Équipe de France : Noël Le Graët peut-il perdre la présidence de la FFF ?

Par Josué Cassé
6 min.
Le président de la FFF Noël Le Graët. @Maxppp

Président de la Fédération française de football depuis 2011, Noël Le Graët multiplie les sorties médiatiques embarrassantes au cours des dernières années. D’ores et déjà ciblé par un audit, le boss des Bleus risque-t-il l’éviction ? Rien est moins sûr…

«Les cons, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnait.» Écrite par Michel Audiard, prononcée par Lino Ventura dans les Tontons Flingueurs, cette phrase typique de la gouaille parisienne résonne, plus fort, en ce lundi 9 janvier. Sous le feu nourri des critiques après une nouvelle sortie médiatique désastreuse au sujet de Zinedine Zidane, véritable légende vivante des Bleus, Noël Le Graët, à la tête de la Fédération française de football, se retrouve plus que jamais fragilisé. Le résultat d’un long travail de communication parfaitement insupportable. L’épilogue, ou non, de trop nombreuses frasques. Le tout, saupoudré d’accusations de harcèlement sexuel…

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Bien accroché à son fauteuil de président, et ce jusqu’à la fin de son mandat jusqu’en 2024, le dirigeant de 81 ans a, en effet, pris l’habitude de défrayer la chronique au cours des derniers mois. «Le phénomène raciste dans le sport, et dans le football en particulier, n’existe pas ou peu». De son analyse complètement déplacée prononcée en septembre 2020, après la victoire de l’OM face au PSG, à cette énième maladresse au moment d’évoquer l’avenir de celui qui est considéré comme le meilleur joueur français de l’histoire, le patron des Bleus se retrouve, logiquement, au cœur de la polémique et d’une consternation générale. Un rôle de président devenu, pour certains, gênant, pour d’autres, embarrassant.

À lire Equipe de France : Noël Le Graët présente ses excuses à Zinedine Zidane !

Le CV de la honte !

Interrogé, en mars 2021, sur les tensions au sein de l’équipe de France féminine entre Corinne Diacre et plusieurs de ses cadres, Le Graët préférait, cette fois-ci, balayer l’affaire par une forme, assumée, de sexisme. «Elles n’ont aucun match perdu. Donc elles peuvent se tirer les cheveux, ça m’est égal», lançait, en effet, l’intéressé. Et que dire de sa sortie, plus que douteuse, au moment d’évoquer les conditions de vie et la question des droits des travailleurs présents au Qatar pour la Coupe du monde 2022. «On va discuter avec le directeur de l’hôtel. On va lui montrer ces images. Ce n’est pas insoluble ! C’est juste un coup de peinture…»

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Invité, enfin, à répondre face à la polémique brûlante agitant la FFF quelques heures avant le début du Mondial, le boss des Bleus, visé par des accusations de harcèlement et de comportements déplacés sur des collaboratrices, reconnaissait alors son manque de savoir-faire avec la technologie. Audiard appréciera. Ventura le validera. «[Vous n’avez jamais harcelé personne ?] Personne ! Non (je n’ai jamais envoyé de SMS déplacés). Je ne sais même pas les écrire. Il n’y a pas de SMS de ma part. (…) Je comprends bien qu’aujourd’hui on ne peut plus complimenter une femme ou un homme pour son élégance, son sourire, les inviter à un déjeuner pour travailler.»

Un vote de défiance…

Entretenant, par ailleurs, des relations plus que froides avec Amélie Oudéa-Castéra, la ministre des Sports - le port du brassard "One Love" pour les Bleus au Mondial qatari avait d’ailleurs été à l’origine d’une nouvelle sortie peu glorieuse - Noël Le Graët semble donc dans une position plus que compromise. «Zidane au Brésil? Je n’en ai rien à secouer, il peut aller où il veut ! Il peut aller où il veut, dans un club… sélection, j’y crois à peine en ce qui le concerne». Ses récents propos, irrespectueux à l’égard de l’ancien coach du Real Madrid, ne devraient d’ailleurs pas changer grand-chose à son quotidien, ni fragiliser quoi que ce soit. En effet, si le président de l’instance s’est d’ores et déjà excusé, les règlements actuels le protègent d’une éventuelle éviction.

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En effet, seule une assemblée générale extraordinaire demandant un vote de défiance peut agir (cf l’article 12 ci-dessous). Dès lors, le patron du foot français ne risque rien de la part du ministère. Et pour cause, la FFF, comme les autres Fédérations, est chargée d’une mission de service public déléguée par l’Etat. De ce fait, Amélie Oudéa-Castéra, qui a demandé des excuses, dispose de moyens d’actions limités. «La ministre peut demander des excuses, exprimer son indignation, sa réprobation, ce qu’elle fait mais elle ne peut pas démettre Noël Le Graët», rappelait, à ce titre, Roselyne Bachelot, ancienne ministre des Sports (2007-2010), ce lundi sur RMC.

… ou une démission

Le ministère n’a donc pas le pouvoir de virer le Graët, d’autant que la Fifa veille. L’instance internationale interdit, en effet, l’ingérence politique au sein des Fédérations sous peine de sanction pouvant aller jusqu’à l’exclusion des compétitions des équipes de France, comme ce fut le cas en 2021 pour le Tchad et le Pakistan. En revanche, la multiplication de ce genre de sorties médiatiques ou la répétition de manœuvres jugées comme un pied de nez à la gouvernance de la FFF pourraient bien provoquer un vote de défiance. En cas d’éviction, c’est le vice-président, en l’occurrence Philippe Diallo, qui assurerait l’intérim jusqu’à la fin du mandat en cours.

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Pour rappel, l’autre moyen - en plus de cette assemblée générale extraordinaire demandant un vote de défiance- de voir NLG se retirer de la présidence de la FFF, reste la démission. Plus que jamais sous le feu des critiques, Noël Le Graët sera d’ailleurs entendu une nouvelle fois, ce mardi, par un enquêteur de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR) dans le cadre des accusations de harcèlement sexuel et des différents témoignages, publiés par So Foot, sur l’ambiance de travail au sein de la Fédération. Les conclusions de l’audit seront, quant à elles, rendues fin janvier avant une enquête contradictoire avec la FFF, puis une restitution à la mi-février.

L’article 12 des statuts de la FFF

Article - 12 Attributions

  1. L’Assemblée Fédérale peut mettre fin au mandat du Comité Exécutif avant son terme normal, par décision motivée et dans le respect du contradictoire, par un vote intervenant dans les conditions ci-après :

– l’Assemblée Fédérale doit avoir été convoquée à cet effet à la demande du quart de ses membres représentant au moins le quart des voix, éventuellement sur proposition de la Haute Autorité du Football, et ce, dans un délai maximum de 2 mois ;

– les deux tiers des membres de l’Assemblée Fédérale doivent être présents ou représentés;

– la révocation du Comité Exécutif doit être votée à bulletin secret et à la majorité absolue des suffrages exprimés.

Cette révocation entraîne la démission du Comité Exécutif et le recours à de nouvelles élections dans un délai maximum de deux mois. En cas de révocation, l’Assemblée Fédérale désigne la ou les personnes en charge des affaires courantes jusqu’à la prise de fonction des nouveaux membres du Comité Exécutif élus.

  1. L’Assemblée Fédérale peut également mettre fin au mandat de la Haute Autorité du Football dans les conditions fixées au paragraphe 1 du présent article. Cette révocation entraîne la démission de la Haute Autorité et le recours à de nouvelles élections dans un délai maximum de deux mois.

  2. Les nouveaux membres du Comité Exécutif, ou de la Haute Autorité du Football, élus à la suite du vote de défiance de l’Assemblée Fédérale, ou en cas de vacance, n’exercent leurs fonctions que jusqu’à l’expiration du mandat initial des membres qu’ils remplacent.

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