Comment expliquer les blessures récurrentes à la cuisse d’Ousmane Dembélé @Maxppp

Comment expliquer les blessures récurrentes à la cuisse d’Ousmane Dembélé

Par Frederic Yang - 04/02/2020 - 20:14

Déjà victime de sa huitième blessure aux cuisses depuis son arrivée en août 2017 au FC Barcelone, Ousmané Dembélé inquiète de plus en plus son club et les observateurs. Mais comment expliquer ces multiples rechutes ? Fragilité physique, hygiène de vie ? Voici nos éléments de réponse.

Il devait faire son grand retour en ce mois de février 2020 ! Deux mois après sa lésion musculaire au biceps fémoral de la cuisse droite subie contre le Borussia Dortmund en Ligue des champions, le 27 novembre 2019, Ousmane Dembélé a donc rechuté à l’entraînement ce lundi. Et le verdict est sans appel : rupture totale du tendon du biceps fémoral. Un coup dur pour l’international français qui n’a disputé que dix matches (neuf officiels) cette saison et qui comptabilise 4 blessures aux cuisses pour cette seule saison 2019/2020.

Qu’est-ce que le biceps fémoral et comment soigner une rupture totale de ce muscle ?

« Le biceps fémoral est un muscle qui fait partie des ischio-jambiers, qui sont les muscles situés derrière la cuisse. Le biceps fémoral se situe sur le versant postéro-latéral de la cuisse (soit l’extérieur de l’arrière de la cuisse, ndlr). Il a un rôle très important dans la flexion du genou, dans l’extension de la hanche et dans toutes les rotations latérales de la jambe. C’est un muscle qui est donc très sollicité et très important dans le football, qui est un sport multidirectionnel », précise Frédéric Moyere, médecin du sport qui a notamment passé 26 ans à l’Olympique Lyonnais. Il ajoute : « la plupart du temps, les blessures des ischio-jambiers dans le foot concernent soit une désinsertion de la partie haute du biceps fémoral, qui nécessite une opération pour refixer ce muscle, soit une rupture des jonctions entre les muscles de la partie basse du biceps fémoral. »

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Victime d’une rupture totale du tendon du biceps fémoral juste après sa rééducation principalement effectuée au Qatar, Ousmane Dembélé ne s’était pas fait opérer après sa lésion de ce même muscle en novembre 2019. Une situation loin d’être anormale pour Frédéric Moyere : « il faut savoir que, quand on parle de lésion, il s’agit le plus souvent soit d’une élongation soit une rupture partielle de quelques fibres musculaires. Dans ces cas-là, l’opération n’est pas obligatoire. On conseille généralement un traitement orthopédique avec de la rééducation progressive. Pour une rupture totale, là, l’opération est indispensable pour réparer le muscle. Elle va consister à refixer le tendon soit à l’aide d’une vis soit en effectuant une suture à l’endroit de la rupture. Tout dépend de la partie du biceps fémoral touchée. »

Déjà sujet à une rupture totale du tendon du biceps fémoral, mais de la cuisse gauche, en septembre 2017, Ousmane Dembélé avait effectué son retour sur le terrain trois mois et demi après son opération en Finlande auprès du professeur Sakari Orava. Cette fois, son absence pourrait être beaucoup plus longue, comme l’explique Frédéric Moyere : « le temps de cicatrisation après une opération du biceps fémoral dure généralement entre 6 et 8 semaines. Ensuite, on entre dans la phase de rééducation qui doit être progressive et qui peut durer entre 4 et 6 mois. »

Comment expliquer ces blessures musculaires à répétition et comment les soigner ?

Quand un joueur se blesse à une telle fréquence, l’hygiène de vie est souvent pointée du doigt. Justement, Ousmane Dembélé ne serait pas irréprochable à ce sujet. On se souvient de la sortie de son ancien cuisinier Mickael Naya, qui avait notamment révélé dans Le Parisien que Dembélé « avait une vie cahotante et que même s’il ne buvait pas d’alcool, il ne respectait pas du tout ses plages de repos ». Dembélé serait aussi connu pour sa propension à jouer aux jeux vidéo jusqu’à très tard dans la nuit. Des conditions qui ne favorisent pas une bonne récupération et qui peuvent entraîner une grande fatigue physiologique et musculaire. « Évidemment que le manque de sommeil et une mauvaise alimentation peuvent augmenter le risque de blessure musculaire mais selon moi, ces blessures sont multifactorielles. Les rechutes peuvent aussi s’expliquer par un raccourcissement des temps de cicatrisation ou une réathlétisation qui est soit malmenée soit trop forte afin de revenir rapidement sur les terrains. Les enjeux économiques sont tellement importants que les joueurs et, parfois, les clubs peuvent précipiter les protocoles de récupération. Le mental peut aussi être un facteur important. Un joueur qui traverse une phase difficile dans sa vie aura tendance à plus facilement se blesser », argumente Frédéric Moyere.

De son côté, Jean-Marcel Ferret, ancien médecin de l’équipe de France, pense que le style de jeu et les caractéristiques physiques de l’international français peuvent le fragiliser : « les joueurs rapides, qui sont explosifs, ont beaucoup plus de fibres rapides dans leurs muscles. Ce sont justement des fibres qui sont beaucoup plus fragiles que les fibres aérobies, c’est-à-dire les fibres lentes qui fonctionnent avec l’oxygène. Les ischio-jambiers sont souvent touchés car ils sont constamment sollicités dans la phase d’étirement de la jambe et qu’ils doivent contrôler en permanence l’activité du genou lors des rotations, lors des sprints, lors des dribbles. Il y a beaucoup de rechute au niveau des ischio-jambiers car une fois qu’ils ont été touchés ou lésés, ils ont tendance à perdre leur force et leur qualité de contraction. Pour prévenir ces blessures, il faut donc absolument travailler ses ischio-jambiers et de manière constante tout au long de l’année. »

Pour finir, Frédéric Moyere insiste aussi sur le travail de fond à effectuer pour se débarrasser une bonne fois pour toute de ce type de blessure : « en début de saison, les médecins des clubs effectuent généralement des tests physiques très poussés. Ils analysent s’il n’y a pas de déséquilibre musculaire entre les quadriceps, qui sont les muscles qui sont situés à l’avant de la cuisse, et les ischio-jambiers. Ces tests permettent aussi de détecter les mauvaises postures sur différents mouvements qui peuvent aussi contribuer à engendrer des blessures. C’est pour cette raison qu’il est important de travailler constamment avec des préparateurs physiques et des kinésithérapeutes afin d’améliorer ses postures, sa technique de course et continuer de renforcer quotidiennement ces muscles pour éviter les rechutes, même si on ne ressent plus de douleurs aux ischio-jambiers. » Ousmane Dembélé sait ce qu’il lui reste à faire s’il ne veut pas passer à côté de la brillante carrière qui lui est promise et qui avait si bien commencé.

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