Jonathan Gradit : «emmener Lens le plus haut possible»

Par Antoine Grasland
13 min.
Jonathan Gradit @Maxppp

Pilier du RC Lens depuis près de quatre ans, Jonathan Gradit est l'un des symboles du renouveau lensois ces dernières saisons. À 29 ans, le défenseur est dans les plus belles années de sa carrière. Alors que le club artésien affronte l'ennemi lillois ce dimanche (20h45, à suivre en direct sur Foot Mercato), l'un des tauliers du vestiaire s'est confié pour Foot Mercato. Son retour de blessure, les objectifs du club cette saison, sa relation avec Franck Haise, la prolongation de Seko Fofana ou encore le soutien indéfectible des supporters, Jonathan Gradit se livre sans concession et comme toujours avec son franc-parler…

Foot Mercato : pour commencer, comment allez-vous et comment vous êtes-vous remis de votre blessure (Jonathan Gradit souffrait d'une fracture de la clavicule subie lors du match face à Troyes (1-0), le 9 septembre dernier, ndlr) ?

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Jonathan Gradit : bien remis, c'est un grand mot. Il me reste encore un petit délais avant la reprise. Ça se remet bien, il n'y a pas eu d'opération, c'est déjà une bonne nouvelle. On a fait le nécessaire avec le chirurgien pour revenir au plus vite même si c'est une blessure embêtante. Il faut être vigilant, ne pas faire n'importe quoi et reprendre trop tôt. Je pourrai revenir dans le groupe d'ici 2 à 3 semaines.

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FM : vous aviez prévenu sur les réseaux sociaux, que vous vouliez revenir vite, le pari est réussi ?

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JG : par rapport à ce qu'on m'avait prédit, on disait qu'on allait pas me revoir avant la Coupe du Monde, je vais faire le nécessaire pour essayer de revenir un peu avant. Il reste pas mal de matches, on va essayer de faire le maximum et ne rien lâcher pour reprendre au plus vite et retrouver les coéquipiers.

FM : vous êtes devenu un taulier du RC Lens ces dernières saisons, vous êtes arrivés sur la pointe des pieds en provenance de Caen, vous êtes remonté en Ligue 1 avec Lens, vous avez vécu beaucoup de choses avec ce club, aujourd’hui vous jouez les premiers rôles avec cette équipe, ma question est simple où est-ce que vous allez vous arrêter ?

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JG : on va essayer de ne pas s'arrêter justement, continuer la progression ! C'est vrai qu'il m'arrive que de bonnes choses sur le plan personnel depuis que je suis arrivé au club, beaucoup de réussite. C'est valorisant, cela fait plaisir. Je suis très heureux au quotidien, je suis très heureux d'être dans ce club. Après, on ne vas pas s'arrêter, on peut toujours rêver de mieux. On va faire le maximum pour avoir les meilleurs résultats possible avec le club.

«J'ai galéré, je sais ce que c'est, et d'être là aujourd'hui, c'est énorme !»

FM : quand on voit votre parcours, les difficultés que vous avez surmonté pour en arriver là, être aussi important dans un club comme Lens, est-ce une forme de revanche ? Vous avez toujours cru en votre destin ?

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JG : j'étais conscient de mes qualités, j'ai toujours cru en moi. Après, les clubs n'ont pas forcément autant cru en moi. C'est vrai que j'ai pas mal galéré. C'est d'autant plus une fierté d'avoir ce parcours maintenant et d'avoir réussi depuis un petit moment avec Lens. C'est vraiment flatteur et ça récompense le travail que j'ai effectué durant ma carrière. Maintenant, on vit des moments beaucoup plus joyeux. J'ai galéré, je sais ce que c'est, et d'être là aujourd'hui, c'est énorme ! Après, il ne faut jamais se relâcher dans le football…

FM : vous correspondez énormément à l'identité du club…

JG : c'est marrant car avant de signer au club, il y avait beaucoup de personnes qui me disaient : «tu corresponds vachement aux valeurs du club.» Après la descente avec Caen, j'ai eu la chance d'être contacté par le club. Quand j'ai su que j'avais Lens, je n'ai pas hésité une seule seconde. Je ne regrette pas du tout mon choix parce que ce sont des valeurs qui me correspondent. Tous les week-ends, les supporters sont au stade pour nous encourager, ils sont à fond derrière nous, il n'y a pas beaucoup de clubs qui peuvent se targuer d'avoir un public comme ça.

FM : le Racing fait un début de saison parfait, le meilleur de l'histoire du club, dans l’intimité du vestiaire, quel est l’objectif ?

JG : la réponse bateau serait de dire : «le maintien» (Sourire). Après, je vais être très honnête : c'est d'aller le plus haut possible. On a la sensation de trouver une régularité depuis qu'on est en Ligue 1. La première année, on pouvait parler d'un exploit en étant un promu mais le club a construit pas mal de choses au niveau de l'effectif. On a gardé une ossature depuis le départ. On a des forces mais aussi des faiblesses, il faut rester attentif. On a envie d'être le plus haut possible. On espère tous regoûter à l'Europe car le club le mérite amplement. On sait qu'il faut du travail et que c'est très compliqué, on est bien placés pour le savoir sur les deux dernières saisons. On pensait qu'on pouvait accrocher l'Europe et au final on a fini à la 7e place et on n'a pas eu la Coupe d'Europe donc c'est à nous de faire le maximum.

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FM : Franck Haise est encensé ces derniers mois pour le jeu qu’il fait pratiquer à votre équipe, quel est son secret ? Qu’est-ce qu’il vous apporte à vous personnellement ?

JG : j'ai une relation très fusionnelle avec lui. Dès ma première année, il a toujours cru en moi. Je suis très reconnaissant envers lui. C'est quelqu'un de très fort dans le domaine tactique, sur le plan humain il est très proche des joueurs. Il essaye de nous inculquer le plaisir et on a ce plaisir de venir chaque jour aux entraînements. Là où il est fort aussi, c'est qu'il arrive à avoir des joueurs, qui ont moins de temps de jeu, qui adhèrent au projet pour avancer tous ensemble. On est un vrai groupe et c'est ça qui fait notre force. On a un état d'esprit et c'est le coach qui est le garant de tout ça. C'est ce qu'il fait très bien. Il arrive à un stade où il se fait une cote incroyable et il le mérite vraiment. Tactiquement, c'est impressionnant. Il arrive à s'adapter, tout en conservant nos idées de jeu et ça c'est le plus important.

«Quand on porte ce maillot, il faut l'assumer et faire plaisir à ses supporters»

FM : vos coéquipiers disent de vous que vous êtes un leader, comment vous appréhendez ce rôle ?

JG : leader, c'est un grand mot. Après, ça fait maintenant quatre saisons que je suis au club (91 matches avec Lens). Je joue régulièrement, donc les jeunes peuvent prendre exemple sur des joueurs qui jouent régulièrement. Après, je ne suis pas un leader dans le vestiaire, à parler, j'essaye simplement d'être un leader sur le terrain en montrant l'exemple, en ne rien lâchant, en essayant de montrer la voie car on est dans un club comme Lens, il faut le respecter. Quand on porte ce maillot, il faut l'assumer et faire plaisir à ses supporters. Il faut toujours montrer de l'envie, c'est ce qu'on arrive à bien faire depuis la remontée.

FM : cet été, une rumeur vous a envoyé au Real Madrid, ce qui a beaucoup fait rire Florian Sotoca, vous pouvez nous en parler ?

JG : (rires) je peux pas vous en parler car je n'ai pas eu Carlo Ancelotti ! Je pense que c'est surtout une boutade. J'avais assisté à la conférence de presse de Florian Sotoca pour rigoler et il y avait un journaliste qui m'avait vu dans la salle et qui a lancé une rumeur en disant : «Que pensez-vous de la rumeur Jonathan Gradit au Real Madrid ?» Ça a pris un peu d'ampleur parce qu'on est à Lens, mais c'était drôle car Flo Sotoca a eu une bonne répartie.

FM : quelle relation avez-vous avec Florian Sotoca justement ? On vous sent très complice sur et en dehors du terrain…

JG : on est très complices. Ça été fusionnel dès le départ. On est arrivés au même moment au club. On a connu la Ligue 2, la remontée… On vit des moments extraordinaires, on est pareil en quelque sorte car on a un parcours atypique tous les deux. On sait d'où l'on vient. On savoure tout ce qui nous arrive avec le club et au-delà de ça, c'est quelqu'un d'exceptionnel. On part en vacance ensemble, on s'est créé un vrai lien d'amitié qu'on gardera.

«C'est valorisant d'avoir un club comme Marseille qui se renseigne»

FM : plus sérieusement, on a parlé de vous à l'OM cet été parmi les possibles pistes défensives du club phocéen. Cela doit-être flatteur ?

JG : ce n'est pas une fin en soi. Ça valorise le travail que je fais au quotidien. Je n'oublie pas qu'il y a cinq ou six ans, il n'y avait pas beaucoup de clubs qui me couraient après. Lens est un club médiatisé donc quand on fait de bonnes performances, les clubs se montrent intéressés. C'est valorisant d'avoir un club comme Marseille qui se renseigne. C'est à moi de garder cette exigence et conserver ce que je fais de bien.

FM : les supporters vous adorent pour tout ce que vous donnez sur le terrain, quelle est votre relation avec eux ?

JG : forcément, elle est très fusionnelle. Les supporters ont beaucoup galéré pendant une dizaine d'années avec des mauvais résultats et de la Ligue 2. Nous, on est arrivés au moment où on a fait remonter le club tous ensemble. Ça fait maintenant quatre saisons qu'on est ensemble donc ils s'attachent à des personnages. On essaye de donner le meilleur de nous-mêmes et les supporters aiment ça ! On sent vraiment un soutien. C'est vraiment une histoire d'amour avec le club et ses supporters. D'avoir des supporters comme ça derrière soit, ça montre que votre personnalité accroche et qu'il faut continuer.

FM : d’ailleurs que pensez-vous du surnom qu’ils vous ont donné, la perceuse ?

JG : (rires) ah la perceuse… En fait, ça vient de Guillaume Gillet. Quand je suis arrivé, pendant mon premier match, j'avais fait deux, trois percées et dans les vestiaire il m'avait appelé comme ça. Après, c'est sorti sur les réseaux sociaux, les supporters l'ont repris et c'est resté. C'est vrai que j'aime bien apporter un surnombre balle au pied. Même le speaker le reprend maintenant, c'est assez drôle !

FM : quel est l'adversaire en Ligue 1 qui vous a le plus impressionné ?

JG : forcément, Paris car ce sont de grandes stars. Après, on s'est toujours bien débrouillé face à Paris. Mais collectivement, j'ai été impressionné par l'OM de Sampaoli l'année dernière. Ils m'avaient énormément impressionné sur ce match à domicile, on n'avait pas eu beaucoup de situations. Notre équipe est faite de spectacle et ils nous avaient totalement coupé avec leur pressing très haut. On était ressorti de ce match en se disant : «ils ont été vraiment supérieurs.» C'est peut-être l'une des seules fois où on s'est dit : «on a aucune chance de gagner.» Ils avaient été très bons.

«Lens fait partie des meilleurs publics de France voire le meilleur public de France»

FM : le public lensois est toujours au rendez-vous, ce soutien ultra populaire peut-il faire encore un peu plus la différence cette saison ?

JG : bien sûr ! C'est une certitude, on le voit quand on joue à domicile. On a un soutien, on a un public, ça pousse tout le monde, ça nous transcende. C'est indescriptible la sensation que l'on peut avoir quand on joue à Bollaert. La ferveur, le bruit, l'ambiance, je pense qu'ils nous ont aidé à ramener des points un peu compliqués. Il y a beaucoup de matches où ils nous ont aidé, même à l'extérieur. Ils se déplacent toujours en nombre. Ça apporte un vrai plus. Il y a une histoire dans ce club, vous rentrez dans ce stade, les adversaire savent à quoi s'attendre. Certainement que Lens fait partie des meilleurs publics de France voire le meilleur public de France.

FM : la décision de Seko Fofana de rester après avoir prolongé, peut faire basculer votre saison ?

JG : évidemment. C'est un joueur très, très important. Dans le système, dans le vestiaire, c'est un leader. Le fait qu'il soit resté, ça a apporté encore plus d'envergure au club. C'est quelqu'un d'ambitieux, s'il a pris la décision de rester c'est qu'il croit au club, au projet et ce n'est que de bon augure pour la suite. C'est vraiment une grosse force pour nous de pouvoir le garder.

Retrouvez l'intégralité de cet entretien en vidéo plus haut dans l'article.

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