Platini-Blatter, règlements de compte entre amis

Par Alexis Pereira
4 min.
Platini répond à Blatter @Maxppp

Entre Sepp Blatter, président de la FIFA, et Michel Platini, président de l'UEFA, le fossé se creuse...

Ami un jour, ami toujours ? On peut se poser la question au sujet de Michel Platini et Sepp Blatter. Le président de l'UEFA s'est, dans les colonnes de L’Équipe, ému que son homologue à la FIFA passe son temps à critiquer ou à remettre en question ses positions. Par exemple, ce dernier avait taclé le projet d'organiser l'Euro 2020 dans plusieurs pays du Vieux continent. Alors l'ancien n° 10 des Bleus a répondu. « Chacun a le droit d’avoir son opinion sur tous les projets de l’UEFA, y compris Monsieur Blatter, avec qui je m’entends parfaitement, contrairement à ce que je peux lire ici ou là. Sur l’Euro 2020, ce que je peux dire, c’est tout simplement qu’il y a eu une longue consultation et qu’à l’arrivée, 52 des 53 présidents de fédérations ont soutenu avec enthousiasme ce nouveau concept. Un Championnat d’Europe des nations qui n’aura d’ailleurs jamais aussi bien porté son nom car il se jouera pour la première fois sur l’ensemble du continent européen. À l’UEFA, tous les grands projets, comme l’Euro 2020 ou le fair-play financier, sont le fruit d’un dialogue approfondi et d’une décision collective », a-t-il justifié avant de poursuivre.

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«En attaquant l’Euro 2020, c’est peut-être le président de l’UEFA que l’on pense viser, mais au final ce sont 52 des 53 fédérations européennes de football qui sont attaquées», a-t-il confié, évoquant ensuite sa position sur la technologie dans l'arbitrage. « Je préfère être seul et fidèle à mes convictions plutôt qu’aller dans le sens du vent dans l’unique but de faire monter ma cote de popularité. Me battre pour mes idées ne m’a jamais posé le moindre problème. Il y a quelques années, j’étais seul quand j’avais proposé l’interdiction de la passe en retrait au gardien. Certains pensaient que je voulais dénaturer le jeu. J’étais seul également quand j’avais proposé qu’une faute du dernier défenseur soit sanctionnée d’un carton rouge. Il y avait, à l’époque, aussi beaucoup de sceptiques. Au final, ces deux idées se sont révélées être de bonnes réformes de l’arbitrage et de belles avancées pour le jeu. La technologie sur la ligne de but me pose quelques problèmes. Tout d’abord, il y a une crainte légitime de voir en ce système le début d’un long processus d’introduction de la technologie dans le football qui pourrait nuire, au final, à la nature même du jeu. Ensuite, c’est un système qui coûte très cher», a-t-il argué avant d'insister.

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«Si je veux introduire cette technologie en Ligue des champions et en Ligue Europa, à partir de la phase de groupes, cela nous coûtera 54 millions d’euros sur cinq ans. Notre conclusion est bien évidemment que cela n’est pas raisonnable et nous préférons donc investir cet argent dans le développement du football. C’est une simple question de priorité. Le danger, par ailleurs, est que la FIFA, garante de l’universalité du jeu, n’introduise là un football à deux vitesses. On ne peut pas prôner le même football pour tous et promouvoir en même temps un système que seuls les plus grands Championnats européens pourront s’offrir. Il y a là une incohérence entre le discours et la pratique. En ce sens, je reste fidèle à la philosophie qui nous animait en 1998, Sepp et moi : « Football for all, all for football » (le football pour tous et tous pour le football). C’est une philosophie à laquelle je tiens et j’essaie de ne pas m’en détourner », a-t-il expliqué en toute simplicité. Il préfère poursuivre en alignant cinq arbitres à chaque match.« L’arbitrage à 5, c’est mettre deux arbitres supplémentaires à des endroits stratégiques pour aider l’arbitre central à nettoyer les surfaces de réparation, alors que la technologie sur la ligne de but est un système servant uniquement à savoir si un ballon a franchi la ligne ou pas», a-t-il poursuivi.

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Le Ballon d'Or France Football 1983, 1984 et 1985 a ensuite rappelé que l'UEFA soutenait en grande majorité toutes les positions de la FIFA.
« Les fédérations européennes soutiennent à l’unanimité plus des trois-quarts des propositions de réforme de la FIFA. Ce n’est pas rien ! Les accuser d’être conservatrices est ridicule, puisque ce sont elles qui ont été à l’origine de ce processus de réformes. Elles souhaitent par exemple que des personnes qui ont été condamnées pour des actes de corruption ne puissent pas se présenter aux élections de la FIFA et elles veulent également un meilleur contrôle et une plus grande transparence des flux financiers. Ce sont des exemples concrets et nous verrons donc si ces propositions, comme celles portant sur le contrôle d’intégrité des candidats aux élections, sur les limites d’âge pour tous et de mandats pour le président – que les fédérations européennes soutiennent sans réserve – seront ou non présentées au Congrès de la FIFA, à l’île Maurice (le 28 mai prochain), puis mises en application », a-t-il conclu. La mise au point est claire. Sepp Blatter et Michel Platini en ressortiront-ils bon amis comme au bon vieux temps ?

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