José Delfim raconte son incroyable calvaire à l’OM

Par Alexis Pereira
5 min.
José Delfim sous le maillot de l'OM en 2006 @Maxppp

Dans un entretien poignant diffusé au Portugal, José Delfim est revenu sur ses années marseillaises. Un passage tourmenté par des pressions en tous genres et des blessures tenaces.

Il y a un peu plus de vingt ans, l'Olympique de Marseille recrutait José Delfim, milieu international portugais (1 sélection), révélé au Sporting CP. Le début de la fin des ambitions pour le natif d'Amarante, âgé de 24 ans à l'époque. Tout avait d'ailleurs plutôt mal commencé comme il l'a raconté avec son agent de l'époque dans un reportage diffusé au Portugal par TVI. Alors que tout était rapidement bouclé en juillet, pour 5 millions de dollars, des personnes proches du club phocéen invitent son représentant à partager sa commission, ce qu'il refuse de faire. Les ennuis commencent pour son poulain.

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«Nous avons été enfermés pendant 8 ou 9 semaines dans un hôtel. On me disait que l'on venait me chercher pour l'entraînement, qu'on me ramènerait. On me disait d'appeler si j'avais besoin de courses, de quelque chose pour mon enfant de 14 mois, mais on me demandait de ne surtout pas sortir et prendre la voiture. Je ne pouvais pas sortir, ouvrir de compte en banque, louer une maison. Je me demandais ce qui se passait», a raconté l'ancien joueur, qui verra finalement son contrat homologué à la Ligue de Football Professionnel le 22 août 2001, alors que la saison a déjà démarré.

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Pressions d'entrée, blessures ouvertes

On a connu meilleure adaptation. Après une première saison compliquée donc (20 apparitions toutes compétitions confondues), le Lusitanien se blessait au dos pendant un déplacement. Il serrait les dents pour entrer dans le dernier quart d'heure de la première journée de Ligue 1, contre Nantes (0-2), le 3 août 2002. La blessure s'aggravait et il ne foulerait plus les pelouses en compétition officielle jusqu'en février 2005. Entre temps, un calvaire. Touché au dos, il consultait l'ostéopathe du club, mais le problème empirait. «Je pleurais sans contrôler. J'ai vécu un calvaire brutal à partir de là, je n’arrivais pas à marcher. J'ai passé presque deux ans comme ça», a-t-il raconté, les larmes aux yeux.

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S'en suivaient trois opérations chirurgicales, qui ne réglaient pas du tout le problème. Au contraire. Il subissait des pressions quand il souhaitait un autre avis médical. Et pire, il apprenait qu'il avait été l'objet d'une déclaration frauduleuse d'accident de travail à la Sécurité Sociale. «Je ne me suis pas entraîné depuis le 7 août 2002. comment Marseille peut faire une déclaration datée du 24 octobre 2002, expliquant que j’étais à l’entraînement, à La Commanderie, avec des témoins cités ?», s'est-il demandé. Mais l'intéressé était loin d'être au bout de ses - mauvaises - surprises.

Proposition indécente

Il raconte qu'après onze mois de souffrances, le président de l'époque Christophe Bouchet lui a proposé de mettre un terme à sa carrière, pour percevoir une police d'assurance d'un montant de 5 M€, que le club et lui se partageraient, mais aussi un poste au sein de l'organigramme du club. «Je lui ai répondu : "je veux du respect". Si je signe ça, je ne me pourrais plus regarder mon père dans les yeux. Il me proposait de commettre un crime. Il me proposait d’arrêter ma carrière. Je lui ai dit : "je veux rejouer, je vais rejouer"», s'est-il souvenu, se créant de nouveaux soucis. «Après cette réunion avec le président Bouchet, ils ont arrêté de me payer pendant seize mois. Ils n'ont pas réussi à me faire signer l'histoire de l'assurance pour que je quitte définitivement le club».

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Opéré en juillet 2003 de la colonne vertébrale, il suivait une rééducation à ses frais pendant plusieurs mois avec un ostéopathe au Portugal. Sans recevoir aucune nouvelle de l'OM, il revenait sur les terrains en 2004. À la reprise, il était présent puis prêté quelques mois plus tard à Moreirense pour reprendre le rythme. De retour à l'été 2005, il foulait à nouveau la pelouse de l'Orange Vélodrome. Mais, là encore, les ennuis s'en mêlaient. «Sa voiture est volée, à son domicile. Une semaine plus tard, je l'ai retrouvée devant l'école de mes enfants, avec des papiers à l'intérieur qui expliquaient ce qui s'était passé», explique-t-il.

Le combat continue

Il avoue même s'être, à l'époque, entretenu avec le directeur de la Police Judiciaire de Marseille pour savoir s'il devait ou non mettre sa famille à l'abri au Portugal face à ces menaces et pressions. Il quittait finalement l'OM à l'été 2006, à l'issue de son contrat, après avoir fait partie de la campagne victorieuse en Intertoto en 2005 notamment et marqué un but en Coupe de l'UEFA contre le Dinamo Bucarest. «C'est le seul but que j’ai marqué avec l’OM et j'ai ressenti un sentiment de joie et partage intense avec mes partenaires qui étaient vraiment contents pour moi parce qu'ils savaient ce que j'avais traversé pendant toutes ces années», s'est-il remémoré.

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Il réclame depuis plusieurs mois réparation au club (4 M€ de dommages), désirant que l'institution assume ses responsabilités dans ses déboires. «Ma marge de progression est morte, la magie que j’avais pour le football international a disparu à partir du moment où j’ai signé pour un projet qui, pour moi, n'a jamais existé», résume-t-il, désolé. Débouté en 2019, il a fait appel et espère être entendu. «On me fait passer pour une personne conflictuelle, qui ne pense qu’à l’argent. (...) J’ai ressenti de la rage, de la révolte, de l’indignation, du mépris, de l’incompréhension...», a-t-il regretté, disposé à aller jusqu'au bout. «Je suis prêt à porter le cas devant la FIFA, pour démontrer ce qui a été mal fait pendant toutes ces années. Que la FIFA mette les mains là-dedans», a-t-il avancé.

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