audience préliminaire. Ils devront répondre de leurs actes, eux qui sont accusés «de fausse comptabilité, de fausse communication sur le mercato, de délit d'entrave à l'exercice des autorités publiques de tutelle et de délit de manipulation d'informations», explique le Corriere dello Sport. Le média italien précise ensuite : «certains suspects ont également été inculpés du délit de déclaration frauduleuse par l'utilisation de factures pour des transactions inexistantes.» En plus de tout cela, la justice a découvert ces derniers mois l'existence de nouveaux mouvements d'argent suspects ainsi que des dettes supplémentaires en matière de vente de joueurs.

Des manoeuvres qui sont donc pointées du doigt et qui s'ajoutent à un dossier déjà bien rempli pour l'ancienne direction bianconera. Mais cette dernière a décidé de contre-attaquer en envoyant une note officielle dans laquelle elle affirme son innocence et estime que les objections du parquet de Turin vis-à-vis du traitement comptable ne sont pas fondées. Mais le parquet persiste et «affirme le caractère artificiel des plus-values (environ 155 millions d'euros) ​​et le caractère fictif des exonérations de salaire» selon le Corriere. De son côté, la Consob (commission nationale des entreprises et de la bourse) exige une réécriture des états financiers et veut y apporter des corrections.

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La fédération italienne prendra des sanctions si nécessaire

Toute cette affaire risque d'avoir des conséquences dévastatrices pour la Juventus. En début de semaine, nous vous avons expliqué que les Turinois pourraient écoper d'une très grosse amende, un retrait de point(s) voire une rétrogradation selon l'article 31 du Code de justice sportive. Questionné hier au sujet de l'enquête Prisma qui touche la Juve, le président de la FIGC, Gabriele Gravina, n'a pas voulu accabler le club. «Je n'aime pas l'idée de sanctionner certaines entités, en l'occurrence la Juventus, avant qu'il y ait un procès. Il y a des enquêtes, il y a des acquisitions de documents, notre parquet est alerté mais on ne connaît pas le résultat. Laissons la justice trancher».

Il a ensuite ajouté : «attendons ce qui ressort du procès et ensuite réfléchissons au système, mais on ne blâme pas et on ne sanctionne pas avant l'enquête». Malgré tout, la Vieille Dame pourrait perdre beaucoup. Outre les sanctions de la fédération italienne, comme expliqué avant (amende, retrait de point(s) voire rétrogradation), elle risque aussi de se faire taper sur les doigts par l'UEFA.« Nyon attend les décisions de la FIGC, mais la Juve est aussi menacée en Ligue des champions», insiste la Gazzetta dello Sport avant d'ajouter plus de choses sur le sujet.

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L'UEFA est prête à sévir

«Les événements liés au football italien sont liés aux coupes européennes. Et l'ombre de la sentence tant attendue du Tribunal de l'UE sur la Super League plane sur tout (...) Il y a un risque, oui. Même en Europe. Le risque que les événements italiens de la Juve aient de graves conséquences en Ligue des champions. Parce que les deux systèmes sont inextricablement liés. En effet, vous vous qualifiez pour les coupes après avoir obtenu la "licence UEFA" de votre fédération. Mais si une licence a été gagnée en omettant malicieusement des informations, ou en présentant de fausses données, modifiant en tout cas le bilan du club, alors l'UEFA peut intervenir. Et en cas d'appliquer ses sanctions, proportionnées à la gravité du cas.»

Du côté de l'UEFA, on attend donc d'en savoir plus sur les conclusions de cette enquête et on pourrait sévir fortement. D'autant que les relations ne sont pas très bonnes entre le président de l'instance dirigeante du football européen, Aleksandr Ceferin, et Andrea Agnelli, désormais ex-président de la Juventus et membre fondateur et actif de la Super Ligue. D'ailleurs, avec le départ d'Agnelli, cela est une mauvaise nouvelle pour le projet de SL que la nouvelle direction bianconera pourrait abandonner. Quoi qu'il en soit, l'UEFA surveille de très près les Bianconeri et a contacté la FIGC pour se tenir au courant du dossier. Malgré un changement de direction et le fait que Massilimiano Allegri ait plus de pouvoir, la Juventus risque très gros en Serie A et en Europe.

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