La valse des entraîneurs de Ligue 1

Par Josué Cassé
11 min.
Christophe Galtier, Jocelyn Gourvennec, Peter Bosz et Vladimir Petkovic. @Maxppp

Chaque saison, le marché des transferts offre bon nombre de transactions entre clubs du monde entier et si cette fenêtre concerne principalement les joueurs, l'actualité des entraîneurs s'en voit aussi largement chamboulée. Dernière preuve en date lors de ce mercato estival où pas moins de neuf tacticiens ont fait leur apparition sur un banc de Ligue 1. Une révolution en marche qui pourrait profondément changer le paysage du championnat de France. Nouveaux visages, chassé-croisé, retour en grâce ou simple changement de formation, voici les principales évolutions pour la saison à venir.

Alors certes, quelques écuries ont fait cet été, le choix de la stabilité : Niko Kovac à Monaco, Claude Puel à Saint-Etienne ou Mauricio Pochettino récemment prolongé au PSG pour ne citer qu'eux. D'autres, oui, ont renouvelé la confiance accordée aux coachs intronisés au cours de la saison dernière, c'est le cas de Bruno Genesio à Rennes ou de Jorge Sampaoli à l'OM. Les promus conservant quant à eux logiquement la formule gagnante de l'exercice précédent avec Pascal Gastien du côté de Clermont et Laurent Batlles à Troyes. Mais il faut bien plus des doigts d'une main pour compter les changements d'entraîneurs intervenus lors de l'intersaison. Lille, Lyon, Bordeaux, Nice, Strasbourg, Montpellier, Brest, Reims, Brest... Au total neuf formations de Ligue 1 ont vu débarquer un nouveau tacticien. Entre fins de cycle ou divorces à l’amiable, ce jeu de chaises musicales inédit pourrait considérablement modifier le jeu proposé en Ligue 1. Tour d'horizon de ces nouveaux hommes forts.

La suite après cette publicité

Peter Bosz - Olympique Lyonnais :

Passé par l'Ajax Amsterdam et plus récemment le Bayer Leverkusen où il a signé - en 4 saisons de Bundesliga - un bilan honorable (59 victoires en 108 matches), le tacticien néerlandais de 57 ans succède à Rudi Garcia sur le banc de l'OL. Avec l'ambition de faire mieux que son prédécesseur la saison dernière, auteur d'une 4ème place en championnat laissant les supporters lyonnais amers, Peter Bosz prône une philosophie de jeu portée vers l'avant : «j’ai une façon de jouer offensive, attractive. On joue pour les supporters et pas pour nous-même.»

À lire Le Stade Brestois crie au scandale !

Un entraîneur se distinguant également par sa capacité à développer les plus jeunes talents : «j’ai l’expérience de travailler avec des jeunes, pas seulement à l’Ajax mais aussi à Leverkusen. C’est une question de qualité, si les jeunes ont des qualités, je n’ai pas peur de les faire jouer.» Un projet tactique ambitieux sans pour autant oublier les fondamentaux : «le plus important c’est la défense bien sûr, il faut mettre en place une organisation très efficace.» Un dernier point qui a d'ailleurs semblé faire défaut à l'OL pendant la préparation estivale (12 buts encaissés en 6 matches). À lui donc de trouver la bonne alchimie pour espérer jouer les sommets de L1 cette saison.

La suite après cette publicité

Vladimir Petkovic - Girondins de Bordeaux :

L'une des opérations phares cet été ! En profondes mutations, les Girondins de Bordeaux, sous la houlette de leur nouveau propriétaire Gérard Lopez, ont choisi de faire confiance à l'ancien sélectionneur de la Nati (42 victoires en 78 sélections), bourreau de l'équipe de France. Méconnu du grand public, Vladimir Petkovic va devoir parfaire son expérience de clubs. Auteur d'un bilan contrasté en Super League (première division suisse), la Lazio Rome reste pour l'heure le seul club de prestige qu’il a entrainé. Mais le Bosnien d'origine croate peut malgré tout s'appuyer sur une philosophie de jeu incarnée.

Succédant à Jean-Louis Gasset, celui qui fêtera ses 58 ans le 15 août prochain souhaite voir son équipe portée vers l'offensive tout en cherchant au maximum à contrôler le match. Avec un pressing haut, «Vlado» prône un jeu de possession nécessitant une implication physique totale. Fort d'une approche très psychologique dans la façon de manager ses troupes, le néo-technicien des Girondins pourrait représenter un renfort de poids si il parvient à obtenir l'adhésion du groupe quant à ses idées de jeu. L'arrivée, donc, d'une nouvelle approche tactique pour des Bordelais en crise de confiance ces derniers mois. Suffisant pour le retour du séduisant au Haillan ?

La suite après cette publicité

Christophe Galtier - OGC Nice :

Élu meilleur entraîneur de Ligue 1 la saison passée avec Lille, le tacticien de 54 ans a surpris tout son monde en rejoignant l'OGC Nice en juillet dernier. Après de longues tractations, son choix s'est finalement porté vers l'ambitieux projet niçois porté par la puissance financière Ineos. Adjoint pendant dix ans, puis coach numéro un à Saint-Etienne (2009-2017) avant de filer au LOSC (2017-2021), le natif de Marseille a progressivement installé sa philosophie de jeu. Des principes et une méthode de travail lui permettant de sortir ces deux équipes de la zone rouge avant de les propulser vers l'Europe.

Auteur d'une préparation estivale délicate (3 défaites, 1 nul, 1 victoire), Galtier pourra tout de même s'appuyer sur des renforts de poids pour débuter la saison face à Reims, le 8 août prochain. Après les arrivées de Calvin Stengs, Justin Kluivert, Melvin Bard, Mario Lemina ou encore Pablo Rosario, les Aiglons comptent bien faire encore parler d'eux sur le marché. Sans parler du retour de Dante, leur patron en défense, et de la jeunesse prometteuse symbolisée par Gouiri, Atal et consorts, «Galette» aura surtout pour mission de faire assimiler ses idées à un groupe qu'il découvre. Acharné de travail, adepte des séances intenses et fidèle à un 4-4-2 aussi équilibré qu'efficient, l'architecte du titre lillois semble disposer d'un réservoir intéressant pour faire oublier aux azuréens une décevante 9ème place lors de l'exercice précèdent.

La suite après cette publicité

Jocelyn Gourvennec - OSC Lille :

Plus surprenant que le départ de son prédécesseur, l'arrivée de Jocelyn Gourvennec à la tête de l'équipe championne de France a laissé de marbre bon nombre d'observateurs de Ligue 1 et rendu sceptiques beaucoup de supporters lillois. Sans club depuis deux ans (consultant Canal+) et nanti d'une expérience limitée à la tête d'un effectif de haut de tableau, l'ancien coach de Bordeaux (28 victoires en 71 matches) et de Guingamp (127 victoires en 299 matches) dispose tout de même d'un certain bagage en tant que technicien. Fin connaisseur du championnat de France, le natif de Brest souhaite poursuivre le travail effectué par Christophe Galtier sans entamer une véritable révolution.

Accordant beaucoup d'importance à la valeur travail, le nouveau coach des Dogues peut compter sur un effectif qui n'a pas véritablement changé malgré certains départs importants (Maignan, Soumaré). Parallèlement, grâce à une formation réalisée à Limoges, et ses deux années en tant que consultant sportif, le Brestois a pu faire évoluer sa vision du football et sa philosophie de jeu. Adepte d'un jeu offensif repartant de derrière, de latéraux excentrés repiquant dans l'axe et d'une défense à 4 en zone, il mise avant tout sur la continuité d'un jeu collectif et compact observé la saison dernière. Gourvennec a d'ailleurs opté pour un 4-4-2 lors de la victoire des siens à l'occasion du Trophée des Champions (1-0 vs PSG). Une première réponse apporté à ceux doutant de sa légitimité sur le banc des Dogues.

Julien Stéphan - Strasbourg :

Symbole du nouveau cycle entamé au Racing Club de Strasbourg, le tacticien de 40 ans reprend le flambeau cédé par Thierry Laurey après cinq saisons passées sur le banc strasbourgeois. Et si son prédécesseur peut se targuer d'un bilan honorable avec notamment une promotion en Ligue 1 en 2017 et un une victoire en Coupe de la Ligue en 2019 menant à une qualification pour le deuxième tour préliminaire de la Ligue Europa, l'ancien coach du Stade Rennais arrive avec l'ambition de faire mieux qu'une décevante 15ème place lors de l'exercice précédent. Inspiré par les plus grands tacticiens tels que Pep Guardiola ou Jürgen Klopp, le natif de Rennes compte surtout redonner du plaisir aux supporters alsaciens par un jeu collectif séduisant.

Un football attrayant perdu de vue à la Meinau la saison dernière. Auteur d'un bilan plus que satisfaisant en Bretagne (Coupe de France 2019, 8ème d'Europa League et qualification en Ligue des Champions), Stéphan a surtout payé une seconde moitié de saison 2020-2021 délicate, menant au divorce. Fidèle à ses principes de jeu portés vers l'avant et adepte d'un football fait de passes et de transitions rapides, le nouveau coach du RCSA pourrait redonner de l'allant au jeu alsacien. A l'image du parcours de Lens en 2020/2021 ou celui de Reims en 2019/2020, Strasbourg pourrait être une belle surprise pour la saison à venir. Il faudra tout de même un peu de temps à Stéphan pour découvrir les hommes à sa disposition et mettre en place ses idéaux de jeu.

Michel Der Zakarian - Stade Brestois :

Successeur d'Olivier Dall'Oglio, parti du côté de la Paillade.. l'ancien entraîneur de Nantes et de Montpellier entame un nouveau chapitre avec une formation séduisante au cours des deux dernières saisons. Porté vers l'avant et adepte du jeu offensif - parfois trop (17ème de Ligue 1 la saison dernière avec 66 buts encaissés) - le SB29 peut compter sur l'arrivée d'un coach caractérisé par sa rigueur défensive. Aux côtés de Grégory Lorenzi, coordinateur sportif du club, le franco-arménien a pour ambition de trouver le juste équilibre permettant à l'effectif de mieux figurer la saison prochaine.

Suite au départ de Romain Perraud (remplacé par le latéral gauche Jere Uronen), l'une des révélations la saison passée, Der Zakarian ne disposera pas d'un groupe aussi compétitif que celui pratiqué au MHSC mais la détermination du natif de Jerewan est intacte. Récemment, il a d'ailleurs annoncé la couleur : «mon objectif, c’est d’emmerder toutes les équipes pour qu’elles aient du mal à gagner». Lyon, adversaire du SB29 le 7 août prochain, est prévenu.

Olivier Dall'Oglio - Montpellier :

Prenant la place de son successeur au Stade Brestois, Olivier Dall'Oglio s'apprête à écrire une nouvelle page de sa carrière d'entraîneur avec le MHSC. Intronisé fin juin, l'Alésien aura notamment l'objectif européen. Après des passages à Dijon (2012-2018), puis à Brest (2019-2021), deux candidats au maintien, le tacticien de 57 ans va profiter pour la première fois d'un effectif compétitif. Élu meilleur entraîneur de Ligue 2 en 2016, l'ancien homme fort de Dijon est surtout réputé pour sa philosophie de jeu portée vers l'avant. Adepte du jeu d'attaque, il pourra également s'appuyer sur une défense héraultaise souvent performante ces dernières saisons.

En proie à un contexte économique compliqué, Montpellier a tout de même du libérer un certain nombre de cadres (Hilton, Congré, Le Tallec pour ne citer qu'eux) afin d'alléger la masse salariale du club mais l'ancien technicien du SB29 pourra compter sur l'apport de nouveaux profils expérimentés (Sakho) et de nombreux jeunes. Fort d'une longue expérience de formateur et très bon pédagogue, il est fort à parier que Dall'Oglio fera ainsi la part belle aux jeunes, un aspect souvent reproché à Michel Der Zakarian. Entre le réservoir montpelliérain et le profil du natif d'Alès, la connexion semble intéressante. Premier gros rendez-vous, ce dimanche, face à l'OM pour confirmer un mariage qui s'annonce d'ores et déjà réussi.

Gérard Baticle - Angers SCO :

Successeur de Stéphane Moulin sur le banc du SCO, Gérard Baticle a une immense responsabilité. Son prédécesseur étant une institution à lui seul pour le club angevin mais également pour la Ligue 1. Après dix ans passés sur le banc d'Angers, Moulin était devenu le coach en poste depuis le plus longtemps en L1 et même dans les cinq grands championnats européens. Une relève à assumer, donc, pour l'ancien entraîneur-adjoint à Lyon depuis 2011. Arrivé au début de l'été, le nouveau tacticien du SCO tente de mettre sa philosophie de jeu en place. Réfutant l'idée d'une véritable révolution à en croire ses propos relayés par «L'Equipe» : « (je) n'invente rien. Mais on observe beaucoup, on échange et on met en place. On doit être capables de nuancer, évoluer, corriger », l'entraîneur âgé de 51 ans n'en reste pas moins ambitieux et espère bien permettre au club angevin de figurer plus haut dans le classement pour cette nouvelle saison (13e de Ligue 1 en 2020-2021).

Pour ce faire, le natif d'Amiens mise avant tout sur son management et un système tactique bien précis. Après avoir testé un schéma à 4 défenseurs en début de préparation estivale, Baticle semble désormais s'orienter vers une défense à trois avec l'apport de deux pistons dans les couloirs. Une organisation permettant à ses joueurs de mieux s'exprimer collectivement. Si la tendance pour le terrain est donnée, l'ancien joueur de l'AJ Auxerre impose également sa philosophie en dehors du rectangle vert : utilisation intensive de la vidéo, exploitation du drone pour analyser les phases de jeu arrêtés. Une nouvelle méthodologie qui n'exclut pas l'importance d'un management adapté à son groupe : « c'est simple. Il faut un cadre pour pouvoir s'exprimer, et sur le terrain, il y a des limites. Celui qui franchit les lignes, il s'exclut tout seul. » Règles posées, place au jeu.

Oscar Garcia - Stade de Reims :

De la Sagrada Família à la Cathédrale de Reims... Formé à la Masia en tant que joueur, Oscar Garcia est désormais le nouvel entraineur du Stade de Reims. Après diverses expériences du côté de Watford, Salzbourg (meilleure attaque et meilleure défense du championnat en 2016-2017) ou encore le Celta, l'entraineur espagnol âgé de 48 ans signe son retour en Ligue 1 après un bref passage à l'ASSE en 2017. Lui qui a également entraîné les équipes de jeunes du Barça à ses débuts se caractérise par un football très offensif.

Récemment, le coach rémois expliquait d'ailleurs l'influence de ses origines barcelonaises dans le jeu qu'il souhaite mettre en place à Reims : «forcément, mon parcours et notamment l'école barcelonaise m'ont influencés. Maintenant, l'objectif n'est bien sûr pas d'avoir une possession stérile mais que ce soit dans l'objectif de faire mal à l'adversaire, avec une volonté de toujours aller vers l'avant.» Une identité de jeu marquée pour espérer faire mieux que la 14ème place réalisée la saison dernière sous l'ère David Guion. Premiers éléments de réponse, ce dimanche, avec un déplacement chez les Aiglons.

La suite après cette publicité

Fil info

La suite après cette publicité