L’AS Monaco et Benfica n’ont pas réussi à se départager ce soir (3-3), mais c’est l’écurie lisboète qui se qualifie pour les huitièmes. Et ce malgré la bonne prestation d’Eliesse Ben Seghir.

Premier club français à se présenter dans ce barrage retour, l’AS Monaco devait réaliser un exploit pour rejoindre le LOSC, et le PSG ou Brest en 8e de finale. Exploit le mot n’est pas trop fort tant l’ASM avait pour obligation de faire déjouer les statistiques à son égard. Battu en Principauté (1-0), il fallait devenir le premier club tricolore de l’histoire à s’imposer à Benfica, ou encore le second hexagonal à remporter le retour à l’extérieur après avoir perdu la première manche à domicile. Et pour ne rien arranger, Adi Hütter comptait 7 absents (Magassa, Zakaria, Al-Musrati, Golovin, Teze, Vanderson, Balogun) dans ses rangs. Déjà critiqué, l’Autrichien proposait un étonnant 3-5-2, chose entrevue à trois reprises cette saison, et préférait Embolo à Biereth.
Global
Heureusement, le coach asémiste retrouvait Singo, qu’il alignait comme axial droit. Seulement, comme on pouvait le craindre cette défense manquait de repères et vivait quelques frayeurs dans ces premières minutes (3e, 9e). Elle craquait rapidement sur une grosse erreur du central ivoirien, victime du pressing de Barreiro et de ce centre de Pavlidis pour Aktürkoglu que Caio Henrique a laissé seul (1-0, 22e). Déjà très difficile, la mission s’annonçait impossible pour Monaco. Ou presque. Les Portugais ont également affiché des faiblesses dans ce début de match, à l’image d’une défense très flottante. Embolo n’était pas loin d’obtenir un penalty (4e), tandis que Diatta butait sur Trubin en angle fermé (7e). Akliouche mettait la pagaille sur chaque ballon.
Monaco y a cru…
Il y avait des raisons d’y croire, d’autant que le danger se rapprochait toujours un peu plus. Embolo trouvait même le poteau sur ce centre de Diatta (32e) et c’est Minamino qui récompensait enfin la belle séquence monégasque après un bon travail de l’attaquant suisse (1-1, 34e). Le problème est souvent le même avec l’ancien de Schalke, capable du meilleur comme du pire, à l’image de cette dernière opportunité complètement gâchée sur cette offrande d’Akliouche avant la pause (45e+2). L’ASM ne faiblissait toujours pas au retour des vestiaires. C’est cette fois Ben Seghir qui se signalait enfin. Après un premier tir détourné par Trubin (47e), l’international marocain était à la réception de ce centre d’Akliouche, profitait de l’intelligente feinte d’Embolo, pour offrir l’avantage aux siens (1-2, 51e).
Cette fois, les compteurs étaient remis à zéro mais les changements entrepris par Bruno Lage cassaient la dynamique monégasque. Akliouche baissait de rythme, Minamino disparaissait et Majecki se déployait une première fois (64e). La défense se remettait à trembler jusqu’à la bévue de Kehrer sur Aursnes dans la surface. Pavlidis ne tremblait pas pour redonner la qualification aux Portugais sur penalty (2-2, 76e). Hütter tentait alors le tout pour le tout avec l’entrée de Ilenikhena et de Ouattara pour Mawissa et Caio Henrique. Le flair était le bon car le dégagement du défenseur permettait à l’attaquant de se jouer d’Otamendi et d’aller battre Trubin après 40 mètres de course (2-3, 81e). Il ne fallait surtout pas crier victoire trop tôt, surtout pas dans cet Estádio da Luz si hostile aux clubs français.
…mais a fini par craquer
Le public s’est remis d’un seul coup à pousser et l’entrée Ilenikhena à la place de Mawissa privait l’ASM d’un défenseur supplémentaire. Les joueurs de la Principauté n’avaient pas eu le temps de reconcentrer que déjà le ballon filait d’un bout à l’autre de la surface pour aboutir à ce centre de Carreras parfaitement déposé dans les six mètres pour Kokcu (3-3, 84e), qui devançait Majecki. Une nouvelle fois, il fallait repartir à l’abordage sauf que cette fois l’attaque est restée muette. Pire encore, Diatta se précipitait dans sa surface et déstabilisait Dahl. Après quelques instants de flottement, l’arbitre annulait le penalty à l’aide de la VAR (90e+2). Une dernière attaque, un dernier corner, une énième frappe de Ben Seghir contrée et c’est bien Benfica (0-1, 3-3) qui verra les 8es de finale.
L’homme du match : Ben Seghir (7) : rampe de lancement du jeu monégasque, il a énormément dézoné pour toucher le ballon même s’il s’est concentré sur le flanc droit de l’attaque monégasque, et a été dangereux sur quasi toutes ses percussions. Dès le retour des vestiaires, il décoche une frappe sèche qui oblige Trubin à un arrêt spectaculaire (47e). Finalement buteur sur un centre en retrait d’Akliouche (52e), le jeune marocain a été brillant face au jeu, et aurait pu inscrire un but salvateur sur une frappe contrée au bout du temps additionnel (90+9e).
Benfica
- Trubin (2) : disasterclass. Il avait déjà mal démarré la rencontre en montrant quelques signes de fébrilité, et clairement, il peut mieux faire sur le but de l’égalisation où il peut être tenu responsable, couvrant mal le poteau. Il sort cependant une belle claquette sur une tentative de Ben Seghir (47e), mais la deuxième réalisation monégasque ne s’est pas faite attendre. Une frappe sur laquelle il reste de marbre (51e). L’Ukrainien se troue aussi sur la frappe d’Ilenikhena (81e) sur le troisième but monégasque. Match à oublier.
- Araujo (4) : on a vu que le latéral droit benfiquiste n’est justement pas un joueur de couloir de métier. Celui qui est avant tout un défenseur central a ainsi eu un peu de mal dans ce rôle, avec quelques problèmes pour se positionner, que ce soit sur les séquences défensives que sur les séquences offensives. Il a aussi perdu beaucoup de ballons et raté bon nombre de passes qu’un latéral de niveau n’aurait pas raté.
- Silva (4) : le défenseur central lusitanien n’a été à la hauteur du rendez-vous. On peut lui reprocher deux choses ce soir : un placement assez approximatif lorsque l’AS Monaco lançait ses offensives, n’étant en plus pas bien épaulé par Otamendi. Puis, beaucoup de déchet avec le ballon, avec bon nombre de transmissions mal assurées à la relance. Il n’est d’ailleurs pas exempt de tout reproche sur le but d’Ilenikhena puisque même si Otamendi se troue, c’est lui qui aurait dû couvrir cette zone du terrain. Fragile.
- Otamendi (3) : le taulier argentin a montré ses deux visages ce soir. Effectivement, il a eu du mal en première période. Embolo le domine physiquement sur le but de Minamino (32e), et l’attaquant suisse lui en a fait voir des vertes et des pas mûres tout au long de la rencontre. L’ancien de City n’a pas été au niveau du défi imposé par le Monégasque, mais il a réussi à hausser son niveau au retour des vestiaires. On a ainsi revu le Otamendi solide dans les duels et rassurant lorsque le ballon était proche de lui dans la surface… jusqu’à ce qu’il se fasse manger au duel par Ilenikhena (81e). Coupable sur deux buts ce soir donc.
- Carreras (5) : le latéral espagnol, qui fait partie des joueurs à la mode en ce moment en Europe, n’a pas été à son avantage ce soir. Sur le plan défensif, il a plutôt bien tenu son rang malgré quelques erreurs de concentration, mais sur le plan offensif, son point fort, il a été fantomatique. Il est très peu monté prêter main forte à ses joueurs offensifs, et quand il l’a fait, il n’a pas été très adroit, jusqu’à ce caviar pour Kokçu qui donne la qualification aux Lisboètes et vient sauver une prestation globalement médiocre du joueur ibérique.
- Barreiro (5) : il a rendu une copie plus que correcte devant la défense. C’est lui qui permet à Pavlidis de récupérer le ballon sur le premier but et il a assez bien fait l’essuie-glace devant la défense, sachant qu’il n’était pas vraiment bien accompagné par ses partenaires du milieu. En revanche, on sent qu’il est encore assez limité avec le ballon et forcément, ça n’a pas aidé Benfica à avoir un jeu fluide ce soir.
- Aursnes (4) : l’international norvégien a été très discret. En première période, il a eu très peu d’impact sur le jeu de son équipe, rentrant aux vestiaires avec seulement 17 ballons touchés par exemple. Pas de mieux en deuxième période, où on ne l’a pas vu même sur les longues séquences de possession de l’équipe locale, donnant toujours cette impression d’être perdu dans les half zones. Même sur le plan défensif, on ne peut pas dire qu’il ait été très utile. Il a au moins le mérite de provoquer le penalty du 2-2.
- Kokçu (6) : dans l’entrejeu, le playmaker turc n’a pas eu l’influence qu’on attend de lui pour mener l’animation offensive de son équipe. Un peu nonchalant, pas toujours bien positionné entre les lignes, il a été effacé et peu inspiré lorsque le ballon a transité par ses crampons, sans pour autant être mauvais. Quelques fulgurances tout de même, comme cette tentative lointaine (61e). Il inscrit tout de même le but de la qualification, en véritable renard des surfaces. Sorti blessé à la 87e, laissant sa place à Rego, qui n’a pas eu le temps de se montrer.
- Aktürkoğlu (5) : décisif avec un but, mais pas grand-chose d’autre à signaler. C’est lui qui ouvre le score, bien positionné pour reprendre ce caviar de Pavlidis (22e). Mais derrière, si ce n’est sur quelques situations ponctuelles, on ne l’a plus vu, pais aidé par l’animation offensive assez morne de son équipe. Amdouni l’a remplacé à la 58e et a été assez combatif, sans pour autant réussir à faire beaucoup de différences devant.
- Pavlidis (6,5) : le killer de Benfica a fait ce qu’il a pu ce soir, et il l’a plutôt bien fait. Il réalise un excellent travail sur l’ouverture du score, servant un amour de centre à Aktürkoğlu (22e). Derrière, il n’a pas énormément de bons ballons, mais il a été assez bon dans un rôle de pivot, souvent esseulé parmi les défenseurs monégasques. Il signe le 2-2 depuis le point de penalty, transformant sa tentative à merveille, tout en puissance (76e). Belotti a pris sa place à la 87e mais n’a pas eu d’opportunités de se montrer.
- Schjelderup (3) : sur le côté gauche de l’attaque portugaise, il n’a pratiquement rien proposé et a traversé la rencontre comme un fantôme. Collé à la ligne sur le côté gauche, il n’a jamais inquiété ses vis-à-vis. Il a fallu attendre la 57e pour le voir tenter quelque chose, avec une frappe enroulée passée assez loin des cages asémistes. Remplacé par Dahl dans la foulée, à la 58e, qui a essayé de faire mal devant mais n’a pas eu beaucoup plus de réussite que Schjelderup.
AS Monaco
- Majecki (4,5) : à l’affut sur une tête au premier poteau de Barreiro, captée avec assurance (3e), et très appliqué sur une frappe longtaine de Carreras (61e), Majecki a globalement vécu une rencontre calme en dehors d’éclairs foudroyants. Le Polonais ne peut rien sur l’ouverture du score d’Akturkoglu (22e), fusillé à bout portant, et il est impossible de lui reprocher le penalty concédé par Kehrer et transformé par Pavlidis (77e), même si son absence de plongeon est forcément rageante. Sa non-sortie sur le but de Kokcu est assez discutable également, et finit d’entacher un match assez médiocre.
- Mawissa (5) : très discret des deux côtés du terrain, l’ancien toulousain n’a pas été très en vue, relâchant même son marquage sur l’ouverture du score d’Akturkoglu (22e). Remplacé par Ilenikhena (80e), entré pour renforcer l’attaque et tenter de revenir au score sur l’ensemble des deux rencontres. Une entrée remarquée, puisque le jeune attaquant de 17 ans a redonné l’avantage à Monaco seulement 46 secondes après son entrée en jeu, sur son premier ballon (83e).
- Singo (2) : le match proposé par l’international ivoirien était difficile, et c’est un euphémisme. Pas à 100% physiquement au coup d’envoi, le défenseur central a multiplié les erreurs bêtes et les imprécisions techniques, avec en point d’orgue cette perte de balle évitable à l’entrée de sa surface, qui offre le premier but à Benfica (22e). Quelques minutes plus tard, il rate complètement une relance qui a failli envoyer Schjelderup au but (39e). S’il a tenté de peser offensivement par quelques montées peu réussies, il s’est également mis tristement en valeur sur un duel manqué qui permet à Pavlidis de récupérer le ballon de l’égalisation (84e).
- Kehrer (3,5) : très à l’aise en première mi-temps, l’Allemand a très bien géré le tempo et les sorties de balles monégasques, mais il est cependant trop loin de Pavlidis pour l’empêcher de centrer sur l’ouverture du score du Benfica (22e). En seconde mi-temps, il s’est totalement éteint, manquant trop de passes simples et concédant un penalty après un dégagement complètement raté (77e), avant de lâcher inexplicablement son marquage sur le but de l’égalisation de Kokcu (84e). À l’image des moments les plus durs de l’histoire récente du PSG en Ligue des Champions, il est l’une des têtes d’affiches d’un triste échec sur la scène européenne.
- Caio Henrique (4,5) : très actif sur le plan offensif malgré trop de centres dans le vide, Caio s’est surtout fait remarquer par son manque d’attention de l’autre côté du terrain. En point d’orgue de sa prestation défensive difficile, le Brésilien était bien trop en retard pour fermer le second poteau sur le but de Benfica (22e). Remplacé par Ouattara (80e), pour apporter un peu plus de jus dans le couloir gauche monégasque, sans succès.
- Diatta (5) : après un match aller où il a été testé dans le couloir gauche, le Sénégalais a retrouvé son côté droit, et ça s’est senti. D’abord imprécis à bout portant face à Trubin (7e), il a multiplié les montées dangereuses et les bons centres, l’un d’eux aboutissant à une tête d’Embolo sur le poteau (32e). Dans un rôle ingrat de piston qu’il n’a que peu expérimenté, en l’absence de Vanderson, son match a été plus qu’honorable, jusqu’à la fin du temps additionnel ou il a failli enterrer les espoirs de succès monégasque en concédant un penalty bête sur Dahl (90+4e), finalement annulé par la VAR.
- Camara (5) : très à l’aise dans son rôle de sentinelle sur le plan défensif, il a cependant eu beaucoup de mal à donner des solutions de passes à ses défenseurs, obligeant souvent Ben Seghir à redescendre récupérer les ballons. Mis dans une situation peu évidente par Wilfried Singo, sa remise peu appuyée pour l’Ivoirien ne lui a pas facilité la tâche, entraînant la perte de balle fatale à l’AS Monaco en début de match (22e). Petit à petit, il s’est éclipsé en jouant plus bas, pour permettre à Akliouche et Ben Seghir de se trouver facilement dans le coeur du jeu.
- Ben Seghir (7) : voir ci-dessus.
- Akliouche (7) : l’international espoir français a vu passer beaucoup de ballons, mais s’est trop souvent enfermé au début du match, comme pris par l’enjeu. Auteur d’une belle ouverture pour Embolo dès le début du match, gâchée par le Suisse (4e), l’égalisation de Minamino l’a libéré, et il a fait exploser les lignes du Benfica par sa technique. Passeur décisif après un énième beau raid pour Ben Seghir (52e), il a éclipsé le milieu de terrain portugais de bout en bout.
- Minamino (6,5) : le Japonais a été très remuant sur le front de l’attaque pour faire bouger la défense mais trop peu servi. Après un bon centre pour Diatta qui perd son face à face (7e), il est finalement récompensé par le but de l’égalisation, après un bon travail au duel de Embolo (33e). En seconde période, l’ancien joueur de Liverpool a été toujours aussi difficile à trouver dans la surface adverse, et a beaucoup couru dans le vide. Remplacé par Michal (87e), tenté comme sauveur de la nation, mais qui n’a pas reçu de ballon pour s’illustrer.
- Embolo (4) : s’il est impliqué sur l’égalisation de Minamino, avec une belle déviation et un jeu de corps habile (33e), et a subtilement laissé passer le ballon sur le but de Ben Seghir (52e), le match d’Embolo a été calamiteux de bout en bout. L’attaquant Suisse n’a jamais été à l’aise avec le cuir, manquant un nombre incroyable d’occasions comme face à Trubin au début du match (4e), ou juste avant la pause avec une frappe qui s’envole inexplicablement (45+2e). Une prestation atroce durant laquelle il n’a que rarement justifié sa titularisation au profit de Mika Biereth. Remplacé par le Danois (65e), qui n’a rien pu faire avec le peu de ballon qu’il a pu toucher.
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