Espagne : des questions se posent sur les joueurs du FC Barcelone
Les joueurs du Barça ont brillé avec la Roja mercredi, alors que ce n'est pas forcément le cas en club. Un constat qui s'est confirmé face au Costa Rica, mais qui était déjà mis en avant par les observateurs depuis plusieurs mois.

Le réveil fut plutôt doux en Espagne ce matin. Mercredi soir, les troupes de Luis Enrique ont démarré leur Mondial sur les chapeaux de roues, avec un succès écrasant 7-0 face au Costa Rica. Et ce, alors qu'au pays de Cervantes, beaucoup avaient des doutes sur les qualités de leur sélectionneur et sur le niveau de son groupe. Bien sûr, l'équipe d'Amérique Centrale fait partie des plus faibles du tournoi et ce sera une toute autre paire de manches face à l'Allemagne dimanche soir, et en Espagne, on ne cède pas à l'enflammade. Mais ce match a beaucoup rassuré. Et dans les analyses à la télévision ou à la radio, une question revient souvent : comment expliquer que les joueurs du Barça soient aussi performants en sélection alors qu'ils sont pour certains dans le dur en club ?
Un constat qui ne date d'ailleurs pas d'hier, puisqu'on a déjà vu la bande de Busquets et de Jordi Alba performer lors de la campagne de qualification pour ce Mondial 2022 ou en Ligue des Nations, alors que dans le même temps, certains de ces joueurs perdaient de l'importance en club. Busquets est d'ailleurs l'exemple le plus flagrant, lui qui est toujours indiscutable aux yeux de Luis Enrique pendant qu'en club, beaucoup veulent le voir à la cave, et il semble souvent dépassé sur le terrain lorsque l'opposition est de qualité. Cas de figure similaire pour le latéral gauche, qui a même perdu sa place au profit d'Alejandro Baldé, mais qui parvient à être performant lorsqu'il enfile le maillot de son pays. Deux cadres du Barça en perte de vitesse, très critiqués week-end après week-end, mais indiscutables en sélection.
La jeunesse dorée du Barça s'éclate en sélection
Ferran Torres est lui aussi régulièrement pointé du doigt pour ses prestations en club, mais celui qui a déjà inscrit 15 buts en sélection est toujours dangereux sur son flanc droit en sélection. S'il est parfois chambré car il est en relation sentimentale avec la fille de Luis Enrique - ce qui expliquerait son statut d'intouchable - le joueur formé à Valence répond présent à chaque match pratiquement. Viennent ensuite les cas Pedri et Gavi. On ne peut pas dire que les deux soient mauvais en club, ni même médiocres, contrairement aux joueurs cités précédemment. En revanche, il y a un Gavi au Barça, et un autre Gavi en sélection. Du côté du Camp Nou, son rôle dans l'élaboration du jeu est moins important, et il est parfois plus en vue sur les séquences défensives que lorsqu'il faut attaquer.
Il se projette, mais touche bien moins de ballons et on le sent d'ailleurs parfois un peu frustré. En sélection, il est pratiquement au même niveau que Pedri en termes de ballons qui transitent par ces pieds, même s'il est plus dans la percussion et dans le placement entre les lignes que son coéquipier, plutôt meneur. Clairement, il joue plus libéré sous les ordres de Luis Enrique qu'avec Xavi. Pour Pedri, le rôle est sensiblement le même, mais le joueur formé à Las Palmas semble aussi plus à l'aise dans la congifuration de sélection, notamment car l'animation offensive devant lui semble plus correspondre à ses qualités et lui permettent de mieux mettre en valeur sa vista ou sa qualité de passe. Avec son club, il est souvent condamné à chercher un ailier, souvent collé à sa ligne, alors qu'en sélection, des joueurs comme Dani Olmo, Ferran Torres, Marco Asensio, ou même Alvaro Morata et Ansu Fati quand ils sont là enchaînnt les appels croisés, permutent etc.
Le contexte de la sélection, plus épanouissant ?
Comment expliquer ce contraste, énorme dans certains cas ? Plusieurs analystes espagnols ont commencé à donner des pistes. En sélection, les joueurs offensifs sont là pour servir les milieux de terrain, alors qu'au Barça, c'est le contraire. Ce qui explique notamment pourquoi Gavi et Pedri sont plus influents avec la Roja. Sous les ordres de Luis Enrique, ils sont la pièce maîtresse de l'équipe et tout passe par leurs pieds, alors qu'avec Xavi, l'entrejeu sert surtout à faire la transition rapide entre la défense et l'attaque et ce sont les joueurs plus avancés qui sont dépositaires du jeu. On peut aussi ajouter que la sélection ibérique est généralement moins prévisible, avec des joueurs qui permutent beaucoup devant, ce qui crée plus de déséquilibres dans la défense rivale, là où le Barça est un peu plus "rigide" et stéréotypé.
Dans le cas de Busquets, il est aussi un peu plus aidé en sélection, dans la mesure où, comme ce fut le cas avec Rodri hier, il a souvent un défenseur central qui monte très haut sur le terrain, ce qui lui permet de ne pas devoir descendre aussi bas sur le terrain, et de jouer relativement haut. Quant à Jordi Alba, le contexte sélection où les latéraux ont un rôle important dans la construction du jeu semble aussi être très bénéficiaire pour lui, même s'il a aussi quelques failles sur les séquences défensives. Reste à voir si Ansu Fati ou Eric Garcia, qui risquent d'avoir des minutes pendant ce Mondial, confirment aussi cette tendance, alors que le débutant Alejandro Baldé a lui aussi laissé de bonnes sensations contre le Costa Rica.