Le 4-2-3-1, le dispositif des équipes prudentes @Maxppp

Le 4-2-3-1, le dispositif des équipes prudentes

Par Frederic Yang - 13/11/2020 - 18:00

Nous poursuivons notre série sur les dispositifs tactiques avec le 4-2-3-1, qui est quasiment similaire au 4-3-3 avec une pointe haute. Ce dispositif tactique régulièrement utilisé présente l'avantage d'apporter une certaine sécurité au détriment, parfois, de l'aspect offensif.

Sur le plan offensif

Le 4-2-3-1 est un dispositif tactique qui s’organise avec quatre défenseurs, deux milieux jouant devant la défense, deux ailiers qui vont se replacer en tant que milieux de terrain excentrés en phase défensive, un numéro 10 ou un neuf et demi accompagné d’un avant-centre.

Ce système est très proche d’un 4-3-3 avec une pointe haute et d’un 4-4-2 à plat. Les véritables différences avec un 4-3-3 (pointe haute) se situent au niveau du profil du joueur positionné derrière l'attaquant central et du rôle défensif des ailiers, qui dans un vrai 4-3-3 iront presser haut tandis qu’ils iront se replacer au niveau des milieux de terrain dans un 4-2-3-1 (voir dans la partie suivante).

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Dans ce dispositif, on retrouve donc une ligne de quatre défenseurs dont les profils peuvent être complémentaires. Vu que sur phase défensive le 4-2-3-1 est souvent utilisé en bloc médian, les défenseurs centraux se retrouvent à couvrir peu d’espace dans leur dos et des profils plus lents ne seraient pas forcément préjudiciables pour l’équipe. Concernant les latéraux, leurs profils dépendront de la philosophie de l’entraîneur (soit très défensifs pour protéger des ailiers très portés vers l’attaque soit complémentaires avec un latéral plus offensif du même côté qu’un ailier qui défend bien et inversement de l’autre côté soit particulièrement polyvalents).

Juste devant la ligne défensive, on retrouve deux milieux reculés généralement bons récupérateurs de ballons, avec idéalement un profil box-to-box et un meneur reculé capable d’être très précis sur le jeu long et court (ou bien une pure sentinelle défensive). Souvent l’animation offensive d’un 4-2-3-1 repose énormément sur les 4 offensifs (les deux ailiers, le 10 ou 9 et demi et l’avant-centre). Les ailiers sont généralement des joueurs très rapides et bons en un-contre-un.

Kingsley Coman ici sous le maillot du Bayern

Le numéro 10 ou 9 et demi est généralement le joueur le plus mis en valeur par ce système. Véritable maître à jouer de l’équipe capable de soulager la défense pour ressortir les ballons mais également d’être le joueur qui va faire le lien avec ses partenaires d’attaque, il bénéficie aussi de la présence permanente d’un avant-centre pour tourner autour de lui et arriver lancer en deuxième lame pour finir les actions. Enfin, l’avant-centre d’un 4-2-3-1 est généralement un attaquant qui joue en appui (le pivot), costaud, efficace dos au but pour conserver le ballon, pour remiser sur un coéquipier mais il est aussi idéalement un redoutable finisseur.

Le 4-2-3-1 est un dispositif équilibré même s’il mise peut-être davantage sur l’aspect défensif avec notamment ce double pivot devant la défense à quatre. Sa différence avec le 4-4-2 à plat, c’est le rôle plus complet du deuxième attaquant central (le 9 et demi) mais aussi le profil souvent purement offensif des ailiers.

Sur le plan défensif

Défensivement, le 4-2-3-1 est donc un dispositif idéal pour défendre en bloc médian voire bas. Généralement l’attaquant central a pour mission d’orienter la relance d’un adversaire vers un côté en coupant les transmissions vers l’un des centraux et parfois de presser le gardien en cas de passe en retrait. Il peut aussi être au marquage du 6 adverse selon la stratégie de son entraîneur.

Le 4-2-3-1 peut facilement se transformer en 4-4-2 pour mettre encore plus de pression à l’adversaire ou en 4-1-4-1 face à un adversaire doté d'un 10. Le 10 ou 9 et demi aura généralement beaucoup de travail défensif à faire pour gêner les relances courtes de l’adversaire et soutenir l’attaquant central. Les ailiers, qui s’insèrent généralement dans la ligne de quatre au milieu de terrain, ont pour but de bloquer les latéraux et sont accompagnés par deux milieux défensifs généralement performants dans la récupération du ballon. Ces deux milieux protègent à la fois les ailiers mais aussi la ligne de 4 défensive qui, comme évoqué précédemment, peut être composée de profils plus lents en défense central si l’équipe évolue en bloc médian voire bas.

Le 4-2-3-1 est un système qui favorise les contre-attaques rapides puisque le 9 et demi et le 9 sont des cibles faciles à trouver et qui peuvent rapidement trouver les ailiers lancés sur le côté. Le 9 peut aussi permettre de soulager une défense pas très à l’aise pour relancer court et proprement depuis son camp, en étant une cible sur jeu long avec son jeu en pivot et sa conservation du ballon qui permettra à tout son bloc de remonter et de se dégager de la pression.

Les points forts de ce dispositif

Le point fort de ce dispositif, c’est son aspect sécuritaire avec ses 6 joueurs à vocation défensive (7 en comptant le gardien) et 4 attaquants chargés de l’animation offensive sur le papier. Bien sûr, dans les faits, cela peut être bien différent avec une animation soit plus offensive, notamment grâce à l’apport des latéraux et d’un milieu de terrain qui se projette efficacement devant le but, soit plus défensive choisie par l’entraîneur.

La présence d’un double pivot est rassurant pour l’entraîneur et peut permettre de combler les lacunes des ailiers sur le plan défensif car contrairement à un système en 4-3-3 pointe basse, le 4-2-3-1 est un dispositif difficile à déséquilibrer (ou facile à équilibrer) et où les brèches défensives peuvent être rapidement colmatées. Ce dispositif demeure aussi une solution idéale pour un entraîneur qui dispose d’un 10 ou d’un 9 et demi de grand talent ainsi que des ailiers dribbleurs très performants.

Avec un double pivot aussi très bon dans l’utilisation du ballon, ce dispositif peut être un casse-tête à gérer pour l’adversaire.

Les failles de ce dispositif

Autant ce système procure une grande sécurité défensive autant son animation offensive peut être stéréotypée et trop dépendante des quatre joueurs offensifs. Si le 10 (9 et demi) est dans un mauvais soir, le jeu peut vite s’enrayer et devenir ennuyant pour les spectateurs mais aussi pour les joueurs.

Antoine Griezmann

C’est donc un dispositif qui peut entraîner de la lassitude au fur et à mesure. Il ne pourra perdurer et se justifier seulement si les résultats sont au rendez-vous.

France Didier Deschamps

Le rôle ingrat de l’attaquant central, avec beaucoup d’efforts effectués pour ses partenaires, peut contribuer à une perte d’efficacité devant le but et donc à une perte de confiance dans la durée. C’est donc un dispositif qui demande une gestion humaine aussi particulière pour l’entraîneur, s’il souhaite conserver la confiance et la motivation des joueurs qui ne sont pas mis en avant par ce système.

Les exemples parfaits

Le 4-2-3-1 “joueur” du Bayern Munich

Le Bayern Munich de la fin de saison 2019/2020, dirigée par Hansi Flick est une référence absolue d’un 4-2-3-1 bien animé, imprévisible et attrayant. Doté d’un effectif particulièrement talentueux, Flick a tout de même réalisé des choix forts qui ont sublimé le jeu de son équipe. Tout d’abord, il a titularisé le jeune Alphonso Davies au poste de latéral gauche. Avec son profil très offensif, le Canadien a dynamité le côté gauche du Bayern Munich avec brio et a fait des ravages en Ligue des champions. Il a également mis David Alaba au poste de défenseur central, dont la grande maîtrise technique et la capacité à jouer court et long avec précision ont été cruciales pour que le Bayern Munich domine la possession du ballon.

Avant sa blessure, Pavard rendait une copie très propre en tant que latéral droit au profil davantage défensif (même s’il a aussi été performant en attaque). Il a ensuite été remplacé par Kimmich, qui est un latéral meneur de jeu pouvant s’insérer au milieu de terrain si besoin. Dans le double pivot, on retrouvait Thiago Alcantara et Leon Goretzka. Aucun de ces deux joueurs n’est un milieu purement défensif mais les deux sont efficaces dans la récupération du ballon.

En phase offensive, l’Espagnol évoluait souvent seul en tant que meneur de jeu reculé tandis que Goretzka se projetait vers l’avant. Devant, on retrouvait deux ailiers redoutables. À droite Gnabry, un ailier buteur qui a affolé les compteurs de but, et à gauche, un ailier percutant qui était soit Coman soit Perisic. Au centre, Thomas Müller, le 9 et demi ultime, tournait parfaitement autour de Robert Lewandowski, l’avant-centre ultime.

Défensivement, le Bayern Munich n’hésitait pas à changer sa structure en 4-4-2 voire 4-2-4 pour aller presser haut l’adversaire. Il a justement montré des failles à ce niveau contre le FC Barcelone malgré son écrasante victoire (8-2) et contre l’Olympique Lyonnais. Mais ses talents offensifs ont nettement fait pencher la balance en sa faveur et lui a permis de tout rafler en 2020.

Le 4-2-3-1 asymétrique de Didier Deschamps (2018)

Dans un style plus défensif mais tout aussi efficace en plus d’être original, on retrouve évidemment le 4-2-3-1 asymétrique de l’équipe de France de Didier Deschamps lors de la Coupe du monde 2018. Moins joueur que le 4-2-3-1 du Bayern Munich, celui des Bleus de 2018 se basait davantage sur la solidité défensive de l’équipe et la créativité de Griezmann et de Mbappé (auteur de 4 buts chacun dans la compétition) devant.

La joie d'Antoine Griezmann et de ses coéquipiers

Le 4-2-3-1 de Didier Deschamps était original car l’ailier gauche aligné, Matuidi, évoluait davantage comme un troisième milieu récupérateur tandis que Mbappé, dans l’aile opposée, se positionnait très haut, y compris sur phase défensive pour contre-attaquer.

Même s’il n’a pas marqué, Giroud a été crucial dans son rôle de pivot et a permis à Griezmann d’avoir la liberté dont il avait besoin pour mener le jeu de l’équipe de France. À noter le rôle également déterminant de Pogba, très efficace défensivement mais aussi offensivement pour aérer le jeu. Ce 4-2-3-1 de Didier Deschamps lors de la Coupe du monde illustre à merveille les qualités et défauts de ce dispositif qui peut être ennuyant pour les téléspectateurs mais efficace et particulièrement frustrant pour l’adversaire.

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