Atlético de Madrid : Diego Simeone est-il le principal coupable ?

Par Max Franco Sanchez
5 min.
Diego Simeone sur le banc de touche @Maxppp

L'entraîneur argentin essuie de nombreuses critiques depuis hier. Mais est-il vraiment le responsable de ce nouvel échec madrilène ?

C'est forcément vers l'entraîneur que tous les doigts sont pointés lorsqu'une équipe échoue. Et surtout, quand c'est un coach aussi charismatique, clivant et parfois polémique comme Diego Simeone. Depuis plusieurs années déjà, la figure de l'Argentin est régulièrement contestée. Beaucoup lui reprochent son football qui serait trop défensif, alors qu'il aurait la matière première pour faire bien mieux avec les effectifs qui se sont succédés. Son obstination à ne pas vraiment changer de philosophie de jeu en agace beaucoup aussi. Ce qui est d'ailleurs assez marquant avec le Cholo, c'est que les critiques viennent surtout de l'extérieur, plutôt que des supporters rojiblancos. Du moins, jusqu'à cette saison, où on commence à voir quelques remarques émaner de la fanbase colchonera, mais qui restent encore bien timides par rapport à ce qu'on peut entendre ailleurs.

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Bien sûr, l'ancien milieu de terrain argentin a sa part de responsabilité. C'est indéniable. Son équipe semble décousue, bien trop fragile derrière et souvent inoffensive lorsqu'elle a le ballon. Des lacunes des deux côtés du terrain qui relèvent forcément de problèmes pas seulement individuels mais aussi tactiques. D'autant plus qu'on les voit depuis la saison dernière, après une saison 2020/2021 où l'Argentin avait introduit quelques changements, troquant son 4-4-2 historique pour un 3-5-2 dont l'efficacité s'est vite envolée. Autre problème flagrant : sa difficulté à réagir en cours de match, avec des changements qui n'apportent généralement rarement un nouvel élan à l'équipe. Est-ce que tout est à jeter pour autant ? Clairement pas. D'autant plus que les dernières contre-performances de l'Atlético sont marquées par une touche de malchance que personne ne peut contrôler. Il y a notamment ce triple-raté spectaculaire sur ce penalty face au Bayer Leverkusen lors de la cinquième journée, et ce but concédé dans les tous derniers instants de la partie face à Cadiz ce week-end en Liga. Face à Bruges lors de la quatrième journée, les Madrilènes avaient clairement dominé mais avaient été maladroits devant le but, devant se contenter du 0-0 final. Si on enlève ce match à Porto de mercredi soir, il n'y a pas de rencontre où les troupes de Simeone ont été ridicules ou vraiment à la rue.

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Un effectif peu adapté ?

D'ailleurs, on n'ira pas jusqu'à dire que l'Atlético est une équipe résolument offensive, mais l'étiquette d'équipe enfermée derrière et jouant "le bus" est parfois un peu injuste. Cette saison par exemple, c'est la septième équipe qui tire le plus en direction des cages adverses. C'est peut-être insuffisant au vu de la qualité de l'effectif, mais ce n'est pas une stat digne d'une équipe qui verrouille et n'attaque pas. C'est également la troisième meilleure attaque du championnat derrière les deux ogres, en plus d'être troisième au classement, sa place théorique. Il faut aussi prendre en compte le fait qu'au sein de l'effectif, il y a bon nombre de joueurs qui ne semblent pas à leur place, avec deux principaux problèmes : un déficit de niveau et/ou un souci de compatibilité avec ce que veut Simeone. Si beaucoup d'observateurs estiment que l'Atlético n'a jamais eu un effectif aussi fort - et c'est assez légitime de le penser - est-il vraiment adapté à ce qu'exige l'Argentin à son équipe ? Clairement, cet effectif a beau être talentueux, il semble manquer de caractère et de force mentale, et est aussi moins enclin à faire certains efforts, là où des Godin, Miranda, Gabi, Tiago ou Filipe Luis étaient des Simeone bis sur le terrain.

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On le voit avec un joueur comme Rodrigo de Paul, qui a du mal à trouver ses marques. Certains évoquent aussi le cas João Félix, même si pour le coup, le Portugais a eu de très bonnes séquences sous les ordres de l'ancien de la Lazio. Plus que l'attaque, où des joueurs comme Griezmann et Angel Correa restent aussi performants, c'est surtout le secteur défensif qui semble prioritaire. Si on met de côté Reinildo, le niveau des défenseurs est catastrophique, n'ayons pas peur des mots. Des joueurs comme José Maria Giménez ou Stefan Savic sont bien loin de leur meilleur niveau, et Felipe Monteiro ou Mario Hermoso sont très irréguliers, capables du meilleur comme du pire. Dans ce contexte, difficile de créer une assise défensive forte, ce qui avait pourtant fait la force de l'Atlético pendant toutes ces années. Bien sûr, encore une fois, les torts sont partagés, mais on peut dire que Simeone n'est pas vraiment aidé par son arrière-garde.

L'Atlético ne le licenciera jamais

Une chose est sûre en revanche, Enrique Cerezo et Miguel Angel Gil Marin, le président et le DG du club, ne le mettront jamais à la porte. Et pour cause, si on met de côté les considérations symboliques et purement sportives, Diego Simeone est un bouclier. Tant que l'Argentin est sur le banc, c'est lui qui est la cible des critiques, et les bonnes prestations de l'équipe ont souvent masqué les nombreux soucis institutionnels et financiers que traverse le club. Parmi eux, on retrouve déjà l'appropriation du club de façon plus ou moins suspecte par la famille Gil Marin, les nombreux changements réalisés autour de symboles du club (le Vicente Calderon, le changement de logo etc) et bien d'autres choses qui ont créé bien de la colère chez les Colchoneros. Simeone est l'arbre qui cache la forêt, lui qui est arrivé quand le club était dans un état très compliqué, et est le principal artisan de cette installation au premier plan, sur la scène nationale et européenne. Rarement un club aussi mal géré aura, dans le même temps, obtenu de si bons résultats sportifs. Et c'est probablement pour ça que les fans de l'Atlético, conscients de ce qui se passe en coulisses, s'accrochent à l'Argentin.

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Clairement, ils craignent qu'en cas de départ, l'Atlético retrouve son statut et ses déboires d'avant. Les plus jeunes considèrent peut-être que se qualifier en Ligue des Champions tous les ans est la norme, mais les plus anciens savent que c'est presque un miracle permanent. Certes, l'Atlético de Madrid a beaucoup sorti le chéquier ces derniers temps. Mais il a aussi perdu beaucoup d'éléments majeurs, à l'image d'Antoine Griezmann, bien qu'il soit revenu depuis, de Lucas Hernandez, de Kieran Trippier ou de Rodri, pour n'en citer que quelques-uns. Vous l'aurez compris, Diego Simeone a évidemment sa part de responsabilité dans ce nouvel échec de l'Atleti. Mais il serait bien trop réducteur, et même injuste, de faire de lui le seul ou le principal coupable de cette élimination...

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