Le football anglais a couvert et protégé Thomas Partey pendant 3 ans !
Pendant plus de deux ans, un nom a été chuchoté, insinué, chanté dans les tribunes, sans jamais être officiellement prononcé. Aujourd’hui, le voile se lève : Thomas Partey, milieu de terrain d’Arsenal, est inculpé de cinq chefs de viol et d’un chef d’agression sexuelle. Alors que l’enquête judiciaire entame une nouvelle phase, le cas Partey révèle les profondes contradictions du football professionnel, pris entre culture de la performance, silence juridique et pressions sociales croissantes. Enquête sur une affaire explosive où sport, droit et éthique se heurtent de plein fouet.

Après deux ans et demi d’enquête menée par Scotland Yard, le Crown Prosecution Service (CPS) a finalement retenu cinq chefs de viol et un chef d’agression sexuelle contre Thomas Partey, ex‑milieu d’Arsenal, le 4 juillet 2025. Le timing a failli tourner au fiasco télévisuel : quelques jours plus tôt, le 12 janvier, alors que le CPS examinait déjà un dossier complet reçu le 8 janvier, Partey transformait un penalty sous les huées lors d’un troisième tour de FA Cup contre Manchester United. Les commentateurs de la BBC ont dû taire ce « secret le moins bien gardé du football », faute de pouvoir légalement identifier le joueur avant l’inculpation officielle. Malgré un salaire de 200 000 £ par semaine et la tempête médiatique qui s’annonçait, Arsenal a maintenu Partey au cœur de son onze type. Entre juillet 2022 – date de son arrestation initiale – et l’annonce des charges, il a disputé près de 100 rencontres, dont cette affiche contre Manchester United et ce tir au but en FA Cup.
Dans les tribunes, les chants accusateurs résonnaient au fil des matches, au point que les diffuseurs ont abaissé le volume d’ambiance pour éviter toute identification à l’antenne. La stratégie du club, désormais jugée moralement bancale, n’a pas été compensée par un trophée destiné à apaiser les supporters. Jamais un athlète de premier plan n’avait continué à évoluer aussi longtemps sous enquête policière. Partey a manqué un unique match amical en Allemagne après sa première arrestation, puis a joué 40 rencontres en 2022‑23, participé à la Coupe du monde 2022 avec le Ghana et, malgré des blessures, 19 autres matches en 2023‑24 avant de reprendre sa place la saison suivante et de marquer contre Manchester City. Dans la foulée de son affaire et d’autres dossiers sensibles, la Premier League a instauré une formation obligatoire sur le consentement sexuel pour joueurs et staffs – un aveu implicite de l’inconfort grandissant du football anglais.
Un système judiciaire et sportif particulier !
Si le Telegraph Sport a pu révéler dès le 4 juillet 2022 qu’un footballeur de Premier League était arrêté pour viol, il aura fallu attendre l’inculpation pour prononcer le nom de Partey. La raison ? L’arrêt « Bloomberg LP v ZXC » (Cour suprême, février 2022), qui consacre le « droit à la vie privée » des personnes simplement soupçonnées : dévoiler leur identité avant mise en examen expose les médias à des poursuites pour atteinte à la vie privée, comme l’a illustré la victoire de Sir Cliff Richard contre la BBC en 2018. Entre risques financiers et directives restrictives du College of Policing, la presse navigue depuis quinze ans dans une zone grise où l’intérêt public se heurte aux juges. L’audience fixée au 5 août 2025 devant le tribunal de Westminster sera scrutée à Londres, à Accra et dans toute l’Europe.
Recruté à l’été 2020 après avoir brillé à l’Atlético de Madrid (finale de C1 2016, Ligue Europa 2018), Partey avait tout pour incarner le milieu moderne rêvé de Mikel Arteta. Sa progression fulgurante – prêts à Majorque puis Almería, ascension en Liga, transfert record à Arsenal – et sa vie privée médiatisée (mariage, rupture, fiançailles, naissance de son premier enfant) sont désormais éclipsées par la perspective d’un procès qui pourrait bouleverser sa carrière et forcer le football anglais à repenser sa gestion des affaires pénales impliquant ses stars. L’affaire Partey pourrait marquer un tournant pour la gestion des violences sexuelles présumées dans le sport professionnel. Elle pose la question de la transparence, du devoir moral des clubs et du rôle des médias face aux limites du droit à l’information. Tandis que le procès s’annonce, les regards se tournent désormais vers les instances sportives et judiciaires, appelées à répondre à un double défi : restaurer la confiance du public et garantir que justice soit rendue, sans compromis ni privilèges.
En savoir plus sur