Que devient Farès Bahlouli ?

Par Dahbia Hattabi
6 min.
Farès Bahlouli en match @Maxppp

Depuis cet été, Farès Bahlouli défend les couleurs du SK-Dnipro 1 en Ukraine. L'ancien joueur de l'OL jongle entre la vie de footballeur et le quotidien dans un pays en guerre comme il l'a expliqué en interview. Morceaux choisis.

La Bahloulisme n'est pas mort. Il traverse même les frontières. De Lyon à Monaco, en passant par l'Ukraine, Farès Bahlouli a toujours pu compter sur des fans particulièrement fidèles. Dès ses débuts en professionnels, voire même avant, le milieu de terrain a toujours été soutenu par de nombreux supporters, séduits par son profil et persuadés qu'il serait le prochain grand talent issu de la célèbre académie lyonnaise. Inutile de dire donc qu'ils ont très mal vécu sa vente à l'AS Monaco pour un peu plus de 3 M€ en 2015.

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Les Bahloulistes croient en lui

Plusieurs en ont voulu à Lyon, qui a cédé l'un de ses grands espoirs. Malgré son départ et ses passages sur le Rocher, puis au Standard de Liège et à Lille, la hype Bahlouli a toujours existé. Les supporters ont donc été particulièrement heureux de le voir revenir chez lui en 2020 pour défendre les couleurs de Lyon-La Duchère. Un passage éclair puisqu'il a ensuite filé au FC Metal Kharkiv (D3 ukrainienne) le 9 mars 2021. Un club où il a brillé avec 7 buts en 9 apparitions. Même à des milliers de kilomètres de la France, Bahlouli a pu compter sur ses fans, qui ont tout fait pour se procurer une tunique floquée à son nom.

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Environ 700 maillots avaient été commandés par les membre de la "secte" rhodanienne. La saison suivante, le meneur de jeu a évolué avec le Metalist Kharkiv en deuxième division. Auteur de 6 buts et 10 assists, il a été précieux pour son équipe, qui a obtenu sa montée en D1 après que le championnat a été stoppé en raison du conflit entre l'Ukraine et la Russie. Une guerre que le natif de Lyon vit au quotidien, lui qui a été transféré à Dnipropetrovsk. Malgré les conditions particulièrement périlleuses, Farès Bahlouli a décidé de poursuivre sa carrière en Ukraine. Pourquoi ?

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Le milieu est resté en Ukraine

Le joueur de 27 ans a répondu dans les colonnes du Parisien. «Tout simplement parce qu’on avait instauré une belle relation avec plusieurs cadres du Metalist, qui sont aussi allés à Dnipro : le coach, son adjoint et le directeur sportif. Ils ont cru en moi, m’ont fait confiance et ont tout fait pour me remettre sur le devant de la scène. Il était naturel que je leur rende la pareille quand ils m’ont dit qu’ils avaient besoin de moi dans leur nouveau projet. De mon côté, j’étais honoré, sachant qu’il s’agissait d’un club qui jouait l’Europe.» En Ligue Europa Conférence, l'actuel leader de la Premier Liha a misé sur Bahlouli.

Libéré de son contrat, le footballeur, qui a signé un an, ne pensait pas à un retour dans l'Hexagone. «En France, c’est un peu compliqué pour moi. Les clubs français sont un peu réticents par rapport à mon style de jeu. Je suis un joueur qui crée, provoque, prend des risques. Or, ils préfèrent les joueurs athlétiques, qui courent davantage. Ils oublient parfois que le football se joue avec le ballon, qu’il est normal par conséquent qu’un joueur qui prend des risques perde quelques ballons…» C'est en Ukraine qu'on profite donc de ses qualités et de son talent.

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Une adaptation en douceur

Mais cette saison 2022-23, Farès Bahlouli n'a pas encore eu beaucoup l'occasion de s'exprimer. Il est apparu à 6 reprises toutes compétitions confondues. Dans le détail, il compte 3 matches en championnat (35 minutes jouées au total) et 3 en Ligue Europa Conférence (89 minutes au total). Remplaçant à cinq reprises, il n'a été titulaire qu'à une reprise. C'était lors du dernier match de C4 face à Vaduz (13 octobre). Mais le joueur a expliqué qu'il n'a rejoint le club qu'en septembre, notamment car il y avait des problèmes contractuels entre le Metalist et Dnipro. Pour cette raison, il a décidé, en accord avec le club, que son intégration se ferait en douceur pour éviter de le brusquer et être blessé.

Actuellement en Slovaquie en raison du conflit russo-ukrainien, Bahlouli, qui a avoué que ses proches avaient eu du mal à comprendre son choix au départ, a évoqué son quotidien de footballeur. Le joueur, qui vient d'avoir sa maison et qui attend que son épouse et ses trois enfants le rejoignent, a précisé que les matches de C4 à domicile se disputaient à Kosice, en Slovaquie. Au quotidien, les conditions sont bonnes, similaires à ce qu'il a pu connaître en France. En championnat, c'est une autre histoire puisque son club évolue en Ukraine, à Oujhorod, Lviv et parfois Kiev.

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Il jongle entre terrains de foot et champ de guerre

«C’est plus compliqué de l’autre côté, on sent une atmosphère un peu pesante. À Kiev, honnêtement, je ne suis pas sûr d’y aller… Il n’y a qu’un match, le dernier, le 26 novembre. Je verrai comment la situation évolue d’ici-là… Le 1er octobre, on a joué à Lviv, on a entendu les sirènes. Dans les rues, la police ordonnait aux passants de rentrer chez eux, les gens couraient. En plein match, les sirènes ont retenti. On a arrêté le match et on s’est réfugié dans des bunkers. On y est resté entre une demi-heure et trois quarts d’heure. Ça ressemble à des vestiaires, mais souterrains. Pour d’autres matchs, certaines coupures sont allées jusqu’à deux heures, deux heures et demie. En fait, dès qu’un missile est tiré vers l’Ukraine, les sirènes retentissent systématiquement dans tout le pays, même si le missile n’atterrit qu’à 1000 km ou 1300 km de là.»

Il poursuit : «à Lviv, on passe des sortes de check-points ou de barrages : des sacs de sable, des mitrailleuses, des morceaux de métal pour arrêter des blindés. On voit aussi quelques épaves de tank (...) La semaine dernière, on a quitté le stade de Lviv en bus à 17 heures et on est arrivés à Kosice à 10 heures le lendemain matin… À la frontière entre l’Ukraine et la Slovaquie, les contrôles sont incroyablement longs, jusqu’à dix voire douze heures. Quand tu arrives, il y a déjà trois ou quatre bus dans la file devant toi et il faut compter pratiquement une heure et demie, deux heures pour chaque bus. Côté ukrainien, ça va assez vite, mais côté slovaque… Les soldats sont là avec leurs kalachs. Ils nous font sortir du bus et passer par des portiques. Ils font passer des chiens. Ils contrôlent les passeports plusieurs fois, vident le bus, ouvrent les sacs, vérifient le moteur, etc». Une vie peu évidente pour Farès Bahlouli, qui peut compter sur le soutien de sa famille et tous les Bahloulistes.

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