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Gerzino Nyamsi : «si le Cameroun fait appel à moi, je répondrai présent»

Parti en janvier 2024 tenter sa chance en Russie après une riche carrière en Ligue 1 au Stade Rennais et à Strasbourg, Gerzino Nyamsi est devenu un titulaire incontournable au Lokomotiv Moscou. Dans un championnat plutôt taillé pour les sud américains, le solide défenseur central de 28 ans s’est confié sur sa nouvelle vie en Russie, sur son futur plan de carrière mais aussi sur la sélection du Cameroun qu’il compte rejoindre dès que l’on fera appel à lui, morceaux choisis.

Par Sebastien Denis
8 min.
Gerzino Nyamsi @Maxppp

Foot Mercato : Gerzino, comment ça se passe pour vous en Russie aujourd’hui ?

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Gerzino Nyamsi : on arrive à la fin d’une saison qui s’est plutôt bien passée. J’ai fait pas mal de matches, j’ai fait de bonnes performances, j’ai été décisif. Je suis plutôt assez content de ma saison. À côté de ça, je me suis bien adapté quand même à la vie, ici.

FM : comment expliquez-vous justement cette facilité que vous avez eue à vous acclimater dans un championnat pas vraiment couru pour les joueurs français ?

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GN : en fait, j’ai eu une petite période d’adaptation, peut-être qu’elle a été plus rapide que certains étrangers quand ils viennent dans un nouveau championnat. C’est sans doute parce que j’ai eu l’habitude de voir les étrangers arriver en France quand j’étais en Ligue 1. J’avais pu voir en fait quelles pouvaient être leurs difficultés quand on arrive dans un nouveau pays. Quand je suis arrivé au Lokomotiv, j’ai très vite essayé d’apprendre la langue, en tout cas certains mots, pour avoir quand même un minimum de vocabulaire que ce soit sur le terrain déjà, pour commencer.

Donc dès le premier jour, je me rappelle avoir demandé comment on dit "devant", "derrière", sur le terrain. J’ai essayé de m’acclimater vite, avec une langue qui n’est pas facile. Après, j’ai commencé à faire des cours de russe, parce que durant ma carrière, j’avais bien remarqué que la principale barrière, souvent, c’est la langue. Et même si l’étranger, entre guillemets, arrive avec des bonnes intentions, il commence à s’isoler. J’ai souvent observé cela même si ce n’est pas la généralité. Ce n’est pas facile pour certains étrangers quand c’est une langue vraiment différente de ce que tu as pu connaître. Donc moi, je me suis mis un peu à apprendre, et puis, naturellement, j’ai travaillé, beaucoup travaillé, et puis les performances sur le terrain aussi, ça aide. Comme j’ai directement joué et eu des performances qui étaient, je pense, correctes, cela m’a permis de m’intégrer un peu plus facilement auprès de mes coéquipiers.

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FM : justement, on a toujours les clichés de la Russie, notamment au niveau du climat où les températures sont souvent largement au-dessous de zéro l’hiver. Est-ce que vous appréhendiez un peu ?

GN : ça me faisait un peu peur. Je suis arrivé en janvier dernier, les premiers mois, c’était compliqué, parce qu’il faisait froid. En plus de la température négative, le plus difficile était la météo. Il fait fréquemment gris à Moscou, donc on voit très peu le soleil. De janvier jusqu’à mars, la saison passée, je n’ai quasiment pas vu le soleil, il neigeait souvent. Alors, c’est long, et ça, c’est dur surtout quand tu es un peu loin de tes proches, et que tu es dans un autre environnement. En plus, tu ne comprends pas forcément tout ce qui se dit, parce que le russe n’est pas une langue latine, donc ce n’est pas de l’espagnol, ce n’est pas de l’italien, ce n’est pas de l’anglais, c’est du russe, c’est l’écriture en cyrillique aussi. Au début, c’était compliqué quand même, d’autant que je suis parti tout seul là-bas. Mais je me suis accroché en gardant mes objectifs en tête.

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«Au Lokomotiv, on m’a fait sentir qu’il y avait réellement un intérêt pour que je vienne»

FM : mais pourquoi la Russie ? Pourquoi avoir choisi ce championnat dans lequel ce sont souvent les joueurs sud-américains qui vont s’exporter ? On n’a pas spécialement de Français ces dernières années, à part peut-être Cabella ou Valbuena, c’est assez rare finalement de voir des Français en Russie…

GN : j’arrivais à la fin d’un cycle aussi à Strasbourg, il fallait que je parte, je ressentais le besoin de partir et je pense que le club aussi était pour. Alors, j’ai regardé ce que j’avais, et à ce moment-là, il y avait des intérêts de certains clubs qui étaient intéressés, mais c’était des prêts, je ne sentais pas forcément qu’il y avait de véritable projet avec certains. D’autres, les projets ne m’intéressaient pas. Parmi tout ce que j’avais, au final, j’ai choisi la Russie parce que je voulais partir à l’étranger. À la base, je pensais à l’Angleterre, mais je n’ai pas eu cette opportunité-là. La Russie est arrivée, il y a eu un bon contrat qui s’est proposé, un nouveau challenge. On m’a fait sentir qu’il y avait réellement un intérêt pour que je vienne et que l’on comptait sur moi. Et puis c’était le Lokomotiv, un club historique avec la possibilité de gagner des titres, même si avec la situation géopolitique, il n’y a plus la Coupe d’Europe. Je me suis dit : "vas-y, je vais voir, je vais tester".

FM : ce contexte géopolitique, ça ne vous a pas fait spécialement peur quand est venue cette possibilité d’aller au Locomotiv Moscou ?

GN : je n’ai pas eu peur, mais je me suis posé des questions. J’ai interrogé des joueurs qui avaient joué ici avant, ou qui y jouaient encore, comme Wilson Isidor (ndlr: aujourd’hui à Sunderland), il était encore au Zenit à ce moment-là. Je lui ai posé toutes les questions que je me posais sur une arrivée en Russie. Il m’a expliqué un peu son ressenti. Il y a d’autres joueurs aussi que j’ai connus ici qui m’ont expliqué comment ils avaient vécu cette expérience. Ces discussions m’ont un peu enlevé mes appréhensions. Je me suis laissé tenter d’autant que je suis un peu un aventurier (rires).

FM : la première Ligue russe, vous la situeriez où par rapport à la Ligue 1 en termes de niveau, d’intensité, et de compétitivité ?

GN : la première Ligue russe, c’est différent de la Ligue française parce que je pense qu’il y a quand même un petit écart entre les équipes du haut de tableau et du bas de tableau, même si les matchs ne sont pas faciles pour autant. Mais tu vois tout de même qu’il y a une différence en termes d’homogénéité dans chaque équipe. Voilà, en Ligue 1, je pense que c’est un niveau un peu plus élevé. Techniquement et tactiquement, c’est un peu plus élevé.

FM : en parlant de la Ligue 1, vous continuez un peu à la suivre de Moscou ?

GN : bien sûr, je suis la Ligue 1 puisque j’y ai joué. Naturellement, tu es obligé de suivre et puis tu regardes tes anciens clubs, ce qu’ils font à chaque fois. Et puis comme on a des amis un peu partout, on suit un peu les championnats.

FM : la Ligue 1, c’est quelque chose qui vous manque et qui vous ferait avoir envie de revenir en France ?

GN : c’est vrai qu’après la Russie, je pense que j’aimerais découvrir un autre championnat si l’occasion se présentait. Je pense que mon entourage et moi resterons attentifs un peu à tout ce qui pourrait se présenter, mais c’est vrai que la France, c’est un confort quand même. Quand tu parles à l’étranger, tu te rends compte de ça. Revenir jouer en France dans un championnat que tu connais, avec une langue que tu connais, ça serait un confort, oui. Je suis ouvert à tout, mais je n’ai pas envie de me limiter en fait, on étudiera ce qui se présentera.

FM : il y a déjà quelques clubs qui s’intéressent à vous…

GN : (il coupe) c’est toujours, comment dire, gratifiant de savoir qu’il y a des clubs qui te regardent qui t’observent, qui te supervisent. C’est une bonne chose, ça veut dire que mes performances sont suivies et que le travail paye. Après, on verra avec mes agents, mon entourage, ce qui pourrait être le mieux pour moi.

«Le Cameroun, c’est le pays de mes origines, de mes racines, de mes parents»

FM : parlons un peu du Cameroun. Vous disiez il y a quelque temps, que vous étiez en pleine réflexion. Où en êtes-vous ?

GN : oui, il y a quelque temps, j’étais un peu en réflexion, c’est vrai. Mais là, ça fait un moment quand même que je suis décidé à y aller, à répondre présent si on m’appelle. Donc voilà, j’avais fait les démarches, tout ça, pour avoir mes papiers, et désormais, tout est à jour. Si le sélectionneur du Cameroun fait appel à moi, je répondrai présent, bien sûr.

FM : et quelle est votre relation justement avec le Cameroun ?

GN : c’est le pays de mes origines, de mes racines, de mes parents. Mes parents ont grandi là-bas. Moi, je suis né en France, j’ai grandi en France, mais après, j’ai pu y aller notamment en décembre dernier. J’ai cette culture-là qui a été présente quand même à la maison.

FM : vous avez suivi les grandes épopées du Cameroun ces dernières années, notamment les performances d’un certain Samuel Eto’o…

GN : c’est vrai qu’à un moment donné, j’avais été en contact avec le président Samuel Eto’o. Et quand il était joueur, avec les grandes épopées, on a tout suivi à la maison : les parcours du Cameroun à la CAN ou à la Coupe du Monde, on les regardait à la maison en famille.

FM : dernière question, est-ce que vous avez eu l’occasion d’échanger avec d’autres joueurs de la sélection camerounaise ?

GN : oui, j’ai déjà échangé avec des joueurs qui étaient en sélection, qui y ont été ou qui y sont actuellement. On a beaucoup échangé et j’ai posé quelques questions. Là aussi ça m’a conforté dans mon choix…

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