Premier League

Pourquoi Arsène Wenger est devenu une légende à Arsenal

Ce samedi, face à Chelsea, Arsène Wenger dirigera son 1000e match à la tête d’Arsenal. Une rareté pour un coach, qui pousse nécessairement au flashback : retour sur plus de 18 ans de bons et loyaux services, ainsi que les hauts et bas qui accompagnent la légende. Parce que oui, Wenger est une légende.

Par Alexandre Pauwels
4 min.
Arsenal FC Arsène Wenger @Maxppp
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« Arsène Who ? » La rétrospective des 18 ans de carrière d’Arsène Wenger à Arsenal commence par une interrogation. Celle du London Evening Standard le jour de la nomination du coach français, en octobre 1996. Une interrogation alors logique, du fait de la réputation discrète du technicien, ancien joueur honnête aux expériences méconnues du Royaume-Uni, lui qui avait fréquenté les bancs de Nancy et Monaco et débarquait du club japonais de Nagoya. Mais aujourd’hui, la question posée à l’époque peut faire sourire. Car Wenger est devenu entre-temps une légende du club londonien, et la simple évocation de son patronyme renvoie aux Gunners.

Le « médecin Wenger » au chevet du « Boring Arsenal »

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En 1996, Wenger est donc accueilli avec méfiance. Médias, observateurs et joueurs ne le connaissent pas. « Mes premières impressions ? Il ressemblait plus à un médecin qu’à un manager », témoigne ainsi auprès du Guardian John Hartson, ancien joueur qui a connu l’arrivée de Wenger à Arsenal. La métaphore tient du physique, mais pas seulement. « Il a complètement changé la façon dont nous pensions. La culture à Arsenal avait toujours été que nous ne pouvions pas attendre après le match pour revenir dans le vestiaire, nous changer et aller au pub. Avec Arsène, vous étiez plus susceptibles de vous retrouver en cercle autour de lui en train de faire des étirements. Demandez aux Lee Dixon, Steve Bould ou Ian Wright, ils vous diront tous qu’Arsène leur a donné deux ou trois ans de carrière supplémentaires. » Wenger s’est d’abord attelé à changer les mentalités.

Dans une fin de décennie 90 où la boisson est encore très présente en Premier League, le Français instaure la diététique. Sur la pelouse, il transforme le « Boring Arsenal » en équipe joueuse. Les joueurs adhèrent, les succès suivent. Et trouvent leur continuité dans la politique de recrutement instaurée, basée sur la jeunesse plutôt que les stars confirmées. C’est ainsi que de sa prise de pouvoir à la saison 2004/2005, les trophées pleuvent. Trois titres de champion – le dernier en 2004 faisant référence aux fameux « Invincibles » –, quatre Coupes, le succès est total. « À l’époque, voir un entraîneur étranger gagner la Premier était quelque chose de totalement inconnu. Il y avait ce préjugé qu’aucun étranger ne pourrait remporter le championnat anglais » assurait Wenger au sujet de ses premiers succès. Il ne s’y trompe pas : plus que d’avoir révolutionné son propre club, le manager a, au même titre qu’un Ferguson, changé la face de la Premier League. Outre sa victoire sur les préjugés, Wenger a introduit une méthode managériale qui a fait des émules. Interrogé par le Daily Mail, Patrick Vieira, l'un de ses hommes forts durant 10 ans explique l'une des facettes de sa personnalité, la force de persuasion. « Il m'est arrivé plusieurs fois d'aller dans son bureau, très énervé, pour avoir une discussion avec lui. J'étais sûr avant d'entrer dans son bureau que j'avais raison. Mais à chaque fois, après une discussion calme et posée, je ressortais du bureau en me disant finalement que j'avais tort et qu'il avait raison. Il était très bon pour convaincre ses joueurs. »

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L’absence de titre mais la satisfaction

Mais à une première décennie marquée par les succès, Wenger a été confronté à une seconde plus compliquée. De fait, son Arsenal, bien qu’il accroche la Ligue des Champions depuis 16 ans, n’a plus rien gagné depuis cette FA Cup en 2005. Le signe que sa méthode s’essouffle ? Sous certains aspects, peut-être bien. Là où les observateurs l'ont souvent critiqué pour son choix d’aligner nombre de joueurs étrangers, les fans, eux, lui reprochent surtout sa frilosité historique sur le marché des transferts, frilosité tout juste brisée avec le recrutement d’un Mesut Özil. Entre philosophie de jeu, de recrutement, et désir de construire un club sain économiquement parlant, Wenger est toujours resté fidèle à ses préceptes, et ce malgré une évolution du monde du ballon rond, passé à un modèle business au cours de son mandat. Ce qui lui permet aujourd’hui, avant sa 1000e sur le banc des Gunners (579 victoires pour 223 nuls et 197 défaites), d’éprouver une certaine satisfaction quant à son parcours à Londres.

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« Je suis sûr qu'un jour, quand je me retournerai, je serai fier. Surtout de mes premières années car la 2e période a été plus compliquée, sans trophée. J'ai initié un changement compliqué. J'ai accepté de rester en sachant qu'on avait seulement une petite chance d'être champion. C'est un grand honneur d'être là depuis aussi longtemps et personne ne pouvait imaginer cela. Dans ce métier, on ne voit pas plus loin que le prochain match mais parfois, petit à petit, on parvient au 1000e » assurait l’intéressé cette semaine en conférence de presse. En fin de bail en juin prochain, Wenger n’a pas pris de décision quant à la suite. À 64 ans, le technicien voit en tout cas la fin approcher. Au moment de « se retourner », il pourra toujours être convaincu d’une chose : où qu'il aille, personne ne se demandera plus qui il est.

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