Isi Palazón, le divin chauve du Rayo Vallecano qui régale l’Espagne

Par Max Franco Sanchez
6 min.
Isi Palazón lors d'un match du Rayo @Maxppp

L’ailier droit espiègle du Rayo Vallecano est une des sensations du moment en Liga. Pourtant, il en a bavé pour arriver là…

S’il y a un métier où il convient de dissocier le talent du physique d’un joueur, c’est bien le foot. Les exemples sont légion, à commencer par des joueurs comme Lionel Messi ou Diego Armando Maradona, qui n’avaient pas forcément la gueule de l’emploi comme on dit. Cependant, on sait qu’un look répondant à certains critères liés à la mode ou aux tendances peut aider à booster une carrière, tout comme il peut bien aider pour débloquer certains contrats publicitaires par exemple et donc, indirectement permettre de grappiller des transferts dans de sacrés clubs. Un joueur comme David Beckham le sait bien. En Espagne, il y a un joueur qui fait beaucoup parler de lui et qui est aux antipodes de l’ancien Spice Boy. Physiquement et médiatiquement du moins, parce que sur le terrain, il en est bien plus proche. Ce joueur, c’est Isaac Palazón, tout simplement connu sous le nom d’Isi. Clairement, un joueur qui ressemble à monsieur tout le monde. Mais au niveau du talent, il n’y en a pas beaucoup comme lui…

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Pour beaucoup d’observateurs, il est clairement l’un des joueurs de la saison en Liga, à tel point que certaines voix s’élevaient pour le voir au Mondial avec l’Espagne. Si Luis Enrique a préféré miser sur des joueurs qu’il connaissait déjà, Isi n’aurait pas vraiment fait tâche dans la liste. Son parcours ne devait pourtant, a priori, pas l’emmener au plus haut niveau du football espagnol. Même s’il est vrai qu’il était passé par les équipes de jeunes du Real Madrid et de Villarreal lorsqu’il était gamin, étant mis à la porte dans les deux cas par ailleurs, c’est dans les divisions amateur qu’il a fait ses premiers pas de footeux adulte. Avec Cieza, le club de son village. Pour vivre, il ramassait des fruits et des légumes dans les champs de la région, avec ce rêve de devenir pro toujours présent dans un coin de sa tête. Une belle opportunité se présente lorsqu’il tape dans l’oeil du Murcia Imperial, toujours dans les divisions régionales, mais équipe filiale du Real Murcia, le gros club de la ville et de la région, alors en troisième division. Il impressionne très vite et du haut de ses 20 ans, il a l’opportunité de rejoindre l’équipe première. Il débute donc dans cette division semi-professionnelle plutôt hétérogène, où l’on retrouve d’anciennes gloires du foot espagnol qui fonctionnent comme de véritables clubs professionnels, tout comme on retrouve des clubs de quartier ou de village sans le sou et évoluant dans des conditions d’amateurisme totales.

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Du ramassage de fruits pour survivre… à la Liga

Là aussi, ça se passe bien, et ses bonnes prestations lui valent d’être repéré en 2017 par la Ponferradina, club relativement important du nord-ouest de l’Espagne qui a l’habitude de faire l’ascenseur entre la deuxième et la troisième division, et qui venait de descendre en D3. Le déclic pour un Isi, lancé dans le grand bain. Les Bercianos découvrent un énorme travailleur, mais surtout, un joueur avec un gant au niveau des pieds. Un centre de gravité relativement bas et une conduite de balle qui nous rappellent un certain Andrés Iniesta, toutes proportions gardées bien sûr, mais dans un style différent, généralement aligné sur le côté droit, et plus dans l’élimination et la percussion que la légende de la Roja. Deux ans plus tard, la Ponfe obtient la montée en deuxième division, et Isi découvre enfin le monde pro, à 25 ans. Une marche trop haute ? Clairement pas. Le Murcien se régale, et quelques mois après la montée, il débarque au Rayo Vallecano, qu’on ne présente pas, alors en deuxième division. Les premiers mois sont un peu plus compliqués, mais très vite, il s’adapte et la saison suivante - 2020/2021 - sera exceptionnelle. Pour lui, titulaire indiscutable avec le club de la capitale, tout comme pour le Rayo, qui signe son retour en Liga au terme de l’exercice.

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Isi découvre donc l’élite du football espagnol la saison dernière, et là aussi, aucun souci pour lui. Très vite, il s’affirme comme un joueur largement à la hauteur et brille. Forcément, c’est moins simple qu’en deuxième division, mais dès les premiers matchs de l’écurie d’Andoni Iraola en Liga, les fans découvrent un joueur avec un toucher de balle exceptionnel et surtout, une sacrée frappe de balle, aussi utile lorsqu’il faut expédier un missile depuis l’extérieur de la surface que pour tirer les coups de pied arrêtés. Il termine l’exercice avec 2 buts et 4 passes décisives au compteur, et son équipe termine par se sauver facilement. Et cette saison, il a encore franchi un palier. En 16 rencontres, il a déjà inscrit 5 réalisations et délivré 3 assists ! Mais plus que la ligne de stats améliorée, c’est au niveau des sensations qu’il surprend tout le monde. On voit un joueur qui marche sur l’eau et qui affiche une qualité technique largement supérieure à celle de ses partenaires et adversaires. Déconcertante même. Le tout, avec des prestations remarquées face à des gros morceaux du championnat comme le Real Madrid et l’Athletic.

Un joueur du peuple

Nul doute que lorsqu’il regarde dans le rétro, Isi doit avoir un sacré vertige. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard s’il est tatoué la montée en Liga de 2021, ou certains buts inscrits en troisième division, là où les joueurs ont plutôt l’habitude de se tatouer des Coupes du Mondes ou des Ligues des Champions. « Je me suis demandé si j’étais fait pour ce sport », racontait-il récemment dans un entretien accordé à AS, mais il n’en reste pas moins ambitieux, comme expliqué à nos collègues de Fichajes : « les rêves me font vivre, et je suis rêveur. J’ai une certaine personnalité, et j’essaye de me fixer des défis difficiles ».

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S’il s’est fait une place aux côtés des Antoine Griezmann, des Vinicius Jr et des Robert Lewandowski, Isi reste un joueur discret, et plutôt humble. Dans toutes ses interviews, il souligne que son parcours n’a rien d’héroïque. « Travailler dans l’agriculture, ça m’a fait voir ce qu’est réellement la vie. Je rentrais chez moi et j’avais mal partout, j’avais le dos explosé, et j’allais m’entraîner ensuite. Mais les autres travaillaient aussi, et ça m’a aidé à avoir la dalle quand j’ai eu l’opportunité d’aller à Murcia », expliquait-il par exemple à El Pais, lui qui touchait un salaire inférieur à 400€ mensuels à cette époque. Un homme qui sait d’où il vient comme on dit. La star du Rayo n’hésite d’ailleurs pas à multiplier les jolis gestes avec les supporters de son club, et est très proche d’eux. Il s’était même récemment présenté lors d’un repas de lancement d’un nouveau groupe de supporters de son ancien club, la Ponferradina, à Madrid. Ouvrier du foot devenu star, celui qui rêvait de porter la tunique du Real Madrid et idolatrait Zidane quand il était gamin aura au moins eu le privilège de fouler la pelouse du Santiago Bernabéu, lui qui semblait destiner à jouer sur des champs de patate ou des terrains de sable pendant toute sa carrière…

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