Impact Montréal : Thierry Henry sur le chemin de la rédemption

Par Dahbia Hattabi
6 min.
Thierry Henry lorsqu'il était sur le banc à Monaco @Maxppp

Le 14 novembre 2019, Thierry Henry reprenait du service sur un banc après une expérience très décevante à Monaco. Le champion du monde 1998 a filé de l'autre côté de l'Atlantique pour prendre les commandes de l'Impact Montréal. Pratiquement un an après son arrivée, où en est le coach français ?

Du rêve au cauchemar. Le 13 octobre 2018, Thierry Henry était nommé entraîneur de l'AS Monaco. Inexpérimenté, le champion du monde 1998, qui avait occupé un poste d'adjoint en sélection belge, voulait lancer sa carrière de coach dans le club où il avait fait ses premiers en pros en tant que joueur. Mais après une vingtaine de matches et une dix-neuvième place, l'ancien joueur d'Arsenal était remercié le 24 janvier 2019. Touché, mais pas coulé, Henry voulait reprendre du service. Et cette fois-ci, il ne voulait pas se tromper. Dix mois après son départ du Rocher, il signait donc pour deux ans, plus une année en option, à l'Impact Montréal en Major League Soccer.

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Une bonne image en MLS

Un nouveau défi bien différent de ce qu'il avait pu connaître à l'ASM où il était très attendu. A Montréal, Thierry Henry l'était aussi, mais la pression était cependant moins forte qu'en France. «Son parcours en tant qu'entraîneur a été suivi, notamment à Monaco où il a laissé une mauvaise image. Sportivement, les observateurs lui ont laissés le bénéfice du doute. Humainement, il était très décrié vis à vis de son comportement», nous explique Arnaud Salas, spécialiste de la Major League Soccer pour La MLS en Français. Bien qu'en échec à l'AS Monaco, le Français âgé de 43 ans arrivait en terrain connu et conquis au sein de la Major League Soccer où il a évolué en tant que joueur au sein des New York Red Bulls entre 2010 et 2014 (52 buts en 135 matches).

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«Malgré cette saison si particulière, on peut constater, comme prévu, qu’il a donné un très gros coup de projecteur médiatique à l’Impact Montréal. La preuve, dès que les médias parlent de la MLS, ils parlent soit de l’Inter Miami de Blaise Matuidi, soit de l’IMFC de Thierry Henry. Il a l’avantage de connaître la Ligue et ses codes même si un rôle de coach et de joueur est différent (...) En MLS, je pense qu’il a une bonne image. Il joue de son statut de grand buteur de New York Red Bulls. Mais un poste d’entraîneur est tout autre. S’il accède aux playoffs avec Montréal, les supporters vont grandement le remercier. S’il échoue, ils ne lui en tiendront peut-être pas rigueur vu la saison incroyable du club canadien qui n’a joué à domicile qu’un seul match au total en mars au Stade Saputo ! », commente Arnaud Salas.

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Un coach qui doit prouver

Dans une saison forcément particulière suite à la crise sanitaire mondiale liée au coronavirus, l'Impact Montréal, qui a passé un mois et demi à Orlando pour le tournoi de reprise de la MLS avant de s'installer aux Etats-Unis de façon permanente, pointe à la neuvième place de la Conférence Est avec 23 points au compteur. Il ne reste d'ailleurs qu'une rencontre à jouer le 8 novembre face à DC United avant d'éventuels playoffs. Au total, l'IMFC a joué 22 rencontres en championnat. Elle affiche un bilan de 7 victoires, 2 nuls et 13 défaites. Elle reste également sur trois revers de suite lors des trois derniers matches. Ce qui n'est pas fameux si on se fie uniquement aux chiffres.

«Il est difficile de ressortir un réel bilan sportif tant cette saison a été biaisée», nous confie le spécialiste de la MLS. «Mais, à un match de la fin de la saison régulière, son équipe est en bonne position pour de qualifier pour les playoffs. Tout va se jouer lors du dernier match (8 novembre). Donc on fera un réel bilan après... Enfin, entre la bulle à Orlando pour le tournoi cet été et le fait que les clubs canadiens jouent et sont basés à New York depuis la reprise, on pourra quand même féliciter Henry d’avoir fait retrouver les playoffs à Montréal après 4 saisons d’absence, en cas de qualification.» Mais il reste encore une étape à franchir pour l'IMFC où Henry tente de poser sa patte. «Son équipe joue de manière assez offensive, mais avec les moyens du bord. Il joue avec 2 attaquants et une défense à 3 ou 5 mais il a quand même tendance à pas mal bricoler notamment à cause des nombreuses blessures et suspensions dont souffre son équipe chaque semaine !»

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Henry n'a pas totalement changé

Au-delà du sportif, le comportement de Thierry Henry, qui n'avait pas toujours été apprécié à Monaco par certains joueurs, était aussi suivi de près par les observateurs. Dans un contexte compliqué, le technicien français, qui est venu se relancer et prouver qu'il pouvait réussir sur un banc, paraît usé selon divers médias canadiens. Son attitude est celle d'une personne sur la défensive voir défaitiste. C'est aussi celle d'un homme qui n'hésite pas à pointer du doigt ses joueurs. Récemment, il a enchaîné les tacles à destination de ses joueurs. Après la défaite contre Nashville le 27 octobre (1-0), il avait confié : «on ne tire pas, on ne centre pas. Il y a une balle dans la surface, ils ne tirent pas. L’autre équipe tire de partout. Forcément, il va y avoir un peu plus de frappes. Nous, on ne tire pas. On ne centre pas. On ne cadre pas. On a encore regardé des vidéos ce matin. Et hier. Et avant-hier. Et la journée d’avant… Et ils regardent encore le ballon, mais ils ne regardent pas les autres courir». Il en a remis une couche après la défaite face à Orlando dimanche (1-0), lui qui semble parfois agacé sur le banc de touche et qui envoie des piques à ses joueurs.

Pourtant, Arnaud Salas estime que Thierry Henry, qui avait avoué s'être remis en question après son passage raté à l'ASM, a évolué. «J’ai l’impression qu’il a appris de ses erreurs mais rien ne lui empêche de tacler ou pointer du doigts certains joueurs fautifs si besoin comme lorsque son attaquant marque en début de match et se fait bêtement exclure dans la foulée...Il est capable de toujours envoyer quelques pics à ses joueurs si besoin. Mais à mon sens, il s’est beaucoup calmé». De quoi faire de lui un futur grand coach ? «Je ne pense pas honnêtement. En tout cas, rien ne montre qu’il pourrait. Je l’attends vraiment sur une saison "normale" pour voir comment son équipe jouera. Mais il peut faire une petite carrière tranquille, sans forcément être dans des gros clubs». L'avenir nous le dira ! Et rien ne dit d'ailleurs que l'avenir à court terme se passe à Montréal pour Thierry Henry, que certains médias canadiens voient s'en aller à l'issue de la saison. Le rêve américain n'est pas de tout repos pour le Français !

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