CAN 2023 : le Nigeria plus que jamais dos au mur !

Par Aurélien Macedo
7 min.
Simon, Osimhen et Iwobi avec le Nigeria @Maxppp

Géant d’Afrique avec un potentiel offensif totalement fou, le Nigeria a connu une entame de CAN 2023 compliquée et qui traduit les difficultés traversées par la sélection depuis de nombreux moins. Disposant d’un effectif déséquilibré et en plein doute, les Super Eagles sont plus que jamais menacés.

La CAN des surprises, voici comment on pourrait qualifier cette Coupe d’Afrique des Nations 2023. Alors qu’hier la Namibie a battu la Tunisie (1-0) et que des cadors comme l’Algérie (1-1 contre l’Angola), le Cameroun (1-1 contre la Guinée), le Ghana (battu 2-1 par le Cap-Vert) ou encore l’Égypte (2-2 contre le Mozambique) ont loupé leur début de compétition, le Nigeria est également concerné par ce retard à l’allumage. Opposés à une Guinée-Équatoriale toujours difficile à manœuvrer et quart de finaliste de la dernière édition, les Super Eagles ont su arracher le point du nul (1-1) quand Victor Osimhen (38e) a répondu à Ibàn Salvador (36e). Un résultat qui s’il n’est pas catastrophique, reste négatif, surtout que le Nigeria affronte la Côte d’Ivoire ce jeudi pour le compte de la deuxième journée des phases de poules de la CAN 2023.

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Un retard à l’allumage

Un choc où la révolte est clairement attendue dans les rangs nigérians. Après la rencontre le coach José Peseiro avait d’ailleurs fait part de sa déception en conférence de presse dans des propos recueillis par CAF Online : «on espérait gagner ce match et nous avons tout fait pour gagner. Notre équipe a été meilleure que celle de la Guinée-Équatoriale, mais il nous a manqué de la chance. Je ne suis pas heureux. On méritait de gagner, ce nul ne nous arrange pas. Notre équipe s’est créé beaucoup d’opportunités, mais nous n’avons pas marqué. Nous espérons que la prochaine fois, même avec moins d’opportunités, nous allons marquer. Je suis triste pour le résultat, mais pour la prestation de mes joueurs, je suis confiant… Nous devons simplement améliorer notre finition. Jouer à 14 heures (15 heures en France ndlr) n’est pas facile, donc la température et l’humidité n’étaient pas bonnes, mais nos joueurs ont très bien géré cela. Ce n’était pas facile de jouer dans ces conditions. Je suis triste, les joueurs sont aussi tristes, mais Dieu donne et Dieu prend. Le prochain match, Dieu pourrait nous le donner.»

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Un bilan qui dispose d’une part de vérité puisque le Nigeria a globalement dominé la rencontre contre la Guinée-Équatoriale, mais elle est tombée dans le piège du Nzalang Nacional qui est habitué à performer dans ce genre de configuration. Malgré 19 frappes dont 7 tirs cadrés, le Nigeria a su se procurer des occasions tout en se montrant maladroit dans le dernier geste. Défensivement en revanche cela a été plus compliqué et les rares initiatives de la Guinée-Équatoriale ont fait mal. D’ailleurs, Ibàn Salvador a marqué sur le seul tir cadré de sa formation. Déséquilibrée, la formation nigériane est bien consciente de son différentiel de talent entre son attaque (Simon, Chukwueze, Lookman, Osimhen, Moffi, Iheanacho, Musa et Onuachu ont été appelés, Boniface, Sadiq et Awoniyi sont blessés tandis qu’Adams, Dessers, Maja, Success, Gift Orban, Okereke ou encore Ighalo sont restés chez eux) et les autres postes. Cela provoque d’ailleurs une recherche permanente de la bonne formule et cela dessert aussi bien le secteur défensif qu’offensif.

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Une dynamique très mauvaise, un coach fragilisé

Depuis l’élimination contre la Tunisie lors de la CAN 2021 en 1/8e de finale (1-0), le Nigeria a connu une année 2022 noire avec 2 victoires, 2 nuls (qui ont provoqué son élimination en barrages de la Coupe du monde 2022) et 5 défaites. À peine meilleure, l’année 2023 a vu les Super Eagles perdre contre la Guinée-Bissau (1-0) en éliminatoires de la CAN et la qualification a été facilitée par la faiblesse affichée par la Sierra Leone et Sao Tomé-et-Principe. Pire, les éliminatoires de la Coupe du monde 2026 ont très mal débuté avec des accrocs contre le Lesotho (1-1) et le Zimbabwe (1-1). Relégué à un point de l’Afrique du Sud et deux points du Rwanda, le Nigeria devra montrer bien mieux lors de la suite de ces qualifications. Voulant limoger son sélectionneur José Peseiro, le Nigeria n’a pas pu le faire pour des raisons économiques.

«Si nous avions l’argent, nous serions prêts à le démettre de ses fonctions, nous ne sommes pas contents. Tout le monde demande le limogeage de l’entraîneur principal. Sur six points possibles, nous n’en avons que deux. C’est regrettable et nous sommes dans une situation très précaire» avait déclaré Nse Essien, membre de la Fédération Nigériane devant les médias locaux en novembre dernier. Avec un sélectionneur fragilisé pour cette Coupe d’Afrique des Nations, le Nigeria n’est pas arrivé dans les meilleures dispositions et avait d’ailleurs loupé son match de préparation contre la Guinée avec une défaite 2-0. À cela se rajoute une vraie hécatombe. Si l’imposant réservoir offensif a permis de relativiser les forfaits de Taiwo Awoniyi, Victor Boniface et Umar Sadiq, celui de Wilfred Ndidi en revanche fait très mal. Perdant son meilleur milieu de terrain, José Peseiro a donc dû travailler à la dernière minute un milieu à trois afin d’essayer d’équilibrer un peu plus son équipe qui est souvent coupée en deux. Cela a donné face à la Guinée et à la Guinée-Équatoriale des résultats décevants.

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Victor Osimhen attendu au tournant

Face à ces éléments contraires qui ne laissent que peu de place à l’optimisme pour une sélection qui n’a pas gagné la Coupe d’Afrique des Nations depuis 2013, un homme entretient une lueur d’espoir, il s’agit de Victor Osimhen. Attendu comme l’Alpha et l’Omega de son équipe, le buteur du Napoli avait crevé l’écran la saison dernière avec le Napoli (31 buts et 5 offrandes en 39 matches) où il a été champion d’Italie. Si avec son club cela s’est compliqué collectivement (il affiche tout de même 8 buts et 3 offrandes en 18 matches), celui qui a été élu meilleur joueur africain en 2023 entend cette fois briller avec sa sélection. S’il affiche 21 buts en 29 capes, son histoire avec les Super Eagles est assez contrastée. Vainqueur de la Coupe du monde U17 en 2015 avec son pays où il a été le meilleur buteur avec 10 réalisations, il n’a pas participé à la Coupe du monde 2018 et à la CAN 2021 pour blessure tandis qu’à la CAN 2019, il n’a disputé que 45 minutes contre la Tunisie lors de la finale pour la 3e place.

Désormais star de son équipe qu’il n’a pas pu qualifier pour la Coupe du monde 2022, Victor Osimhen veut lancer son histoire pour sa première vraie compétition dans un rôle central. Buteur contre la Guinée-Équatoriale, mais faisant preuve de maladresse, il a livré une première mitigée et veut se rattraper désormais. Dans un entretien pour l’AFP, il a fait part de l’importance de gagner un trophée avec son pays : «ce serait l’un des meilleurs moments de ma vie. Je l’ai fait avec Naples, je suis entré dans l’histoire, mais quoi que je fasse, quel que soit le nombre de buts que j’ai marqués, remporter la CAN, ce serait un grand pas dans ma vie, mais probablement quand je l’aurai fait, j’en aurai fini de ma carrière. J’ai vraiment hâte de gagner quelque chose avec les Super Eagles. J’ai toujours visé haut, dès mon enfance, et cette pression me vient naturellement. Je suis le genre de personne qui ne plie pas sous la pression. Je suis le genre de personne qui ne cède pas sous la pression.»

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Disposant d’une grande pression sur ses épaules, l’ancien de Charleroi et Lille sait qu’il arrive avec un costume tout autre qu’il y a quatre ans et qu’il ne pourra pas se défiler. Ce rôle central il ne le fuit pas et l’accepte totalement : «en 2019, quand je suis arrivé, Ighalo était là. C’est un grand frère pour moi, donc c’était important pour moi de passer par ce processus d’apprentissage auprès de lui, pour acquérir cette expérience. J’étais censé être là au Cameroun, mais j’ai eu ma blessure au visage. Maintenant, je suis ici. C’est un rêve qui se réalise pour moi. Je ne veux pas me mettre au centre, mais beaucoup de gens le disent. Je pense que je suis plutôt un joueur d’équipe. Je pense que nous avons les qualités nécessaires pour réaliser un très bon tournoi dont nous pourrons être fiers. Le premier match a été très décevant. Pour l’avenir, nous devons nous assurer de bien faire les choses lors du prochain match, contre un adversaire plus coriace.» Déjà en position délicate avant de défier la Côte d’Ivoire ce jeudi, le Nigeria aura bien besoin d’un grand Victor Osimhen pour espérer inverser sa dynamique très délicate lors de cette CAN 2023.

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