Serie C

Marco Verratti est déjà en train de révolutionner Pescara !

Héros discret mais engagé, Marco Verratti signe un retour inattendu mais profondément symbolique en reprenant les rênes de son club formateur, le Delfino Pescara 1936. Tandis que l’équipe vient tout juste de sceller sa montée en Serie B après plusieurs saisons de galère en troisième division italienne, l’ancien maestro du PSG et champion d’Europe 2021 entend insuffler un nouvel élan au club de son cœur. Un geste fort, entre fidélité, ambition et transmission, dans un football de plus en plus détaché de ses racines.

Par Valentin Feuillette
6 min.
Marco Verratti pescara @Maxppp

Dix ans après avoir quitté les bords de l’Adriatique pour s’imposer sur les plus grandes scènes du football européen, Marco Verratti revient là où tout a commencé : à Pescara. Formé au club, révélé lors de la mythique saison 2011-2012 sous les ordres de Zdeněk Zeman aux côtés d’un certain Lorenzo Insigne et Ciro Immobile, le petit milieu de terrain à la vista exceptionnelle avait très tôt attiré l’attention des grands clubs. C’est finalement le Paris Saint-Germain qui l’avait recruté à l’été 2012, entamant une décennie de succès, de trophées et de passes millimétrées au Parc des Princes. Aujourd’hui, c’est une toute autre mission qui l’attend. Sur le point de devenir officiellement copropriétaire du Delfino Pescara, Verratti revient non plus en joueur, mais en sauveur. En effet, le Gufetto est en train de finaliser le rachat de 50% des parts du club à hauteur de 1,7 million d’euros. Dans un football de plus en plus dicté par les logiques financières, son geste résonne comme un retour à une certaine idée du romantisme : celui d’un enfant du pays qui choisit, au sommet de sa carrière, de redonner à son club formateur une chance de renaître. Le contexte n’était pourtant pas des plus engageants. Englué depuis plusieurs saisons en Serie C, rongé par les dettes et les changements de direction successifs, Pescara semblait voué à végéter dans l’oubli et à connaître le même sort que des clubs comme Brescia, Lucchese, Cosenza, Triestina, SPAL ou encore Taranto. Mais c’était sans compter sur le lien indéfectible entre Verratti et la ville qui l’a vu éclore.

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Refusant de laisser son club sombrer, le champion d’Europe 2021 a investi personnellement dans le rachat, entouré d’un petit cercle de proches et d’anciens joueurs du cru. Son objectif est clair : redonner une identité forte au club, reconstruire un centre de formation digne de ce nom et faire de Pescara un modèle de gestion sportive dans le sud de l’Italie. Ce rachat ne se veut pas purement symbolique ou nostalgique. Il s’agit d’un véritable projet de long terme, porté par un homme qui, malgré les années passées à l’étranger, n’a jamais coupé le fil qui le relie à ses racines. Et dans une région des Abruzzes qui manque cruellement de repères footballistiques solides, le retour de Verratti représente bien plus qu’une simple actualité sportive : c’est un espoir. Samedi soir, sur la pelouse du stade Adriatico‑Giovanni Cornacchia, Pescara a définitivement scellé son retour en Serie B face à Ternana après un match haletant qui s’est terminé aux tirs au but. Malgré un départ tonitruant des visiteurs, scellé par l’ouverture du score de De Boer à la 76ᵉ minute, les Biancazzurri n’ont jamais abandonné. Jouant à dix depuis l’expulsion de Dagasso au début de la seconde période, ils ont tenu bon jusqu’à la fin des prolongations, portés par un Alessandro Plizzari héroïque, auteur de plusieurs arrêts décisifs en toute fin de match.

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La promotion en Serie B déjà acquise !

La confrontation s’est résolue sur une séance de tirs au but remportée (3‑2) grâce à des réalisations de Tonin, Moruzzi et De Marco, tandis que les Umbres échouaient à deux reprises : «comment s’est passé mon retour à Pescara ? Impossible de rêver mieux, j’ai eu peur, mais les victoires remportées sont toujours les plus belles. Aux tirs au but, j’étais sûr que la promotion en Serie B arriverait. La Serie C est difficile, c’est une catégorie relevée, mais maintenant, nous nous tournons vers la Serie B, qui, comme la Serie A, est le championnat où le mérite est au centre de tout. Serai-je là en tant que joueur ou entraîneur ou autre chose ? On verra, on verra (rire, ndlr)», a déclaré l’ancien milieu du PSG. Dans ce tremblement de terre émotionnel, Marco Verratti, présent en tribune avec sa famille, s’est illustré en descendant sur la pelouse pour célébrer avec les coéquipiers, offrant une image forte : celle d’un enfant prodige de retour pour soutenir son club de cœur. Depuis cinq ans, le Delfino Pescara 1936 est englué dans une spirale d’instabilité qui a profondément affaibli le club, tant sur le plan sportif qu’en interne. Sur le banc, les entraîneurs se sont succédé à un rythme effréné, avec plus d’une dizaine de changements depuis 2019, signe d’un projet sans vision claire. Zauri, Legrottaglie, Sottil, Oddo, Zeman, Bucaro ou encore Cascione ont tous tenté, sans succès durable, de redresser la barre d’un effectif souvent mal construit. Dans les bureaux, la valse des directeurs sportifs et les finances fréquemment dans le rouge ont accentué le désordre. Le club, relégué en Serie C en 2021, a ensuite alterné entre sursauts de fierté et profondes désillusions, sans jamais réussir à bâtir une structure stable jusqu’à ce match de Playoffs samedi soir pour remonter en Serie B.

«C’est une victoire pour toute l’équipe, pour les managers. Finalement, cette équipe ne méritait pas d’être en Serie C. Verratti dans le club ? Cela signifie avoir avec nous une personne qui aime cette entreprise, qui a beaucoup appris à Pescara et nous espérons qu’il pourra nous aider. Il est déjà au travail avec nous. Maintenant, nous profitons du repos et nous nous projetons sur la saison prochaine», a expliqué le président et propriétaire Daniele Sebastiani. En attente de l’officialisation de l’arrivée de Verratti dans la propriété, tout le monde pense déjà à travailler efficacement pour réaliser une grande inter-saison, à l’heure où les options d’achat du milieu de terrain Gaetano Letizia et de l’attaquant Gianmarco Cangiano ont d’ores et déjà été activées. Critiqué pour son manque d’ambition et sa gestion désordonnée, Pescara a vu son centre de formation perdre de son éclat et son lien avec les supporters s’effriter. Cette instabilité chronique a peu à peu vidé le club de son identité, jusqu’à ce que le nom de Marco Verratti vienne, enfin, rallumer l’espoir. Dans un football de plus en plus soumis aux logiques de rendement, d’actionnaires lointains et de mercatos éclairs, le geste de Marco Verratti sonne comme un acte de résistance. Il ne s’agit pas d’un simple retour, mais d’un enracinement. En reprenant Pescara, le petit magicien des Abruzzes ne cherche pas la lumière, mais la transmission. Il vient pour reconstruire patiemment, retrouver l’âme d’un club qui l’a fait grandir, et redonner à toute une région une fierté perdue. L’enfant prodige ne revient pas en conquérant, mais en bâtisseur. Et dans les travées du stade Adriatico, là où résonnent encore les chants des soirs de gloire, on devine déjà une promesse silencieuse : celle que certaines histoires méritent d’être bouclées là où elles ont commencé.

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