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Arnaud Souquet : "la MLS, une opportunité à laquelle je pensais depuis longtemps"

Par Chemssdine Belgacem
9 min.
Souquet à Chicago @Maxppp

Bien connu des fans de Ligue 1, Arnaud Souquet coule des jours heureux aux États-Unis depuis un an et son arrivée au Chicago Fire. Loin d’avoir connu une trajectoire linéaire, le défenseur droit de 31 ans s’est livré sans concessions sur son parcours, sa vision du football de l’autre côté de l’Atlantique et ses ambitions pour le futur. Entretien.

Foot Mercato : vous avez été formé au LOSC. Que retenez-vous de votre formation chez les Dogues ?

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Arnaud Souquet : le LOSC a été une bonne formation, car j’ai pu devenir professionnel là-bas. Je suis arrivé très vite avec le groupe professionnel. Quand le coach a eu besoin de faire appel à plusieurs jeunes pour un match de coupe d’Europe (contre le Slavia Prague en Ligue Europa lors de la saison 2009-10, ndlr), ça s’est bien passé et ça a été l’aboutissement de tout mon parcours de formation à Lille.

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FM : en parallèle, vous étiez régulièrement appelé en équipe de France chez les jeunes. Quels souvenirs gardez-vous de vos passages avec les Bleuets ?

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AS : j’en garde de bons souvenirs. Lors de l’Euro, on n’a pas réussi à finir dans les trois derniers pour aller chercher une place en Coupe du monde. Le problème de cette génération, c’est qu’on a juste fait un Euro puis plus rien. C’est dommage par rapport à d’autres générations.

FM : vous étiez un jeune latéral droit prometteur mais vous n’avez joué que trois petits matches avec Lille. Comment expliquez-vous ça ?

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AS : au début, j’étais content parce qu’on restait essentiellement avec les pros. Le coach ne pouvait pas nous envoyer en équipe réserve avec l’enchainement des matches. Au final, tu ne joues jamais et quand tu es jeune et que tu ne joues pas, tu régresses. Par la suite, ils ont décidé de mettre fin à tout ça et cela a été un moment plus difficile dans ma carrière.

FM : comment avez-vous encaissé cette épreuve alors que vous étiez encore jeune ?

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AS : sur le moment, tu es déçu. Après, tu commences à avoir peur pour ta carrière et tu te demandes même si ce n’est pas la fin pour toi, comme beaucoup sont aussi passés par ça. J’ai eu la chance de saisir ma chance plus bas et je pense que cela a payé. Cette période m’a assurément forgé mentalement.

«Je ne pouvais pas refuser Nice»

FM : vous êtes également passé par l’UNFP et les échelons inférieurs. Cela a forcément dû vous forger pour la suite également…

AS : après mon passage à l’UNFP, j’ai cru pouvoir trouver un club. Finalement, cela n’a pas été facile. J’ai dû jouer à Drancy, puis en National et en Ligue 2. Beaucoup ont arrêté. C’est la réalité des stages de l’UNFP, même si l’initiative est belle, peu trouvent des opportunités en Ligue 1 ou en Ligue 2.

FM : finalement, vous parvenez à réaliser une grosse saison avec Dijon en Ligue 2 en 2015-2016…

AS : c’était clairement un aboutissement sur le plan personnel. Signer à Dijon dans la peau d’un numéro 2 puis finalement jouer plus que le titulaire et contribuer à la montée du club en Ligue 1, tu revois forcément tout le parcours que tu as fait pour en arriver là. Je garde un très bon souvenir de cette année à Dijon.

FM : Nice arrive dès la saison suivante et vous revenez enfin en Ligue 1 à 24 ans. Dans quel état d’esprit arrivez-vous en Côte d’Azur ?

AS : comme quand je suis arrivé à Dijon, Nice me propose le rôle de doublure et je ne pouvais pas refuser. Avec le coach, on changeait souvent de tactique donc forcément, j’ai eu l’opportunité de jouer énormément. Et cela me permet d’enchaîner avec une deuxième saison exceptionnelle où on a marqué le club.

FM : avez-vous senti le regard changer sur vous ?

AS : bien sûr mais je pense que c’est également lié aux performances de l’équipe. On fait une saison à 70 points en Ligue 1 donc forcément, ça attire les regards. On accroche en plus le 3e tour préliminaire contre l’Ajax Amsterdam puis les barrages face au Napoli.

«Une pré-sélection, ça veut tout et rien dire»

FM : quels joueurs vous ont impressionné à Nice ?

AS : quand je suis arrivé de Dijon à Nice, j’ai pu côtoyer de très grands joueurs et dès l’entraînement, tu sentais la différence. Cela te fait forcément progresser de t’entraîner de tels joueurs. Younes Belhanda, je l’avais trouvé très fort. Dante pareillement, car il était un grand professionnel. Mario, c’est surtout son talent qui se dégageait et qui le rendait supérieur. Mais on avait vraiment une belle équipe aussi avec Wylan Cyprien, Jean-Michaël Seri, Alassane Pléa, on avait une équipe de fou !

FM : vos performances sont remarquées en Ligue 1 et vous êtes pré-sélectionné avec l’équipe de France. Avez-vous parlé avec le staff de l’équipe de France et vous êtes vous senti réellement si proche des Bleus que ça ?

AS : il y a eu une pré-sélection. Je n’ai jamais parlé avec le staff de l’équipe de France, ce qui est normal car dans une pré-sélection, il y a 50 joueurs. Rien que le fait de pouvoir figurer parmi les 50 meilleurs joueurs de ton pays, c’est forcément quelque chose de gratifiant, mais ça veut finalement tout et rien dire…Je ne pense pas avoir été forcément proche d’y être. Ce n’est pas allé plus loin que cette pré-sélection.

FM : par la suite, vous quittez les Aiglons. Pourquoi ne pas être resté dans ce club qui semblait taillé pour vous ?

AS : je ne me suis pas mis d’accord avec le club au sujet d’une prolongation. Ce n’est pas allé jusqu’aux négociations. Ce sont aussi des choix de vie et de carrière. J’ai assumé mon choix et Nice aussi. J’ai gardé quelques attaches avec la ville de Nice. Je n’ai pas de regret sur cette décision.

FM : après une expérience en Belgique, vous revenez en Ligue 1 du côté de Montpellier. Le club où vous avez passé le plus de temps depuis le début de votre carrière. Comme expliquez-vous cela ?

AS : c’est un club très familial. Je me suis senti très à l’aise dans cette ambiance et je n’ai pas fait d’autres clubs en France qui se rapprochent de cette atmosphère. Il y a forcément des moments où tu te faisais remonter les bretelles mais dans l’encadrement, dans le staff, tout est fait pour que tu te sentes bien. J’ai fait quelques clubs et c’est vraiment le seul où tu ressens ce côté vraiment familial que je n’ai retrouvé nulle part ailleurs.

FM : après quatre ans avec le MHSC, vous décidez en janvier dernier de rejoindre les USA et le Chicago Fire. Comment avez-vous pris cette décision ?

AS : j’ai eu cette opportunité à laquelle je pensais depuis plusieurs années déjà. J’ai été bercé par cette culture américaine comme beaucoup donc forcément la MLS m’a toujours intéressée. Quand l’occasion est venue, c’était difficile de refuser même si je me sentais très bien à Montpellier où je n’avais pas envie de partir. J’ai quand même pris la décision d’aller réaliser ce rêve malgré ce choix compliqué.

FM : comment se sont passés vos premiers mois d’adaptation outre-Atlantique ?

AS : déjà que ce n’est pas toujours facile de changer de club, là, on a carrément changé de continent, de langue, le décalage horaire. On a eu des moments difficiles mais je pense que c’est derrière nous. Maintenant, on essaye d’avancer et on verra de quoi l’avenir sera fait. J’ai encore deux ans de contrat à Chicago, et après ça, toutes les options sont sur la table. Que ce soit rester aux USA ou en Europe. Mais il y a encore le temps.

«Tout a changé avec Lionel Messi»

FM : comment jugez-vous sportivement vos premiers mois ?

AS : je pense que j’ai réalisé une bonne année et j’ai des statistiques de qualité (31 matches TCC pour 2 buts et 3 passes). Le seul regret que l’on peut avoir, c’est de ne pas être allés chercher les play-offs. Je pense qu’il y a matière à faire mieux dès la saison prochaine. Le club a des ambitions plus élevées et on devra faire mieux lors des prochains mois.

FM : ressentez-vous une vraie hype autour du soccer aux États-Unis ?

AS : c’est un peu le problème. La NBA (basket), la NFL (football américain), la NHL (hockey) et la MLB (baseball) sont bien plus développés que la MLS. Dans une ville comme Chicago où tous les sports sont représentés, c’est compliqué d’attirer des fans. C’est pourquoi les villes qui n’ont pas autant de franchises bénéficient de plus de soutiens finalement. Il faut gagner pour attirer le supporter américain. Ce sont les victoires et les titres dans la culture américaine qui feront que les regards se poseront sur toi. Aujourd’hui, quand tu penses à Chicago, tu penses aux Bulls, aux Cubs et aux Bears. Il y a un gros travail à faire pour exister.

FM : comment peut-on jauger la MLS par rapport à la Ligue 1 ?

AS : c’est un championnat intense où il y a beaucoup de courses et de sprints. C’est la mentalité américaine qui veut cela, je pense. Puis avec le nombre de sud-américains qui viennent jouer aux USA, c’est un championnat dans lequel il y a beaucoup de contact. Après, d’un point de vue purement technique, la Ligue 1 est loin devant la MLS. Il n’y a aucun débat là-dessus. Sur l’aspect tactique, c’est pareil même si le fossé est moins prononcé. Par contre, quand tu regardes le Colombus Crew cette année, tu te dis quand même que c’est très fort. Après, est-ce que cela aura fonctionné en Ligue 1 ? Je mets un bémol.

FM : l’arrivée de Lionel Messi cet été a forcément renforcé la visibilité de la MLS. Vous êtes sur place, comment avez-vous pu constater cela ?

AS : tout a changé. Aujourd’hui, on parle beaucoup plus de MLS. Il y a plus de spectateurs, les droits TV ont explosé. C’est le jour et la nuit depuis que Messi est arrivé. Avant cela, je n’ai vraiment pas le souvenir d’un suivi régulier de la MLS en France. L’objectif de Miami, c’est d’aller chercher un titre et s’ils le font, la MLS y gagnera encore plus en visibilité. En plus, je pense que sa venue pourrait contraindre certains propriétaires d’aller chercher un joueur du même niveau pour rivaliser.

FM : vous avez déjà joué contre Messi en Ligue 1. Certains de vos coéquipiers sont-ils venus vous demander quelques conseils pour l’affronter au mieux ?

AS : plusieurs de mes coéquipiers m’ont demandé et ils ont aussi demandé à Shaqiri qui l’avait affronté en Ligue des Champions. Dans notre vestiaire, comme dans beaucoup d’autres, je pense, c’était l’ébullition, même s’il était blessé quand nous l’avons affronté avec Chicago. Ça va plus loin que du simple football.

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