Entre Konami et EA Sports, la bataille fait rage depuis près de 20 ans dans le domaine des jeux vidéo de football. Mais depuis quelques années, la firme américaine a pris largement le dessus sur son concurrent japonais. Un sentiment renforcé par l’incroyable pouvoir de séduction de la licence FIFA auprès de la plupart des grands joueurs de la planète football.

« Je ne prends que le Real Madrid, ce sont les plus puissants du jeu. FIFA se rapproche de plus en plus de la réalité. Je retrouve les gestes que je fais sur le terrain. En plus, j’ai la chance de me retrouver dans le jeu et je ne me trouve pas trop mal ! » Voilà ce que déclarait Karim Benzema en décembre dernier au Parisien Magazine au sujet de son double virtuel. La star offensive du Real Madrid, grand fan du jeu vidéo est un privilégié. Ambassadeur de la marque EA Sports pour FIFA13, Benzema est payé pour s’afficher sur le jeu et… pour y jouer.
Son cas n’est pas isolé et beaucoup de grands noms du football européen vendent leur image aux deux mastodontes du marché, à savoir EA Sports (qui exploite la licence FIFA depuis 1993) et Konami (qui exploite la licence ISS puis PES depuis 1995). Il n’est pas étonnant de voir Lionel Messi (FIFA) et Cristiano Ronaldo (PES) devenir les emblèmes de ces deux blockbusters des jeux vidéo. D’ailleurs, le quadruple Ballon d’Or argentin avait surpris son monde en étant « transféré » du japonais Konami chez l’américain EA Sport en 2012. Un juteux contrat, comportant l’apparition sur la pochette du jeu, des spots publicitaires TV et web, qui rapporterait au prodige argentin près de 3 M€ par an. Ce contrat serait sensiblement le même du côté de CR7.
Interrogé par l’Équipe, Hugues Ouvrard, le directeur marketing Europe d’EA a expliqué les raisons du montant colossal investi par EA pour s’attacher l’icône Messi. « C’est un effort important, mais logique. Quand vous êtes le meilleur jeu (il s’est vendu 12,4 millions d’exemplaires de FIFA 12 dans le monde contre 3,4 de PES 2012), il vous faut le meilleur joueur. On n’a pas fait de surenchère avec notre concurrent. Avec Messi, on s’est mis d’accord pour que des sommes importantes soient versées à sa fondation. » Avec un chiffre d’affaires global de près de 770 M€ avec une marge net de près de 30 % par exemplaire vendu, l’avenir s’annonce rose pour la firme américaine qui ne craint plus vraiment la concurrence de Konami. « La rivalité ? Elle n’existe plus. On vend neuf exemplaires de FIFA pour un PES en France et dans le monde. Mais c’est bien d’avoir un concurrent, ça nous pousse à améliorer notre produit », a expliqué Ouvrard. De son côté, Konami attend beaucoup de la nouvelle génération de consoles pour faire son retard sur son ennemi historique.
Faute de joueurs d'envergure, Konami change de stratégie de communication
Et forcément, la toute-puissance de FIFA et son immense pouvoir de séduction auprès des joueurs ont fait de Konami une proie idéale. Rien d’étonnant donc à voir la marque japonaise changer son fusil d’épaule au niveau de sa communication comme l’explique Stéphanie Hattenberger, la directrice marketing et communication de Konami France. « Avec Henry, Drogba, les choses se faisaient très simplement. On avait aussi de nombreux joueurs du Championnat de France pour des opérations plus locales. Récemment on a opté pour d’autres formes de communication, comme avec le groupe de Sexion d’Assaut. »
Une nouvelle stratégie qui s’explique en grande partie par la préférence des joueurs de L1 envers FIFA. Des joueurs qui toucheraient des revenus modestes (entre 10 et 15 000 € par an selon l’Equipe) pour être associés à des tournois locaux d’un jeu qu’ils pratiquent quasi quotidiennement lors des mises au vert ou lors de leur temps libre. Douchez, Gameiro, Armand, Hoarau, Roux, Mavuba notamment avaient d’ailleurs participé à la soirée VIP à l’Olympia organisée par EA Sport lors du lancement de FIFA 12 à l’automne dernier. Avec le nouvel opus en préparation (dont nous avons diffusé les premières images le 17 avril), nul doute que l’engouement risque d’être encore supérieur pour la licence de la marque américaine. D’ici là, de nouveaux joueurs pourraient rejoindre la galaxie FIFA, histoire de joindre l’utile à l’agréable.