Liga

Real Madrid, FC Barcelone : la post-formation, le nouvel enjeu majeur des cadors espagnols

Le Real Madrid et le FC Barcelone ont dû adapter leur stratégie mercato au contexte financier actuel, où ils ne sont plus toujours en position de force. Plus que des stars et des galactiques à tout va, place aux jeunes !

Par Max Franco Sanchez
5 min.
Pedri avec le maillot du FC Barcelone @Maxppp

Il est loin le temps où le FC Barcelone et le Real Madrid se partageaient les meilleurs joueurs de la planète. Fut un temps où, grosso modo, lorsqu'un joueur cartonnait, il était destiné à un des deux cadors espagnols. Catalans et Madrilènes exerçaient ainsi une domination assez marquée sur le mercato. Cela n'empêchait bien sûr pas des clubs comme Manchester United ou le Bayern de grappiller quelques stars également, mais les Blaugranas et les Merengues étaient clairement au sommet de la chaîne alimentaire du marché des transferts. Et comme ça ne vous a pas échappé, la donne a changé. Aujourd'hui, d'autres clubs, peut-être moins prestigieux et au palmarès moins garni, sont en mesure d'offrir des challenges sportifs, des promesses de titre et surtout, des contrats aussi intéressants voire plus intéressants. Le PSG et Manchester City en sont les meilleurs exemples. Ce n'est pas tout, puisque ces nouvelles puissances sont aussi en mesure de venir se servir dans les effectifs barcelonais et madrilènes...

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Dès lors, les état-majors des deux clubs, qui peuvent déjà s'appuyer sur des centres de formation plutôt performants et prolifiques, ont dû changer de politique. Plutôt que de chercher à absolument recruter les cadors déjà en place, autant anticiper et aller chercher les cadors de demain tant qu'ils sont encore jeunes et disponibles à un prix abordable. Ils terminent ensuite leur formation avec l'équipe B, en prêt ailleurs ou directement en équipe première pour les plus talentueux. C'est surtout le Real Madrid qui mène à bien cette ligne directrice en matière de post-formation, avec une réussite plutôt mitigée. Les Merengues ont ainsi fait une véritable razzia sur la scène nationale - Marco Asensio, Alvaro Odriozola, Jesus Vallejo, Dani Ceballos, Brahim Diaz entre autres - et mondiale, avec Vinicius Jr, Martin Odegaard, Rodrygo, Fede Valverde, Theo Hernandez, Mateo Kovacic, Andriy Lunin, Take Kubo, Reinier, Éder Militão, Camavinga ou même Lucas Silva. Derrière cette volonté de devancer tout le monde, il y a aussi sûrement dans la tête de Florentino Pérez et son bras droit José Angel Sanchez, l'idée de réaliser quelques belles plus-values, bien que le trading de joueur ne soit pas l'ambition première d'un club d'un tel calibre.

Une politique de recrutement qui va continuer

Du côté du FC Barcelone, on a pris ce virage un peu plus tard, puisque contrairement à ses homologues madrilènes, Josep Maria Bartomeu a continué à signer de gros chèques pendant un bon moment, et c'est en bonne partie la raison pour laquelle le Barça se retrouve dans cette situation aujourd'hui. Mais des joueurs comme Pedri ou Ronald Araujo, recrutés pour des montants dérisoires, sont de sacrées réussites. Récemment, les Barcelonais ont enrôlé Fabio Blanco, qui arrive de l'Eintracht Francfort, et qui ne demande qu'à suivre les mêmes pas des deux joueurs cités ci-dessus. Il y a quelques jours seulement, les deux ogres du balompié étaient au coude à coude pour Pablo Torre, la dernière merveille du foot espagnol, et ce sont les Catalans qui l'ont emporté. Endrick, le jeune Brésilien de 15 ans seulement, semble désormais être le nouvel objectif des deux clubs.

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Une politique de recrutement qui a des avantages certains. Comme expliqué plus haut, des joueurs comme Pedri, Fede Valverde, Ronald Araujo ou Vinicius Junior auraient coûté bien plus cher au Real Madrid s'ils avaient d'abord rejoint un autre club de première division d'un grand championnat européen. Aujourd'hui, il est pratiquement impossible pour les deux de s'offrir des joueurs clé de clubs anglais ou du PSG, sauf quelques cas bien précis, avec des joueurs qui approchent de leur fin de contrat. Et même si les jeunes joueurs recrutés ne s'imposent pas au club, l'étiquette Barça/Real permet tout de même de s'assurer de limiter les dégâts à la revente. Recruté pour 3 millions d'euros à l'époque, Martin Odegaard a par exemple été vendu 35 millions d'euros à Arsenal. Théo Hernandez, dont le passage à Madrid a été plutôt raté, a été vendu à Milan pour la même somme que celle qu'il avait coûté deux ans plus tôt. La valeur des joueurs du Real Madrid et du FC Barcelone ne se dévalue pas si facilement. Et contrairement aux joueurs plus âgés et plus confirmés, ces jeunes débarquent avec des salaires plutôt corrects et peuvent trouver preneur plus facilement, là où le Barça a par exemple toujours eu du mal à se séparer des indésirables plus âgés comme Philippe Coutinho.

Des jeunes déjà prêts

Mais surtout, beaucoup de ces joueurs ont déjà une première expérience qui leur permet de s'intégrer sans trop de souci à la dynamique de l'équipe. Pour un jeune de 18 ou 19 ans qui évolue dans les équipes U19 ou B (en D3) du FC Barcelone ou du Real Madrid, le passage dans l'élite peut être brutal, avec des différences de niveau et d'exigences conséquentes. Des joueurs comme ceux mentionnés plus haut avaient déjà une expérience, dans des équipes ou des divisions inférieures, où il est plus facile de jouer en équipe première. Et souvent, pour les latinoaméricains notamment, dans des contextes où ils sont habitués à la pression médiatique et à jouer devant des milliers de personne dès leur plus jeune âge. C'est en partie pour cette raison que Vinicius Junior a toujours été insensible aux critiques et aux quelques sifflets du Bernabéu à l'époque. Généralement - il y a des exceptions comme Ansu Fati ou Gavi par exemple - un joueur de 18 ans qui vient d'un club inférieur est déjà plus opérationnel qu'un jeune de cet âge sortant du centre de formation.

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L'uniformisation du football et de la formation, sur le plan national et même continental et mondial, rend aussi l'intégration de ces joueurs plus facile. Il n'y a pas si longtemps de ça, les joueurs formés en Amérique du Sud pouvaient par exemple avoir plus de difficultés à s'adapter au jeu européen. Mais aujourd'hui, les clubs brésiliens ou argentins, conscient du juteux business à exploiter de ce côté là, forment leurs jeunes pour qu'ils soient facilement compatibles aux spécificités du jeu européen. D'où la disparition de certains profils typiquement sudaméricains, comme le poste de numéro 5 en Argentine, ou celui de dribbleur fou brésilien. Mais ça, c'est encore un autre débat... Et forcément, quand ces jeunes formés ailleurs viennent rejoindre des jeunes de la maison, le cocktail est explosif, dans le bon sens du terme. On le voit surtout du côté barcelonais cette saison, avec Xavi pour épauler tout ce beau monde. Dimanche soir, pour le Clasico, on verra bon nombre de ces jeunes à l'oeuvre...

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