Né en Amérique Latine dans les années 80, le Cécifoot demeure un sport encore méconnu dans l'Hexagone. Pratiquée par environ 300 licenciés, cette discipline dérivée du football s'adresse aux joueurs malvoyants ou non-voyants. Une véritable passion qui a énormément apporté à Julie Lejallé, joueuse au Don Bosco Cécifoot de Nantes. Gros plan sur une jeune femme impliquée.

Rencontrer l'amour sur un terrain de football, c'est ce qu'a vécu Julie Lejallé. Des terrains de football pas vraiment comme les autres puisque ce sont des terrains de Cécifoot. Le Cécifoot ? Une discipline handisport dérivée du football et destinée à des joueurs déficients visuels comme Julie Lejallé. Malvoyante, la jeune femme âgée de 29 ans nous en dit plus sur ce sport qu'elle pratique depuis 2012. «C'est comme le foot en salle. On joue à cinq contre cinq, seul le gardien est voyant. Les quatre autres joueurs sont non-voyants. On joue sur un terrain qui est de la taille d'un terrain de handball. On joue avec de patchs sur les yeux et un bandeau pour que tout le monde soit sur le même pied d'égalité. Chaque mi-temps dure entre 20 et 25 minutes, ce qui donne des matches de 40 et 50 minutes». En effet, les aveugles jouent 50 minutes et les malvoyants, ceux dont l'acuité visuelle est comprise entre 0,5 et 1/10ème, jouent 40 minutes (les championnats sont différents pour les deux catégories, Ndlr). Pour mieux aider les footballeurs, le ballon est sonore, un guide voyant est placé derrière les cages et les joueurs ont l'obligation de dire "voy", traduisez "je vais", afin de signaler la présence de chacun sur le terrain. Mais pour vous faire une idée sur le sujet, Julie Lejallé elle a la solution. «J'invite les gens à venir découvrir le Cécifoot. C'est un sport vraiment très impressionnant. Souvent, on se demande comment on fait».
Seule femme de son équipe
Passionnée de ballon rond depuis son plus jeune âge, Julie Lejallé a découvert cette discipline handisport un peu par hasard. «J'adore le foot depuis que je suis toute petite. Je suivais souvent l'Équipe de France à la télévision. J'ai découvert le Cécifoot par le biais d'une amie avec qui je discutais beaucoup. Ça s'est fait par bouche à oreille. Comme je cherchais un sport collectif adapté à mon handicap visuel, c'est le seul sport que j'ai trouvé. Étant donné que le football me plaisait, je me suis lancée là-dedans quand j'ai su qu'ils lançaient une équipe d'aveugles». Depuis trois ans, elle défend donc les couleurs du Don Bosco Cécifoot de Nantes. Un club où elle est épanouie: «Je me sens bien à Nantes. Il y a une très bonne ambiance. Je joue avec la catégorie des aveugles. Je suis la seule femme de mon équipe». Ce qui n'empêche pas cette joueuse qui évolue en défense d'avoir sa place au sein d'une équipe masculine. «Je ne vois pas de différences quand je suis sur le terrain. Que ce soit un homme ou une femme, je joue de la même façon. Il y a beaucoup de contacts en Cécifoot. Étant donné que j'ai pratiqué d'autres sports comme le judo, ça m'a pas mal aidé. Comme il y a pas mal de chutes en raison de contacts on appréhende moins. Les autres joueurs disent que je suis celle qui entend le mieux le ballon. C'est un avantage dans un sport comme le Cécifoot».
Un sport qui lui a tout apporté
Seule femme de son équipe, Julie Lejallé ne fait pas figure d'exception dans le milieu du Cécifoot. «Il y a pas mal de femmes qui jouent au Cécifoot. Je sais que dans d'autres équipes de non-voyants il y en a aussi. En catégorie malvoyants, il existe également une équipe 100% féminine à Marseille». Nantes peut-il en faire autant ? «C'est possible. Je l'espère». Nul ne doute que Julie Lejallé ferait partie d'un tel projet elle à qui le Cécifoot a tant apporté. Une deuxième famille avec le Don Bosco Cécifoot de Nantes. L'amour aussi avec Steve Rabajotil, joueur dans le même club. «On s'est rencontré grâce au Cécifoot. Ça s'est fait au fur et à mesure. On discutait dans le véhicule ou le soir lors des repas de gala. À force de discuter, on s'est mis ensemble». S'ils n'évoluent pas dans la même catégorie, chacun suit la carrière de l'autre. «On ne joue pas dans la même équipe. Je joue dans la catégorie des aveugles, lui avec les malvoyants. L'inconvénient est que nos matches sont souvent en même temps. Il est difficile de se suivre. Mais il me donne des conseils. J'en fais de même». La Nantaise a un peu plus le temps de le suivre cette saison elle qui vient de donner naissance à un petit garçon né le 4 mars 2015. Mais la jeune maman espère bien faire son retour prochainement sur les terrains. «Je ne compte pas reprendre la compétition tout de suite comme je viens d'accoucher. Néanmoins, je pense rejouer en loisirs dans un premier temps. Je verrai en fonction de mes capacités si je peux reprendre la compétition ou non». En attendant, la joueuse pouponne et suit toujours de près son conjoint et le Don Bosco Cécifoot de Nantes. Bien plus qu'un club finalement pour Julie Lejallé...