La Chine, actrice inattendue du mercato d'hiver

Par Alexis Pereira
4 min.
Jádson Rodrigues da Silva @Maxppp

Et si ce mercato d'hiver était placé sous le signe de la Chine ? Les écuries de Chinese Super League sortent les muscles ces derniers jours sur le marché des transferts.

Yaya Touré et Wayne Rooney, cadors de Premier League, font l'objet depuis plusieurs semaines d'un pressing intensif de la part de clubs chinois, et plus particulièrement du Shanghaï SIPG. La formation coachée par Sven-Göran Eriksson serait disposée à s'aligner sur les salaires des deux stars. Il y a peu, Dan Petrescu, entraîneur du Jiangsu Sainty, évoquait lui ouvertement la possibilité de tenter sa chance pour un certain Zlatan Ibrahimovic (34 ans). « J’ai parlé avec plusieurs grands joueurs. La direction veut Zlatan Ibrahimovic, mais je ne sais pas s’il viendra en Chine, je ne sais pas s’il a envie de jouer ici, ce serait génial », expliquait-il. On le voit, les formations chinoises sont donc prêtes à faire des folies. Pour l'heure, rares sont les stars du football européen dans la force de l'âge à céder à leurs avances. Mais, au Brésil par exemple, partir en Chine est devenu monnaie courante.

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Alors qu'ils privilégiaient l'Europe il y a quelques mois encore, les meilleurs joueurs du Brasileirão n'hésite pas à rejoindre les clubs de l'Empire du Milieu, contre des espèces sonnantes et trébuchantes. Jadson, l'un des meilleurs éléments du Corinthians champion du Brésil en 2015, a ainsi rejoint Tianjin Songjiang, club coaché par Vanderlei Luxemburgo évoluant en... L2 chinoise. Il pourrait bientôt être imité par Renato Augusto et Ralf, qui sont tombés d'accord avec le Beijin Guoan ; Gil, pisté par le Shandong Luneng ; ou Elias, pisté de près par Hebei China Fortune, promu en Super League. «Quand la Chine frappe à la porte, il y a beaucoup d'argent à la clé», a avoué l'international auriverde (31 sélections). Un son de cloche confirmé par Alain Gauci, agent français ayant notamment placé Brice Jovial et Jérémy Bokila en Chinese Super League. «C'est un marché assez particulier, qui peut et va être attractif. L’État est en train d'assainir le marché là-bas. Il met les moyens pour que le football se développe. Des membres chinois sont entrés au Comité Exécutif de la FIFA», nous a-t-il confié avant de poursuivre.

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Les Brésiliens succombent aux yuans

«Et quand les Chinois s'investissent, ils ne font pas les choses à moitié. Un joueur peut très bien gagner sa vie en Chine. Les clubs appartiennent le plus souvent à des entreprises, qui appartenaient auparavant à l’État. Il y a des clubs qui tiennent la route». D'autres pensionnaires de la Seleção ont d'ailleurs déjà franchi le pas, à l'image de Diego Tardelli (Shandong Luneng), Robinho (Guangzhou), Ricardo Goulart (Guangzhou) ou encore Paulinho (Guangzhou). Seuls Lucas Lima (Santos) et Alexandre Pato (Corinthians) semblent vouloir, pour l'instant, résister à cette nouvelle tendance. «Les Chinois contactent d'abord le joueur, le séduisent, et le club prend conscience de tout cela une demi-heure avant le départ du joueur. Les Chinois règlent le montant de la clause libératoire et le joueur part. Il n'y a aucun moyen de se protéger pour nous les clubs», a regretté Roberto de Andrade, président du Corinthians, relayé par O Globo. Il faut dire que, sportivement, le challenge n'est pas forcément à la hauteur des sommes offertes par les différentes franchises. «Le niveau du championnat progresse tous les ans, mais on est encore loin du niveau des top 5 européens», nous a expliqué Alain Gauci, précisant que les joueurs made in Ligue 1 étaient très prisés sur ce marché.

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«Les Français sont appréciés. Ils veulent un CV. Des bons joueurs de Ligue 1», nous a-t-il indiqué. L’Équipe expliquait récemment que l'attaquant des Girondins de Bordeaux Cheick Diabaté figurait sur les tablettes de nombreux clubs chinois. D'autres pensionnaires du championnat de France feront-ils l'objet de telles offensives dans les jours à venir ? Rien n'est à exclure. «Pour aller là-bas, il faut être sûr de soi. On vit bien en Chine, mais c'est une culture particulière, un mode de vie assez particulier», a toutegois précisé Alain Gauci, ajoutant que les Chinois cherchaient surtout des défenseurs centraux et des attaquants, réservant les postes de gardiens à leurs compatriotes. Il y a quelques années, les passages de Nicolas Anelka ou Didier Drogba au Shanghaï Shenhua ou de Guillaume Hoarau au Dalian Aerbin s'étaient soldés par des échecs relatifs. La Chine réussira-t-elle enfin à faire décoller son championnat local ? Elle met en tout cas tous les moyens de son côté pour y parvenir.

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