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AS Nancy-Lorraine, Michaël Chrétien : «l’objectif est de bien finir la saison car souvent ça peut donner le goût de la prochaine»

Par Aurélien Macedo
21 min.
Michaël Chrétien directeur sportif de l'ASNL @Maxppp

Quatrième de National 1, l’AS Nancy-Lorraine se relève brillamment cette saison après avoir frôlé la catastrophe il y a un an. Le fruit d’un travail commun bien mené cette saison avec l’apport d’anciennes figures du club comme le coach Pablo Correa qui a obtenu d’excellents résultats pour son troisième passage sur le banc de l’ASNL mais aussi Michaël Chrétien qui connaît sa première saison en tant que directeur sportif. Une année riche en bouleversement et très enrichissante pour l’ancien défenseur marocain qui est revenu en exclusivité pour Foot Mercato sur cette saison 2023/2024 du renouveau du côté de la cité nancéienne.

Foot Mercato : cette fin de saison pour l’ASNL est chargée avec une lutte pour la montée même si l’espoir est infime. Nancy a au moins eu le mérite de se donner le droit d’espérer …

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Michaël Chrétien : oui c’est vrai. Ce n’était pas forcément l’objectif de début de saison et avec la série qu’on a réalisée, cela nous a permis de nous rapprocher. Finalement, on n’était pas si loin que ça. On a sûrement loupé le coche sur certains matches où on a perdu des points bêtement qu’on aurait pu prendre, mais à l’inverse on a gagné certains matches qu’on n’aurait peut-être pas mérité de gagner. Cela s’équilibre et c’est sans regret. Aujourd’hui, la mission est quasiment impossible, il ne faut pas se voiler la face. Je suis surtout content, car si on m’avait dit au mois de novembre quand on était 17e et qu’on avait changé de coach qu’on serait aujourd’hui en haut du tableau et maintenu depuis deux matches, on aurait signé tout de suite. Cela permet de retrouver un peu de calme dans le club, c’était l’objectif de la saison, retrouver la confiance de tout le monde, de stabiliser les choses. On a atteint nos objectifs de cette saison.

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FM : l’année dernière était très compliquée avec une saison à jouer le maintien, une relégation sportive en Nationale 2, une rétrogradation en Nationale 3, une réintégration en Nationale 1, ce qui a conduit à un été très agité…

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MC : étant arrivé en juillet, j’ai suivi cela de l’extérieur comme tout le monde. C’était une saison très compliquée avec des changements de coachs, un groupe assez élargi, une ambiance compliquée et des résultats sportifs qui n’étaient pas là. C’était un échec sportif avant de l’être administrativement. Il ne faut pas oublier que c’est sportivement qu’on est descendu, à la base ce n’était pas des problèmes administratifs, c’est cette relégation qui a conduit à cela. Sportivement, on n’a pas été bon du tout, c’est une réalité. Cette année, cela a été beaucoup mieux et avec de plus petits moyens que l’an passé. On a réussi à reconstruire un groupe assez cohérent par rapport à nos moyens et c’est pour cela qu’on est content de ces résultats actuels.

«Gauthier Ganaye est venu deux fois dans l’année à Nancy. Il n’était jamais là, il ne répondait jamais à personne et il a totalement dézingué le club …»

FM : le contexte n’était pas forcément sain avec des supporters très mécontents, une ambiance délétère, des dirigeants qui n’avaient pas la même vision … Quel était le problème de l’ASNL l’an dernier ?

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MC : le problème c’était surtout au niveau des gens qu’ils avaient mis en place et qui n’étaient pas du tout présents. On avait un président (Gauthier Ganaye ndlr), qui était venu deux fois dans l’année à Nancy. Il n’était jamais là, il ne répondait jamais à personne et a totalement dézingué le club. Il a totalement déchiré le club, c’est une réalité et j’ai vu en arrivant, la difficulté de la situation. Ce n’était pas simple et il y avait beaucoup de choses à mettre en place. 

FM : est-ce que vous avez eu peur de débarquer dans un contexte aussi difficile ?

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MC : je ne suis pas du tout arrivé dans le calcul. Quand les actionnaires m’ont sollicité, cela s’est déroulé assez rapidement. Déjà Nancy c’est mon club de cœur, j’habite Nancy et je n’avais pas peur d’un échec. J’y suis allé tête baissée, il y a du boulot, il faut se retrousser les manches et ça ne pouvait pas être pire. Aujourd’hui on a retrouvé une identité qu’on n’avait plus et une ambiance saine et sereine. Je savais que j’étais capable d’apporter ma pierre à l’édifice sur ces points-là même si c’était un premier rôle de directeur sportif. Cela ne m’a pas effrayé et au final on ne s’est pas trompé. On a mis des choses en place et c’est une saison aboutie vu notre situation. C’est très correct et aujourd’hui les supporters sont contents.

FM : dans les profils choisis, il y a eu pas mal de joueurs de divisions inférieures comme le National 2 ou le National 3 à l’image de votre buteur Cheikh Touré qui performe. Quel regard portez-vous sur les paris réalisés cet été ?

MC : Cheikh c’est le bon exemple. Il venait de National 2, n’avait pas vraiment connu le National 1, un joueur qui met plus de 20 buts en N2, il a des qualités pour marquer beaucoup en N1. Il fait partie des meilleurs buteurs du championnat cette saison. On savait qu’il y aurait un temps d’adaptation aussi. Quand tu arrives, il y a le rythme à prendre en compte. Avec Benoît Pedretti, il avait un peu moins de temps de jeu, car il avait besoin de s’acclimater et puis quand il y a des bouleversements dans le staff ça peut servir d’électrochocs pour certains joueurs et cela lui a servi. Pablo Correa lui a donné une confiance qu’il a su lui rendre. Ce qu’il fait c’est quand même exceptionnel pour quelqu’un qui vient de N2, surtout à son âge avancé (27 ans), ce n’est pas un jeune de 20 ans, il a toujours cru en lui. C’est un garçon confiant en lui, qui connaît ses qualités et c’est pour ça que quand on a des moyens plus limités, il faut parfois essayer de chercher des joueurs qui sont passés un peu sous la trappe à un moment donné. Ce n’est pas forcément un pari, car on croyait en ses qualités, mais il a été clairement à la hauteur des espoirs qu’on avait placés en lui. Il avait un bon potentiel, on manquait un peu d’images vu qu’il évoluait en N2. J’ai parlé de lui à Benoît Pedretti alors que je n’étais pas encore en poste donc je suis satisfait de voir comment les choses se sont passées derrière. Après il n’y a pas eu que lui, d’autres joueurs ont aussi rejoint Nancy et ils ont fait des saisons intéressantes. On avait eu un temps de recrutement assez serré en trois semaines. Je ne connaissais pas forcément tous les joueurs de National 1. Il a fallu très vite s’adapter pour construire une équipe. De ne pas avoir eu une grosse préparation, on a eu un trou suite à un bon départ.

FM : le début de saison n’a pas été évident puisque Nancy était dans la zone rouge jusqu’à la 14e journée, est-ce que vous avez été inquiet de revivre une saison comme l’an passé ?

MC : on a commencé la saison très tardivement. Ce qu’il s’est passé c’est qu’on a eu un départ plutôt correct (3e à la 6e journée) avec pas mal de fraîcheur dans l’équipe, des nouvelles têtes, puis on a eu une défaite à Nîmes qui a semé le doute. On a connu un trou assez effrayant, on n’arrivait plus à gagner et on se voyait en train de dégringoler. Les journées passent, si on doit atteindre nos objectifs il faut gagner et on commence à faire des calculs. On se rendait compte qu’il fallait plus de 10 victoires à un moment donné et on a voulu créer un électrochoc en changeant avant qu’il ne soit trop tard même si Benoît Pedretti était très investi dans sa tâche. Il a toujours fait avec ses idées et ses convictions. Il avait fait du bien les premiers matches quand il a repris l’équipe la saison dernière puis il y avait eu un trou malgré un contenu intéressant. On avait l’impression de revivre cela et on voulait une autre stratégie, un autre discours, quelque chose de différent, c’était la raison de notre changement d’entraîneur. On voulait avec Nicolas Holveck installer une autre méthode. Quand ça ne fonctionne plus comme on le souhaite et on va dire que ça nous a réussi vu les résultats de l’équipe.

«Pablo Correa a besoin d’avoir confiance envers les gens avec qui il travaille, quand il a ça, il est épanoui et on obtient le meilleur de lui !»

FM : ce changement est venu par Pablo Correa, une légende du club qui a déjà vécu deux autres passages sur le banc de l’ASNL et que vous connaissez bien pour avoir joué sous ses ordres à deux reprises. Cela facilite la collaboration, j’imagine ?

MC : lors de son deuxième passage à Nancy, c’est lui qui m’a fait revenir quand j’étais à Strasbourg. C’était mon coach pendant plusieurs saisons, je sais comment il travaille et ses méthodes. Quand il a fallu changer de coach, évidemment que Pablo faisait partie des prétendants et des favoris. On avait ciblé d’autres coachs également, mais Pablo j’étais convaincu et j’étais le premier à penser que c’était l’homme de la situation. C’est une chance d’avoir Pablo Correa en tant que coach dans un niveau comme le National 1. Pour moi ce n’est pas un coach de ce niveau, c’est un coach de Ligue 1 ou de Ligue 2. Après son parcours c’est légitime de le rappeler et Pablo sait aussi que s’il avait eu une communication différente durant sa carrière, il aurait peut-être eu une carrière différente en tant que coach. Elle aurait certainement été encore plus belle et il aurait pu être amené à coacher des équipes d’un plus haut niveau. Il a toujours été associé à l’AS Nancy-Lorraine et c’est vrai que c’est quelqu’un qui a besoin de ressentir les gens autour de lui, un côté familial et que tout le monde tire dans le même sens. Il a besoin d’avoir confiance envers les gens avec qui il travaille, c’est important pour lui et quand il a ça, il est épanoui et on obtient le meilleur de lui.

FM : il a aussi une image d’un coach défensif alors qu’en Ligue 2 Nancy a souvent fait du jeu comme en National 1 cette saison. La saison 2007/2008, Nancy termine quatrième de Ligue 1 avec un jeu intéressant, ce cliché a dû lui être préjudiciable …

MC : c’est ça, parce que Pablo dans sa méthode, il a besoin d’une bonne base défensive pour récupérer le ballon et aller ensuite de l’avant. Il n’y a qu’à regarder le classement, ceux qui terminent devant ont les meilleures défenses, cela ne veut pas dire pour autant qu’il faut jouer petit bras. Mais quand tu es bon défensivement, tu n’as pas besoin de marquer 3 ou 4 buts par match. Malgré le fait qu’on a toujours fait partie des meilleures défenses, on a toujours marqué des buts. Depuis que Pablo est arrivé, on a marqué à chaque fois, on marque trois buts par matches en ce moment. Il y a un travail de transition à faire, c’est juste exploiter les espaces rapidement en se projetant. Se servir du côté instable de l’adversaire à la récupération, c’est important. Surtout en National 1, on se rend compte que ce niveau est déstructuré et qu’il ne suffit de pas grand-chose pour que tactiquement cela devienne désorganisé et donc il faut en profiter au maximum.

FM : l’impact Pablo Correa s’est directement fait sentir avec une série de résultats positifs impressionnante …

MC : oui, les joueurs ont vite adhéré à son discours, car celui-ci les a amenés à la victoire. Le fait de gagner les deux premiers matches a pu faire évacuer les quelques doutes que certains auraient pu avoir. On a augmenté le niveau d’intensité. En début de saison, on avait un groupe restreint et on n’était pas au point sur le plan de la préparation. Il y avait une appréhension de tirer à l’entraînement et de risquer les blessures, car on n’était pas très nombreux. Pablo quand il est arrivé, il a fait les choses simples. Il a dit que ceux qui joueront seront ceux qui donneront le plus à l’entraînement. Cela a poussé tout le monde à élever son niveau à l’entraînement et cela s’est retranscrit lors des matches.

«L’objectif sera d’aller chercher la montée la saison prochaine, ça, c’est sûr !»

FM : d’un coup, l’ASNL qui jouait le maintien s’est retrouvée à jouer la montée en quelques semaines …

MC : on a toujours eu l’objectif de se maintenir rapidement, mais Pablo a son arrivée - et c’est ce qui a fait du bien - a dit qu’il n’était pas d’accord et que le maintien il fallait le chercher plus tôt et ne pas attendre les dernières journées. Du coup je pense qu’il y a eu une prise de conscience et cela a apporté des résultats positifs. Il ne s’est pas trompé, car on a obtenu le maintien plus tôt et on s’est même donné le droit de croire potentiellement à jouer la montée. On a malheureusement mal négocié certains matches comme le GOAL FC, Sochaux ou Le Mans. Il y a des matches qu’on a gagnés comme à Épinal où ils ont eu la balle de match et tirent sur le poteau et on marque dans la foulée. J’ai envie de dire que cela s’équilibre sur la durée. C’est une très bonne saison qu’on a réalisé, il ne faut pas finir avec des regrets ou des déceptions. L’objectif est de bien finir les saisons, car souvent ça peut donner le goût de la saison prochaine. Même pour les joueurs c’est toujours bien de finir sur une bonne note. En plus de ça, finir vers le haut du classement c’est important au niveau du recrutement. Quand tu sollicites des joueurs quand tu es en haut de tableau et que tu présentes tes ambitions, ils seront plus sensibles au projet que si tu termines en milieu de tableau.

FM : à l’instar du Red Star qui a su s’appuyer sa belle saison dernière pour écraser le National 1 cette année, l’ASNL peut-elle s’en inspirer pour la saison prochaine ?

MC : oui il faut s’en inspirer, ils ont eu un groupe stable, ils ont fait les ajustements nécessaires. Cela a été construit et le staff a fait un gros travail. Il n’y a jamais trop de garanties pour autant, ça tient souvent à peu de choses. D’ailleurs, on sait que l’an prochain on ne pourra pas se permettre de rester en National 1 trop longtemps puisque cela tue les clubs à petit feu, surtout qu’on a le statut professionnel. Du coup il faut se donner les moyens de remonter. On sera une dizaine d’équipes à penser comme ça l’an prochain et le niveau sera très élevé. Cela veut dire que malgré nos ambitions, il faudra s’en donner les moyens. L’objectif sera d’aller chercher la montée, ça, c’est sûr.

FM : la préparation de la saison prochaine a-t-elle déjà commencé ?

MC : évidemment, on a commencé depuis plusieurs semaines, même plusieurs mois. Depuis le début de saison, on travaille sur la saison prochaine. Le recrutement c’est de l’anticipation, il y a du travail d’observation de joueurs, d’entretenir les contacts, c’est un travail quotidien, même s’il n’y a pas de garantie d’avoir les joueurs que l’on souhaite, on aura plus de chances en s’y prenant le plus tôt possible. Aujourd’hui on a établi nos listes, il y a aussi les envies de chacun dans notre groupe, les fins de contrats, l’idée de repartir avec certains et de repartir avec d’autres. Certains sont là depuis plusieurs saisons et ont peut-être besoin de quelque chose de différent. Ce sont des critères à prendre en compte. Et puis il faut se projeter que jouer une montée à Nancy avec un public exigeant c’est quelque chose. Cette année le public a été bienveillant et conciliant par rapport à la saison dernière et l’environnement d’où on vient. La saison prochaine ce sera peut-être différent. Ils seront peut-être plus exigeants, avec plus d’attentes, ce qui est normal, donc il faut y penser aussi. La pression ne sera pas la même que dans d’autres clubs de National 1 sans manquer de respect à d’autres. On a un public où il y a en moyenne 10 000 personnes par match. Quand tu n’as jamais connu ça et que tu n’es pas prêt à le vivre, ça peut être compliqué donc c’est un critère qu’on doit prendre en compte dans le recrutement.

**FM : Nancy a aussi l’avantage de compter sur un bon centre de formation et cela s’est retranscrit cette année en Gambardella avec une finale à disputer le 25 mai prochain contre l’Olympique de Marseille…***

MC : c’est une belle récompense et je pense qu’après les dernières saisons, cela fait du bien. Cela souligne le travail de ceux qui n’ont pas lâché. Je pense aux coachs du centre de formation qui ont été là dans les moments difficiles. Qui étaient là cet été quand ils ne savaient même pas s’ils allaient garder leur emploi. Si le club allait en National 3 c’était terminé. Je pense à Gaston Curbelo coach principal des U18, j’ai beaucoup échangé avec lui l’été dernier et je sais qu’il a toujours été présent. C’est un pur Nancéien comme d’autres comme Nicolas Florentin qui était là aussi. C’est une récompense cette finale de Coupe Gambardella et il faut profiter de ces moments. Ce n’est pas que du plus, maintenant que c’est une finale, il faut la gagner. Je ne vois pas pourquoi il faudrait se fixer des limites. On est en finale, on a une chance sur deux de la gagner, c’est comme ça qu’il faut voir la chose et jouer le coup à fond. Si on ne gagne pas, on se contentera d’être allé en finale, mais il faut se fixer l’objectif d’aller chercher la victoire.

FM : c’était un peu ça à l’époque où vous étiez joueur de l’ASNL, entre 2006 et 2009, Nancy n’était jamais dans les favoris et les outsiders et a gagné la Coupe de la Ligue, terminé 4e et disputer à deux reprises la Coupe d’Europe …

MC : exactement, on dépassait nos propres limites. On se disait "pourquoi pas ? On y va" et on y allait. C’est ce qui faisait notre force. Des fois quand tu es outsider, c’est même mieux, car la pression est différente, tu as tout à gagner et rien à perdre et cela peut t’aider à avoir des résultats. À l’inverse, quand tu dois gagner des choses ou que tu dois confirmer. Que tu te dis que tu as fait ça l’an dernier et que tu dois faire mieux, là forcément l’approche est différente. C’est pour ça que beaucoup de joueurs ont du mal à confirmer, parce que c’est plus simple quand tu es en position d’outsider, confirmer c’est la chose la plus difficile.

FM : d’avoir des anciens de cette période dorée de l’ASNL au club comme vous, Pablo Correa, Gaston Curbelo, Adrian Sarkisian (adjoint) ou encore Gennaro Bracigliano (entraîneur des gardiens) qui apportent cette identité, c’est ce dont le club avait besoin après des années compliquées ?

MC : c’était la chose la plus importante de retrouver notre identité et je pense que sur le long terme ça apporte certaines garanties. Nancy a toujours été un club familial avec des valeurs qui nous correspondent bien. Je pense que c’était important de retrouver ça autour et dans le club. On ressent que tout le monde tire dans le même sens et j’en parle avec certains comme Gennaro Bracigliano qui était là dans les périodes plus difficiles et il m’a dit que ça fait du bien de vivre ces moments et d’être heureux de venir tous les jours. Ce qui était devenu compliqué pour beaucoup de gens, c’était une angoisse de venir travailler et là chacun a retrouvé le plaisir d’y aller.

«On doit chercher les choses pour Nicolas Holveck afin de lui rendre hommage et souligner ce qu’il a fait en quelques mois»

FM : cela a dû participer à la bienveillance des supporters, puisqu’ils avaient sûrement confiance en vous …

MC : le supporter, ce qu’il veut avant tout c’est des gens qui mouillent le maillot. Mais ce n’est pas que les joueurs sur le terrain, c’est aussi des gens dans le staff, dans la direction, qui ont envie de se battre pour le club et d’aller dans le même sens. Un supporter c’est ça qu’il veut et quand tu as compris ça et que tu rentres sur le terrain pour donner le meilleur de toi même, forcément les supporters seront plus conciliants. Après le but, reste avant tout d’aller chercher des résultats, il ne faut pas se voiler la face. Mais si tu rentres avec l’envie de tout donner, les gens derrière te supportent et cela rejaillit au sein du groupe. Si tu loupes quelque chose et qu’on t’encourage et qu’on te pousse, c’est quand même plus facile de prendre confiance et d’être bon. Aujourd’hui nous à Nancy sur cette saison, les supporters ont vraiment joué leur rôle de douzième homme. Sincèrement, on a obtenu à beaucoup de reprises des résultats grâce à notre public. Quand on regarde qu’on a une meilleure affluence que la majorité des équipes de Ligue 2, ça veut dire quelque chose.

FM : vous avez travaillé avec Nicolas Holveck pendant de longs mois, mais malheureusement la maladie l’a emporté. Comment avez-vous vécu ces moments qui ont dû être compliqués émotionnellement ?

MC : au club, on était content de son retour à Nancy (il avait été vice-président avant son départ à Monaco en 2014 ndlr) connaissant l’homme qu’il était. Entre ses valeurs et ses capacités professionnelles, c’était l’homme de la situation et sincèrement, on ne pouvait pas espérer mieux comme président. Ça a très vite matché, on se connaissait déjà d’avant, mais on n’avait pas les mêmes relations, car il était dirigeant et moi joueur, mais on avait déjà un aperçu. Il a tout de suite vu que je tirais dans le bon sens et que malgré ma première expérience, il a vu que je pouvais m’adapter et être performant, ce qu’il me disait donc j’en étais très content. Il me poussait tous les jours pour m’apporter professionnellement, il était de bon conseil. Commencer dans un nouveau poste avec un président comme Nicolas Holveck, il n’y a pas mieux. Je suis un privilégié, car je suis le dernier à avoir été formé par Nicolas Holveck. Il m’a apporté des choses très précieuses et une partie de ses connaissances. C’est une chance inouïe. On connaissait la situation par rapport à sa grave maladie et on en parlait. On savait qu’il ne serait pas là éternellement, mais on n’y est jamais totalement préparé. Quand il a annoncé que c’était la fin, ce fut très compliqué, une période sombre où on a continué à se battre pour lui. On connaît son tempérament et on sait que c’est ce qu’il voulait. Aujourd’hui encore plus qu’avant, on doit chercher les choses pour lui afin de lui rendre hommage et souligner à travers notre travail ce qu’il a fait en quelques mois. Il a fait un travail énorme en quelques mois pour nous remettre sur le bon chemin. Maintenant on a une ligne qui est tracée et je pense que s’il est passé pour le mauvais garçon pendant quelques mois quand il y a eu un plan de licenciement et que les gens l’ont vu comme le méchant alors que ce n’était pas le cas. Aujourd’hui si on est là c’est en partie grâce à lui, s’il n’avait pas fait tout ce qu’il a fait en quelques mois, je ne sais pas où on en serait aujourd’hui. Il répétait souvent qu’il y a l’urgent et l’important, que l’urgent il faut le faire avant même si l’important c’est essentiel, il y a l’urgent avant. Quand tu as 300 000 tâches importantes à faire, il faut vite analyser en quelques minutes ce qui est urgent et important afin de traiter l’urgent en priorité, être fort mentalement, faire le dos rond et avancer. C’est du travail de l’ombre, ça ne me dérange pas, car je n’ai pas besoin d’être mis en lumière, mais tout se travaille qu’on a fait en quelques mois il a été fructueux quand on regarde les résultats qu’on a eus depuis la fin de l’année 2023. Forcément je préfère qu’on soit reconnu par le résultat, que par le fait de faire des sorties tous les jours. D’ailleurs j’ai accordé très peu d’interviews depuis que je suis en poste malgré pas mal de sollicitations, car je préfère me concentrer sur mon travail. C’est le travail qui valorise les choses. Je préfère que ça arrive par les résultats que par les mots.

FM : pour conclure, on peut dire que cette première année en tant que directeur sportif a été très chargée …

MC : très chargée, mais très intéressante et enrichissante. Une saison comme ça en tant que directeur sportif, je pense que ça en vaut 3 ou 4. Parce qu’il y avait tout à mettre en place et restructurer sur le plan sportif. Aujourd’hui on avance et j’en suis content. Même si on n’a jamais la garantie d’atteindre nos objectifs, j’espère qu’on réussira à les atteindre l’an prochain, mais avant cela, il y a un gros travail à effectuer sur ces prochains mois. Il faut mettre toutes nos chances de notre côté et faire les meilleurs choix possibles pour le bien du club. Je le souligne, car c’est le mot d’ordre. Tout ce qui doit être fait, cela doit l’être pour le bien du club. Pour le faire avancer et je pense que ça a été oublié ces dernières années à Nancy au profit d’intérêts personnels.

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