Comment Julen Lopetegui a remis la sélection espagnole dans le coup

Par Max Franco Sanchez
5 min.
Espagne @Maxppp

Alors que l'Equipe de France affronte l'Espagne ce mardi en match amical, Foot Mercato fait le point sur ce qui a changé depuis la nomination de Julen Lopetegui cet été.

Après un Euro pour le moins décevant, dans lequel l'Espagne est passée à la trappe après avoir été éliminée en huitièmes face à l'Italie, l'ère Vicente Del Bosque a pris fin. En poste depuis 2008, l'ancien joueur du Real Madrid mettait fin à son aventure sur le banc de la Roja, qui a coïncidé avec la période dorée du football espagnol, avec une Coupe du Monde (2010) et un Euro (2012) à la clé. S'en est donc suivi un grand casting, dans lesquels les noms d'Ernesto Valverde, Paco Jémez, Marcelino Garcia Toral ou Joaquin Caparros ont été annoncés. C'est finalement Julen Lopetegui qui décroché le gros lot, notamment choisi grâce à son expérience avec la sélection espoir espagnole, avec qui il a remporté le titre de champion d'Europe en 2013. Il a donc retrouvé ses meilleurs éléments de l'époque, comme Koke, Isco ou Thiago, dans l'effectif de l'équipe première. S'il s'inscrit dans une ligne assez continuiste, ne révolutionnant pas totalement le jeu de la sélection, il a apporté de légères modifications qui ont permis à la Roja de se renouveler et de - en partie - retrouver une animation offensive efficace. On parle donc plus d'évolution que de révolution.

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Depuis sa nomination, l'Espagne a disputé sept rencontres. Cinq matchs de qualification pour la Coupe du Monde 2018 (4 victoires et un nul face à l'Italie, plutôt bien payé pour la Squadra Azzurra) et deux rencontres amicales (une victoire et un nul). La Roja caracole en tête de son groupe avec une Italie qui lui colle aux basques. Niveau résultats, c'est du propre. Mais on sait que de l'autre côté des Pyrénées, ça ne suffit pas toujours... En Espagne, beaucoup reprochaient à Vicente Del Bosque un manque d'innovation sur le plan tactique, ne misant que sur le traditionnel 4-3-3 malgré quelques tentatives de 4-4-2. Ceci rendait le jeu espagnol très prévisible et relativement simple à interpréter pour les joueurs adverses. Julen Lopetegui lui, semble aussi avoir fait du sacro-saint 4-3-3 son principal dispositif, mais n'hésite pas à innover et tenter de nouvelles approches en cours de match.

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De la maîtrise mais plus de verticalité

Ainsi, son 4-3-3 se transforme souvent en 4-1-4-1 en cours de rencontre. On l'a aussi vu tenter un 3-4-3 d'entrée face à l'Albanie par exemple. Un choix qui avait été particulièrement salué par la critique, sachant que ces dernières années, l'Espagne avait énormément de mal contre les équipes complètement regroupées dans leur surface, pas forcément au niveau des résultats mais surtout au niveau du jeu proposé et des difficultés posées par l'adversaire. Un jeu déployé qui est donc fidèle aux principes récents de la Roja, mais avec des retouches. La présence régulière de joueurs comme Vitolo, qui s'est rapidement imposé comme un cadre de l'équipe, ou de Koke, habitué au style de l'Atlético, a permis aux Espagnols d'être plus tranchants offensivement, parvenant à rejoindre la surface adverse en très peu de touches de balle avec un jeu de passe plus direct et des offensives qui passent régulièrement par les côtés.

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Le ballon transite toujours pendant un bon moment par l'entrejeu, où David Silva, Thiago & co se chargent de distribuer et de trouver des partenaires bien placés, mais est transmis très rapidement une fois arrivé dans les derniers mètres. Le fait que l'équipe exploite plus la largeur qu'avant est également un point positif en faveur de cette formation de Julen Lopetegui, l'excellent niveau des latéraux espagnols aidant beaucoup. On voit d'ailleurs bien plus de centres à destination de la surface que précédemment. Le jeu de position, à la base du système, est particulièrement efficace et même les joueurs moins habitués à ce style l'ont assimilé assez rapidement. Diego Costa en est probablement le meilleur exemple. Dès qu'un joueur est marqué par un ou deux rivaux, des solutions lui sont immédiatement offertes, ce qu'on ne voyait pas avant, où les joueurs avaient tendance à chercher du soutien en jouant en retrait. Le talent individuel des joueurs cités plus haut notamment permet de briser les lignes facilement, et les joueurs offensifs reçoivent bien plus de ballons exploitables qu'auparavant. Sur les séquences défensives, on note aussi le retour d'un pressing assez intense dès que le ballon est perdu.

Qui sont les nouveau patrons ?

Il est encore compliqué de dégager un véritable onze titulaire, tant l'effectif est garni et tant Lopetegui a utilisé des hommes différents lors de ses sept premières rencontres dirigées. On peut pour l'instant seulement dégager quelques titulaires indiscutables : David De Gea, Sergio Ramos, Gerard Piqué, Dani Carvajal, Sergio Busquets, David Silva et Andrés Iniesta, quand ce dernier est en conditions physiques optimales, ce qui est malheureusement assez peu fréquent ces derniers temps. Thiago Alcantara, encore brillant face à Israël, a de grandes chances de s'imposer comme le nouveau patron du milieu. Comme son prédécesseur, le Basque n'hésite pas à faire des rotations dans son groupe pour donner une chance à des joueurs étincelants en championnat. Íñigo Martínez, José Callejón, Iago Aspas ou Ander Herrera ont ainsi été appelés lors des derniers rassemblements, pendant que Gerard Deulofeu et Asier Illarramendi devraient faire leur début lors de cet amical, où Lopetegui risque de faire beaucoup tourner. Devant, c'est Diego Costa qui semble avoir les faveurs du sélectionneur, devant Alvaro Morata, pendant que Iago Aspas, meilleur buteur espagnol de la saison, est un atout précieux, capable de jouer sur le flanc droit ou seul en pointe.

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Et comme cité plus haut, c'est principalement sur sa capacité à intégrer la relève que Lopetegui était attendu au tournant. Une injection de sang neuf particulièrement réussie pour l'instant. Dans le groupe retenu pour affronter Israël et la France, on retrouve jusqu'à six joueurs qui faisaient partie de l'aventure de la Rojita en 2013 : David De Gea, Nacho, Koke, Isco, Thiago et Morata. S'ils avaient déjà été utilisés au préalable par Vicente Del Bosque, ils sont désormais des joueurs réguliers, qu'ils soient titulaires indiscutables ou remplaçants souvent utilisés. D'autres jeunes qui ne faisaient pas partie de cette belle épopée comme Sergio Rico ou Dani Carvajal sont également dans le groupe. La relève générationnelle est une réussite, les résultats et le jeu étant au-rendez vous, et Lopetegui semble même être porté sur l'intégration de la génération suivante puisqu'il a confié déjà avoir dans le viseur des joueurs comme Marco Asensio et Iñaki Williams. Cette équipe d'Espagne à la sauce Lopetegui a fière allure, Didier Deschamps pourra le constater ce mardi soir au Stade de France...

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